Berlusconi, c’est fini

, par Antonio Longo, Traduit par Mathieu Goethals

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Berlusconi, c'est fini
Berlusconi au sommet européen de mars 2012 - source : Wikipedia - European People’s Party (CC)

La condamnation définitive pour fraude fiscale de Silvio Berlusconi met un terme aux vingt années qu’aura duré l’ère politique marquée par la présence du Cavaliere. Bien sûr, les commentateurs politiques continueront de « jouer » avec le personnage et émettront l’éventualité d’un retour sur la scène politique de l’intéressé, agitant ainsi le chiffon rouge d’une guerre sans merci. Ceux dont il s’agit là du fantasme omettent toutefois deux éléments.

Tout d’abord, la sentence définitive interdit à Berlusconi de briguer un nouveau mandat public. Le centre droit italien devra donc obligatoirement se trouver un autre leader, qui puisse rivaliser avec le centre gauche et soit efficace sur le terrain. Ainsi, le rôle du Cavaliere s’éclipsera (lentement, mais inexorablement).

Deuxièmement, après cette éclipse politique, le centre droit pourra entreprendre une restructuration qui devra donner naissance à une formation européenne et non plus nationale-populiste. Les prochaines élections européennes, en mai 2014, qui verront sans doute s’opposer des candidats européens du PPE et du PSE à la présidence de la Commission, exigeront une solution de ce genre. Le centre droit se verra dans l’obligation, bon gré mal gré, de tuer définitivement le Berlusconisme des vingt dernières années.

La guerre est finie, et Berlusconi l’a perdue. Les parallèles historiques permettent, toutes proportions gardées, de comprendre l’ampleur des événements. En juillet 1943, Mussolini est défenestré après le débarquement des Anglais et des Américains en Sicile parce qu’une puissance plus forte était entrée en Italie. En novembre 2011, Berlusconi est défenestré parce qu’une puissance plus forte ne peut plus tolérer que l’Italie fasse plonger toute la zone euro dans la crise. Après près de deux ans, la sentence de la Cour de cassation confirme la défaite définitive de Berlusconi, une sorte de « 25 avril » qui conclut une fois de plus le règne d’un personnage qui a cherché à faire plier les intérêts nationaux à sa propre soif de pouvoir.

Si Berlusconi a perdu, le Berlusconisme, lui, n’est pas mort pour autant. Ce dernier s’exprime par le biais d’un bloc social hétérogène composé d’entrepreneurs, de professionnels et d’indépendants jouissant de privilèges fiscaux, mais également d’une « clientèle locale liée à l’augmentation des dépenses publiques, domaine dans lequel la politique et l’escroquerie s’allient souvent en Italie » (cf cet article).

Le gouvernement Monti, par sa politique d’austérité, avait commencé à s’attaquer à ce bloc social. Mais cette politique exige du temps et, surtout, une solution européenne au développement. Les PME, jouissant d’une monnaie forte et protégées pendant des décennies par ceux qui fermaient l’œil sur l’évasion fiscale, ne pourront affronter de nouveaux interlocuteurs politiques que si un processus de développement concret qui leur permet de rester présentes sur les marchés interne et international est mis en marche. Jusqu’à présent, rien ne laisse entrevoir ce développement, ce qui explique la persistance du Berlusconisme dans d’importantes strates de la société italienne et le regain de popularité de la formation du Cavaliere lors des dernières élections.

Le problème du développement économique est directement lié à sa dimension européenne. L’économie italienne ne pourra reprendre que si un sérieux « programme européen de développement » est mis en marche, qui soit capable d’encourager les investissements dans la recherche et le développement, dans les grandes infrastructures, dans les réseaux d’énergie et de télécommunications européens, dans l’environnement et dans l’éducation supérieure. Pour ce faire, la naissance d’entreprises vivant grâce au développement du marché européen est nécessaire, des entreprises compétitives sur le plan international, affranchies de la dette publique nationale.

Silvio Berlusconi parti, il faut désormais une grande politique européenne de développement qui permette de dépasser la frange de la société qui l’a soutenu pendant ces vingt années. Il faut donc moderniser le pays et l’inscrire dans une société européenne avancée qui fait de l’économie (et des connaissances) l’axe principal de son développement. Un plan européen pour le développement est donc nécessaire pour unir relance économique et réforme de la société italienne. C’est, en d’autres termes, la condition nécessaire à la refonte de ses strates sociales. Pour changer l’Italie et réformer l’Europe, les fédéralistes proposent une contribution concrète, l’initiative citoyenne européenne en faveur d’un « Plan européen extraordinaire de développement durable et pour l’emploi ».

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