1/ Faire des débats moins longs et moins décousus
Beauté de la démocratie européenne, lors d’un débat, beaucoup d’eurodéputés s’expriment, même ceux des petits groupes politiques. Cependant, les débats sont ennuyeux car beaucoup trop longs.
Par exemple, à chaque début de présidence tournante, le dirigeant national vient au Parlement européen, fait un discours-programme et écoute patiemment pendant au moins deux heures : le président de la Commission, les chefs de groupes politiques, les eurodéputés ayant demandé à poser une question en temps et en heure... ainsi que les eurodéputés ayant levé un « carton bleu » pour pouvoir interpeller l’eurodéputé qui vient de s’exprimer, ainsi que la réponse de l’eurodéputé interpellé... Puis un deuxième tour des chefs de groupes politiques, etc. Autant dire, que le dirigeant national se sera ennuyé et fera un discours final sans répondre réellement à tous les eurodéputés qui se sont exprimés.
Le tout pour un débat portant non pas sur un texte précis mais sur un programme de travail portant sur six mois. Même s’il est bien qu’il y ait ainsi un échange en public entre Conseil et Parlement européen, c’est inintéressant.
2/ Ne plus voter à la suite des textes qui n’ont rien à voir
C’est souvent le moment fort de la visite au Parlement européen pour les citoyens : l’arrivée à midi en haut de l’hémicycle bleu pour voir les eurodéputés voter. C’est impressionnant et donne la chair de poule de voir en direct des textes allant influer sur nos vies être votés. Cependant, il n’y a aucun débat. On voit juste les eurodéputés lever la main régulièrement dans un balai très organisé. Mais c’est tout.
Les textes sont à peine annoncés, et surtout, on peut passer de la reconnaissance de la Palestine à un vote sur l’autorisation ou non des OGM, puis un nouveau vote sur le transfert des informations sur les passagers aériens... Le tout entre-coupé de vote sur les amendements sans explication.
Au final, les eurodéputés entrent en séance avec une liste préparée par leur assistant et suivent le vote comme des automates. Même les textes avec un fort enjeu politique où le résultat n’est pas sûr à l’avance perdent tout relief, puisque tout de suite on enchaîne sur un texte qui n’a rien à voir.
3/ Lier débats et votes
Un cas récent est emblématique : le vote sur la motion de censure contre Jean-Claude Juncker fin 2014. Le débat avait lieu un mardi. L’enjeu était important, même si nous savions à l’avance que les grands groupes parlementaires allait rejeter cette motion. Mais politiquement, c’était fort : les Anglais du UKIP faisaient alliance pour la première fois avec les Français du FN et montraient ainsi qu’ils étaient en réalité d’accord sur le fond. Les Verts allaient-ils s’abstenir ou voter contre cette motion ? Quel comportement la GUE (Gauche de la Gauche) allait-elle avoir alors qu’il est impensable pour elle de soutenir un texte venant de l’extrême-droite, même si elle avait promis de lancer une telle motion de censure quelque jours plus tôt ?
On a eu un débat et puis... rien. Le vote a eu lieu deux jours après, au milieu d’autres textes le jeudi dans la session de vote du midi, comme si de rien n’était. Imagine-t-on la même chose en France, au Royaume-Uni ou en Pologne ? Non. Au-delà des pressions pouvant avoir lieu entre le débat et le vote, ce processus est illisible. Du reste les médias n’en ont pratiquement pas parlé dans les différents pays : 1/ le débat était clair mais n’avait pas de conséquences puisque pas de vote ; 2/ le vote n’était plus une information en tant que telle puisque cela faisait deux jours qu’on savait que la Commission ne tomberait pas.
4/ Obliger les eurodéputés qui s’expriment à rester jusqu’à la fin du débat
Toujours lors du débat sur la motion de censure contre Jean-Claude Juncker, l’Anglais Nigel Farage a encore réalisé une sortie tonitruante. Mais quand Jean-Claude Juncker a enfin récupéré la parole (voir point 1), le Britannique était parti ! Il se moquait bien de la réponse du président de la Commission : filmée par le Parlement européen, son intervention était quelques heures plus tard publiée sur sa chaîne youtube et faisait le buzz dans les réseaux eurosceptiques européens. Objectif atteint pour lui, pas besoin de rester à écouter les autres.
Cela doit être frustrant au plus au point pour les commissaires. Ils restent là pendant tout le débat, assis et interpellés de toute part. Quand ils peuvent enfin répondre, l’hémicycle est quasiment vide ! Certains eurodéputés présents rédigent même leur note de blogs ou répondent à leurs mails et considèrent l’hémicycle comme un bureau plus agréable que celui qui leur est réservé dans les étages.
