2011 : la faillite d’un système

, par Le Bureau national des Jeunes Européens - France

2011 : la faillite d'un système
Dessinateur : Frep http://www.crayondenuit.com/

Sommets à répétition, menaces de fin de l’euro, crise des dettes souveraines, rien n’aura été épargnée à l’Union européenne en cette année 2011. L’Europe vit plus que jamais dans une atmosphère de fin de règne, la plupart de ces indicateurs économiques sont en berne, elle n’est plus aujourd’hui considérée comme une valeur refuge et se débat dans une spirale qui l’entraine de plus en plus vers la paupérisation. La diffusion à travers le continent du mouvement des indignes en est un symbole fort.

Cette crise dure depuis maintenant deux ans, d’abord minimisée, nos responsables politiques ne mesurent toujours pas toute sa profondeur et sa gravité. Mais le mal est bien plus ancien. Cette crise est le résultat d’une décennie de non-choix politique pour l’Union, de stagnation dans l’intégration européenne ni vraiment fédérale, ni vraiment intergouvernementale. Elle est le retour de bâton du coup de frein de 2005, du refus de donner à l’Europe un cadre qui lui permette de protéger ses citoyens et de s’adapter au 21eme siècle.

Depuis deux ans, nous avons affaire à une mauvaise gestion de crise. Non pas que le couple franco-allemand moteur de la riposte européenne soit incompétent, non pas que la Commission européenne soit inutile. Ces instances font du mieux qu’elles peuvent avec leurs possibilités, et aujourd’hui ce n’est plus assez, le sommet de Bruxelles qui clôture l’année en est la preuve. Car c’est le système politique entier de l’Union qui est en cause, la crise est un révélateur, nous ne pouvons plus continuer ainsi.

En juillet dernier, les États avaient trouvé un accord plus réaliste en faveur de la Grèce, lui permettant d’emprunter à taux réduit et d’étaler le délai de son remboursement. Un embryon de solidarité européenne émergeait. Le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) se voyait confier la mission de soutenir les pays en difficulté et d’enrayer la contagion. La Banque Centrale européenne intervenait pour donner de l’air aux États du Sud en les aidant à se refinancer. Les investisseurs et les observateurs avaient bien réagi, une accalmie avait eu lieu car les solutions étaient de type fédéral, signe que cette voie a de l’avenir. Malheureusement et pour des raisons de politique intérieure et de sauvegarde de souveraineté, les États avaient refusé d’aller plus loin (le Fonds ayant des moyens trop limités, la BCE étant contrainte par traité de se maintenir dans un rôle de contrôle strict de l’inflation, la Commission n’ayant pas les moyens de faire converger les économies de la zone euro). La conséquence a été immédiate, l’Europe a rechuté.

Le tournant de cette année 2011 reste le sommet de la fin du mois d’octobre ou il a été décidé que la Grèce ferait défaut. Car il s’agit bien d’un défaut, maquillé par les termes de ‘défaut partiel’ ou ‘défaut volontaire’ mais défaut tout de même. A partir de ce moment, c’est la crédibilité entière de l’Union qui a été remise en cause. Si l’Europe laisse faire défaut l’un de ses membres, c’est le principe même de solidarité qui s’écroule. Cette décision déraisonnable influencée par l’intérêt d’Etat pris de manière individuelle et pas dans l’intérêt collectif a encore aggravé la crise. Malgré des débuts de solutions fédérales entrevues en juillet, l’Europe reculait et revenait à une stratégie basée sur des conflits d’intérêts étatiques.

Le recul du fédéralisme

L’accord de décembre a marqué un nouveau recul de la solution fédérale. En scellant par un accord inter-gouvernemental, immédiatement décrié par les investisseurs, un compromis mou, les États préparent l’Union à une année 2012 très difficile. La maitrise des déficits n’est toujours pas assurée, la convergence des économies européennes encore moins, mais surtout la défaillance globale du système est ignorée.

La crise met l’Europe inter-gouvernementale face à ses incohérences. La prise de décision y est très lente dans un monde où il faut réagir vite. Le manque de solidarité y est criant alors qu’il faudrait faire bloc. Notre économie est intégrée dans un marché commun mais aucune politique globale, ni aucun budget européen conséquent ne vient lui apporter de cadre. Enfin et surtout, le Parlement européen est étrangement absent du tableau.

L’Union ressemble à un navire sans capitaine, mais n’a aujourd’hui pas les moyens de s’en doter. Les États-Unis, pourtant endettés résistent à la crise car il dispose d’une structure fédérale forte, il ne tient qu’à nous de nous en donner une. Nous sommes à la fin de cette année 2011 face à un choix crucial, continuer dans une stratégie qui échoue depuis dix ans de compromis de court terme ou déclencher un changement ambitieux à la hauteur de nos difficultés. Nos dirigeants ont choisi la première option.

C’est pourquoi nous devons agir pour une Europe fédérale. Il est important de continuer à nous mobiliser pour que cette solution puisse voir le jour et ne soit pas sacrifiée sur l’autel des égoïsmes nationaux. C’est en nous manifestant et en donnant de la voix que nous montrerons aux dirigeants que nous ne sommes pas une poignée d’utopistes et que les citoyens désireux d’une Europe plus intégrée sont nombreux, et avides de ce changement.

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