Carton rouge à Vaclav Klaus, président tchèque eurosceptique

, par Ronan Blaise

Carton rouge à Vaclav Klaus, président tchèque eurosceptique

Nous inaugurons ici le volet « international » de notre rubrique « carton rouge » par un carton du même bois (et de la même couleur...) décerné avec enthousiasme et avec conviction à... Vaclav Klaus, actuel président de la République tchèque : eurosceptique affirmé, patenté et revendiqué.

Les propos incriminés datent certes de la mi-juillet dernier [1] et ne surprendront certes pas dans la bouche de la personne ici visée, personnage fort coutumier du fait.

Mais celui-ci n’ayant guère démenti ses propos depuis lors (et comme il semblerait que ce soit même plutôt le contraire...) nous pensons que notre carton reste d’actualité et se justifie toujours, aujourd’hui, tout autant que cela aurait très bien pû être le cas de par le passé (passé récent, cependant...).

Et cela d’autant plus que des propos récemment tenus par son homologue président de la république et voisin slovaque, Ivan Gasparovic, font depuis quelques jours singulièrement échos aux propos alors tenus par M. Klaus.

En effet, le 17 juillet dernier, le président tchèque Vaclav Klaus, faisait paraître dans le quotidien praguois « Lidové Noviny » [2] une tribune libre dans laquelle il exprimait quelle était sa « vision » de l’Europe (et quant à sa future orientation pour les années à venir...).

Et il ne nous semble donc pas complètement inintéressant de vous exposer ici -pour information- quelles sont donc les « convictions » « européennes » de l’actuel successeur de Vaclav Havel à la tête de la Tchéquie.

Car, comme on va le voir ici, les Vaclav se suivent mais ne se ressemblent pas : ici, à l’Eurofervent d’autrefois (qui revendiquait avec passion, pour sa chère République tchèque, une place au soleil et au coeur de l’Europe enfin réunifiée...) a bel et bien succédé un eurosceptique sans complexe aucun...

Puisqu’en guise de « convictions », ce sont en fait surtout des souhaits de « transformations » qu’exprime ainsi l’actuel président de la République tchèque : une façon de donner suite, comme il le soulignait lui-même, « à l’appel lancé à la mi-juin, à Bruxelles, par le Conseil européen », puisqu’estimant lui-même que l’Union européenne se trouve, aujourd’hui, dans une phase où elle a impérativement besoin de « changements ».

Mais reste à savoir lesquels... (et s’ils vont dans le bon sens...).

- de l’Union européenne à l’Organisation des Etats européens :

Dans un premier temps, il s’agirait de débaptiser l’« Union européenne » (UE) pour la transformer en une « Organisation des États européens » (OEE).

Et l’on comprendra ainsi, avec l’abandon manifeste d’un mot chargé de sens politique véritable et porteur d’un véritable projet politique (« union ») au profit d’un terme beaucoup plus neutre et plus vague (« organisation ») (et pourquoi pas « association » ?!) qu’il s’agit bien là d’abandonner tout projet d’une union politique européenne un temps soit peu supranationale.

- la Nation, horizon indépassable :

En effet, Klaus exprime ici clairement le « postulat » comme quoi il existerait donc un principe civique « supérieur » à tout autre, « lié à la loyauté naturelle des gens envers leur nation » et lié « au sentiment élémentaire de l’identité nationale ».

Ne nous y trompons pas : c’est là un nouvel éloge de la Nation comme seul et unique horizon politique indépassable, le Président Klaus ne s’étant jusque là guère privé de proclamer que l’existence d’un éventuel « demos » européen n’était qu’une vue de l’esprit : anti-historique, illégitime, inconcevable (et à combattre en tant que telle).

De même, on relèvera le caractère très fortement idéologique de l’intervention du président Klaus : notamment quand il élève ainsi le « sentiment identitaire d’identité nationale » à une dimension spirituelle intemporelle et supérieure, sans tenir compte le moindre du monde qu’il s’agisse là en fait, historiquement parlant, plus d’une construction politique et idéologique qu’autre chose...

Ne nous y trompons pas non plus, de cette conception du monde au discours nationaliste exclusif, il n’y a qu’un pas. Et l’Histoire encore récente prouve que ce pas néfaste, aux conséquences souvent dramatiques et mortifères, est trop vite et trop souvent vite franchi.

Et n’oublions pas d’où vient la réflexion philosophique qui a présidé à la naissance du courant de pensée fédéraliste : du refus de la fragmentation du genre humain en tribus, peuplades, peuples, nations, États et États-nations se conduisant les uns envers les autres comme tout autant de « troupeaux grégaires » se posant en éternels rivaux d’autres troupeaux tout aussi grégaires, tout aussi exclusifs et tout aussi excluants que les premiers.

Or, en louant ainsi la « loyauté naturelle des gens envers leur (seule) nation », le président Klaus ne renforce-t-il pas cette fameuse « fragmentation » de l’Humanité en « troupeaux » se posant ainsi en rivaux les uns des autres ?!