La moindre des choses serait que les eurodéputés qui s’expriment restent jusqu’au bout des débats pour permettre à la Commission de vraiment leur répondre. Cela éviterait aussi le tourisme de certains eurodéputés ne venant au débat que pour poster sur leur blog une photo d’eux au micro comme s’ils étaient des eurodéputés importants et efficaces. Le tout alors qu’ils ont passé parfois moins de 5 minutes dans l’hémicycle !
5/ Avoir une retransmission d’au moins un débat sur les chaînes de télévision publiques nationales
Le travail parlementaire national n’est pas beaucoup mieux que celui au niveau européen. Dans tous les pays, nombreux sont ceux se plaignant de voir des textes adoptés au milieu de la nuit, par quelques députés à peine.
En France, beaucoup de députés ne sont réellement présents à l’Assemblée nationale que pour les « questions au gouvernement », le mercredi en début d’après-midi. Ils ne le font que parce que c’est diffusé en direct à la télévision. C’est un peu la guerre pour obtenir le droit de poser une question au gouvernement à ce moment-là. C’est aussi du théâtre, puisque dès la retransmission terminée, beaucoup désertent les bancs pour des réunions en commission, des rendez-vous politiques ou essayer de grappiller une interview auprès d’un journaliste attendant à la sortie.
Le Parlement européen doit obtenir un débat diffusé à la télévision chaque semaine ou au moins à chaque session plénière. Les eurodéputés s’organiseraient pour être présents à ce moment-là, même le plus anti-européens. Cela créerait le moment fort de la session. Le cercle vertueux médiatique s’enclencherait alors : les médias sauraient quel moment suivre en particulier, il y aurait des retombées médiatiques, les citoyens s’y intéresseraient plus, les médias auraient plus envie de suivre, etc.
Surtout, petit à petit, des figures médiatiques émergeraient de ce Parlement européen où seuls les spécialistes connaissent pour l’instant Martin Schulz, Guy Verhofstadt, Gianni Pittella ou Manfred Weber.
Alors on change tout ça quand ?
1. Le 20 janvier 2015 à 05:56, par Alain En réponse à : 5 choses à changer pour les sessions plénières du Parlement européen
Ne nous faisons pas d’illusion, ce n’est pas différent des parlements nationaux. Dans tous les parlements les débats sont totalement inutiles puisque in fine les parlementaires votent comme leurs partis l’ont décidé bien avant le débat. On supprimerait les députés pour ne garder que les chefs de groupe avec autant de voix que de sièges obtenus, le résultat serait identique et cette comédie bien moins coûteuse (même pas besoin d’hémicycle, tout pourrait se faire par voie électronique)
2. Le 20 janvier 2015 à 14:07, par Cédric En réponse à : 5 choses à changer pour les sessions plénières du Parlement européen
Et pourquoi ne pas rendre la présence aux séances obligatoire ?
Je vous assure que si on me donnait 6 200€ net par mois, je ferais un effort pour au moins venir au travail ! Et c’est pareil dans les parlements nationaux. Tous ces gens sont censé nous représenter, ce sont nos impôts qui les paient.
Certes ils perdent une partie des primes quand ils ne sont pas présent une journée, mais il leur suffit de venir 5 petites minutes, puis de repartir, et le tour est joué. C’est quand même bien dommage !
3. Le 24 janvier 2015 à 03:53, par tnemessiacne En réponse à : 5 choses à changer pour les sessions plénières du Parlement européen
@ Cédric
"Et pourquoi ne pas rendre la présence aux séances obligatoire ?
Je vous assure que si on me donnait 6 200€ net par mois, je ferais un effort pour au moins venir au travail ! Et c’est pareil dans les parlements nationaux. Tous ces gens sont censé nous représenter, ce sont nos impôts qui les paient.
Certes ils perdent une partie des primes quand ils ne sont pas présent une journée, mais il leur suffit de venir 5 petites minutes, puis de repartir, et le tour est joué. C’est quand même bien dommage !« Je suis d’accord, moi sur cette question je me disais bon vu le niveau politique écouter ce qui se dit est un sacrilège ou une honte à la raison qui fait des dommages. Mais je me suis dit si des hommes politiques sont un tant soit peu intelligent ils n’ont qu’a parler entre eux pour ne pas subir ces soliloques destruteurs. Mais on répondra qu’il faut du respect et donc là on a les images des assemblées où les tribuns imposent le respect. Mais la question sociologique est, nous avons des hommes politiques de »métier" donc on peut se dire que le salaire n’est pas aussi allechant pour attirer les meilleurs mais les meilleurs dans l’organisation cherchent à se venger.
Donc comment réformer la politique la base de tout. Les médias. C’est à ce dire si c’est pas fomenter. La plus part des citoyens ont un bon fond mais en Europe pour bien coller au sujet il y une culture du vice. Est ce que le marketing, qui joue sur le vice est délibéré ou un calque pour faire toujours plus de profits et de dommages ?
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