Présidence de l’Union / Second semestre 2006

Avec la Finlande, l’Europe ne perdra pas le nord

Quand les confins de l’Europe passent au centre des regards...

, par Sandra Fernandes

Avec la Finlande, l'Europe ne perdra pas le nord

Depuis quelques jours [1], c’est à la Finlande d’exercer la présidence semestrielle de l’Union Européenne.

Cette présidence de l’UE ayant la particularité de changer tous les six mois, les Européens ont donc l’occasion de se familiariser tant bien que mal avec les peuples européens qui les entourent, et dont les gouvernements prennent chacun à leur tour les rènes de l’ensemble du continent.

En ce mois de juillet 2006, l’attention des Européens se tournera vers ce pays inexploré du nord de l’Europe.

Que connaît-on des Finlandais ? A priori pas grand chose.

Mais alors que les confins de l’Europe du nord sont sur le point de devenir le centre des regards, pourtant force est de constater qu’il s’agit là d’un pays plutôt méconnu des Européens, néanmoins perçu de manière assez positive.

De la Finlande nous retenons des noms, des idées, des images insolites et folkloriques : le père noël en Laponie, les ours polaires, les fjords, les forêts à perte de vue mais aussi les téléphones Nokia, l’architecture d’Alvar Aalto, la musique de Jean Sibélius et les fabuleux films des frères Kaurismaki, peut être.

Malgré notre connaissance superficielle de la Finlande, elle invoque tout de même un pays discret, très doué, à la pointe de l’innovation, attaché aux principes de démocratie et d’état de droit, dévoué au développement durable, à l’environnement, à l’éducation et à la recherche ; thématiques essentielles que la Finlande saura plus que personne faire valoir lors de sa présidence.

Mieux découvrir l’une des multiples facettes de l’européanité...

Pourtant, s’intéresser à la Finlande, c’est avoir de la curiosité envers une autre vision de l’Europe et du monde. C’est percevoir une des multiples facettes que revêt l’européanité. C’est se rendre compte de la diversité, dans tous les sens du terme, qui caractérise l’Europe.

la Finlande en hiver

Les Finlandais vous répondront qu’être finlandais, c’est voir l’Europe d’une autre perspective, d’un autre angle, de l’angle de la périphérie, des confins. C’est vivre les choses différemment du centre, mais ô combien significatives et essentielles.

Voir et comprendre l’angle de vue d’un Finlandais, c’est réaliser la différence entre la vie, loin d’être tranquille, dans les confins et le bouillonnement du centre de l’Europe. En d’autres termes, la vie entre un portugais, un polonais et un français ou un allemand. L’éloignement géographique de la Finlande ne devrait en rien désavouer son importance au sein du continent. Etre loin du centre implique un imaginaire collectif différent mais ne remet pas en question l’appartenance à une communauté de valeurs.

La Finlande offre certes une identité énigmatique aux yeux du reste de l’Europe, mais les Finlandais ont pourtant vite compris leur différence avec leur grand voisin russe, et ont su le défier et s’inscrire dans la communauté de destin européenne. Garante du traité de Schengen au nord de l’Europe, la Finlande est plus que concernée par la question des frontières et celle de l’élargissement. Incarnant une nation isolée dans les confins, n’ayant pas vécu l’histoire européenne vue du centre, elle se fait le porte parole des pays limitrophes souhaitant adhérer à l’UE et joue le rôle essentiel de médiateur avec le reste du monde, parce que la périphérie aussi sait donner des leçons et en a tiré de son histoire.

Une Finlande mystérieuse et avant-gardiste

La Finlande n’est donc pas méconnue, elle est tout simplement mystérieuse.

la Finlande en été

Dotée d’une langue aux origines encore obscures, aux racines finno-ougriennes, associant de façon lointaine le finnois à l’estonien et au hongrois, la Finlande est souvent confondue avec ses voisins scandinaves. Cela étant dû à des siècles de domination suédoise et danoise, de qui elle a su se détacher et affirmer sa propre identité nationale, sans pour autant oublier le rôle de la couronne suédoise qui a fait inscrire dès le XIIème siècle le destin finlandais dans le destin européen.

Le Kalevala, l’ouvrage le plus connu en Finlande relatant l’épopée historique finlandaise, révèle une européanité détachée, imprégnée des influences d’ailleurs et dévoile ses amitiés explosives avec ses voisins frontaliers, revenant sur les batailles menées pour la liberté de cette « petite » nation comprimée entre deux géants.

Aujourd’hui la Finlande est avant-gardiste dans bien des domaines dont on évoquera ici le design, l’architecture, l’environnement et aussi le grand intérêt et la haute confiance attribués aux femmes dont l’exemple le plus flagrant concerne la présidence de la Finlande qui a été confiée une deuxième fois en janvier dernier à une présidente, Mme Tarja Halonen.

Le centre de l’Europe ne devrait-il pas plus se tourner vers la périphérie ? Au lieu de cela, force est de constater qu’aujourd’hui, grâce à l’UE, les confins osent prendre les devants.

- Illustrations :

 Le logo d’ouverture de cet article est la reproduction de la couverture d’un livret patriotique consacré à « Maamme » (i.e : ’’Notre pays’’), l’hymne national finlandais.

 Toutes les autres illustrations utilisées dans cet article sont tirées de l’encyclopédie en ligne wikipédia.

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Portfolio

Notes

[1Nb : Document initialement publié le 3 juillet dernier, en ouverture de la présidence finlandaise...

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