Être une femme n’est pas partout dans le monde un statut enviable. On continue à pratiquer la sélection dans les naissances en Inde ou en Chine. Les petites filles qui réussissent à naître en Chine peuvent d’un coup disparaître et rejoindre les réseaux cachés de proxénétisme car leur parents ne peuvent « simplement » pas les assumer ni du point de vue économique ni du point de vue sociétal.
De même en Europe, si le statut des femmes se transforme, il ne va pas forcément dans le bon sens de tous les points de vue. On le voit dans les publicités où la femme d’intérieur des années 1950 est remplacée par les femmes sexy (porno-chic diront certains) et ultra-maigre dans un environnement d’exigence au travail comme à la maison. Les femmes doivent être tout à la fois et en plus tout réussir. Les couvertures des magazines féminins sont parlantes. Elles ont souvent pour titre le poids à atteindre pour être belle, la réussite dans la recherche du bonheur, comment tout assumer tout en étant la meilleure, etc.
Il est même de bon ton aujourd’hui de critiquer la journée de la femme. Des prétendus non-machistes expliquent que cela devrait être tous les jours... A les entendre, la question du combat pour les droits des femmes serait une histoire passée. C’est un piège grossier dans lequel nous ne devons pas tomber.
Une journée internationale née... en Europe
Faisons un peu d’histoire pour comprendre pourquoi avons-nous une journée internationale de la femme le 8 mars. C’est une journée internationale de « luttes ». Elle trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XXe siècle en Europe et aux États-Unis qui réclamaient de meilleures conditions de travail et le droit de vote. C’est en 1910 qu’est adoptée le principe d’une telle journée d’action sur proposition de la journaliste allemande, Clara Zetkin. Le but est de soutenir de manière annuelle la lutte pour le droit de vote des femmes. L’idée séduit un million de femmes qui manifestent en Europe en 1911. Il faudra attendre 1977 pour que l’ONU officialise cette journée alors que l’Union soviétique de Lénine la reconnaissait dès 1921. En France, c’est sous le ministère d’Yvette Roudy en 1982 que cette journée est institutionnalisée. La Belgique a émis une pièce de 2€ dédiée au centenaire de cette journée en 2011.
L’égalité dans les droits des femmes et des hommes en Europe est encore à réaliser dans les faits. Le retard accumulé dans les derniers siècles ne pouvait pas être rattrapé d’un coup de baguette magique. Il est ainsi très compliqué aujourd’hui encore d’adopter une réglementation sur le nombre de femmes minimum à avoir au sein des conseils d’administration des entreprises.
Le principe de l’égalité hommes-femmes est pourtant l’un des principes fondateurs de l’Union européenne. Inscrit dès 1957 dans le préambule du Traité de Rome, l’Union européenne participe activement à la promotion de ce principe. La législation française est souvent changée pour lutter contre les discriminations du fait d’une directive ou d’un règlement européen.
De nombreux combats restent à mener. Notamment sur les postes de pouvoir. Ainsi la dernière Commission de Jean-Claude Juncker a peu de femmes en son sein. Le président de l’exécutif européen s’en est d’ailleurs plaint au moment de l’investiture de la Commission devant le Parlement européen. Il a du se résigner à prendre les candidats proposés par les Etats malgré des promesses de porte-feuilles importants à la clé en cas de femme désignée.
Tant que la Commission ne sera pas un vrai gouvernement européen avec des commissaires non-désignés par les Etats mais par le président de la Commission européenne lui-même, cela en restera ainsi. Ce rapport de forces lié à l’intergouvernementalisme est en défaveur des femmes et empêche toute politique volontariste sur le sujet : l’intérêt « national » passera toujours avant toute considération pour contrecarrer la domination des hommes quant aux nominations.
Oui, le 8 mars promet malheureusement encore pour longtemps d’être une journée de combats pour les droits des femmes, et donc de l’être humain dans sa globalité.
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