- Dire adieu à l’Europe supranationale :

C’est donc fort logiquement que Klaus, pourfendeur de tout sorte d’ « idéologie européenne unifiée » (sic) formule ainsi clairement sa volonté de « s’opposer à toutes tendances d’unification, d’harmonisation et de centralisation européennes » (selon lui, à exclure...), ainsi qu’à « tout éventuel projet de création d’un État européen » (projet politique dont l’abandon serait donc, d’après lui, « de rigueur »...).

Et on notera, au passage, la malhonnêteté intellectuelle qui consiste, de la part de Klaus, à jeter l’opprobre sur les partisans de l’unité européenne (qu’ils soient fédéralistes, ou pas...) en leur attribuant des pensées et en leur prêtant des objectifs que toute personne bien informée sur ces questions devrait parfaitement savoir qu’ils ne portent et ne partagent pas.

Ainsi on retrouve la peur fantasmagorique de la création de quelque « super-État » européen ainsi que le « fantasme » de quelque éventuelle « centralisation » tant redoutée.

Ainsi, souvent, le discours nationaliste se nourrit encore et toujours de l’ignorance totale de ce que sont véritablement les thèses fédéralistes. C’est déjà le cas en France, et s’en est -visiblement- exactement de même en Tchéquie.

- Éloge de l’inter-gouvernemental :

Ainsi, la future OEE -stricte organisation d’États souverains- ne comprendrait donc plus que les seuls États européens, et non plus du tout leurs citoyens (comme le stipulent pourtant les Traités européens depuis au moins 1992).

Le projet « Klaus » est donc ni plus ni moins qu’un projet qui détricoterait une partie de l’actuel Droit communautaire ainsi qu’un recul sans précédant dans la construction européenne : on en reviendrait ici à une gestion des relations internationales en Europe déclinées sur le seul mode intergouvernemental.

Or chacun sait que si des procédures supranationales et démocratiques ont été précisément mises en place lors de la construction communautaire européenne (par l’élection d’un Parlement européen au suffrage universel, par exemple...), c’est précisément pour permettre aux citoyens et aux peuples d’Europe de nuancer et de mieux contrôler (démocratiquement) les rapports souvent conflictuels existants malheureusement entre leurs États.

- Supprimer la Citoyenneté européenne :

L’UE (Union d’États et de Citoyens) serait ainsi transformée en OEE (une stricte organisation d’Etats souverains), Klaus affirmant donc qu’il faudra donc tôt ou tard se débarrasser de termes (NDLR : de choses ?) comme la « Citoyenneté européenne ».

Et les États européens se retrouveraient-ils donc, seuls face à face, les uns en face des autres à nourrir, comme jadis, leurs vieux « rapports de force » rances et à se regarder en chiens de faïence, comme autrefois, au détriment même de leurs propres populations ?!... (Charmante perspective...).

- Renoncer à tout projet de Constitution européenne en tant que projet politique intégrateur :

Puisque -last but not least- si Klaus concède que l’Europe puisse être éventuellement dotée, dans le futur, d’un « document constitutionnel », ce devrait précisément être pour poser de strictes limites « raisonnables » à toutes éventuelles velléités intégrationnistes.

Et ce, par la rédaction d’un document qu’on pourrait très bien appeler « Constitution » (histoire, de son aveu même, de « jeter un os à ronger » aux éventuels fédéralistes...) mais qui aurait pour principale raison d’être de poser de très strictes limites à tout éventuel processus d’intégration européenne.

Étrange « conversion » pour un président Klaus qui, jusque là, ne s’était pourtant guère caché pour proclamer que tout projet de Constitution européenne était une idée diabolique mise en place par des technocrates apatrides pour enfermer les nations libres d’Europe dans quelque nouvelle structure bureaucratique oppressive : une idée ne menant nulle part, ne servant absolument à rien, dont l’Europe n’avait décidément pas besoin et dont on pouvait fort bien se passer...

Tel est donc le projet politique « européen » de Vaclav Klaus : un projet politique qui -il le dit lui-même- supprimerait donc ainsi une partie importante de tout ce « qui a été réalisé au cours des vingt dernières années ».

À l’écouter, l’idéal serait donc ainsi qu’il n’y ait bientôt plus du tout d’Union européenne, plus du tout de Citoyenneté européenne, pas de Constitution, des politiques communes gérées dans un cadre strictement intergouvernemental et surtout pas de projet politique européen un temps soit peu intégrateur.

Resterait donc principalement l’Europe des États et des Nations (et le marché...).

Or, l’Europe des États et des Nations, on a déjà très bien vu de par le passé - ne serait-ce qu’aux XIXème et XXème siècles- ce que cela pouvait bien donner. Et bien, en deux mots comme en cent : non merci.

Sources : un article rédigé à la suite de la parution d’une dépêche d’Alena Gebertova, le 18 juillet 2005, sur le site internet de « Radio Prague international ».

Photo : Commission européenne

Notes

[1Juste préciser que cette tribune libre a été publiée la veille même de la distribution officielle en République tchèque, à titre gratuit, d’environ 50 000 exemplaires de la version tchèque du Traité constitutionnel européen.

Il s’agissait-là d’une toute première démarche gouvernementale s’inscrivant dans une campagne d’information sur le sujet, afin d’organiser dans la société tchèque un véritable débat sur les questions européennes...

Or il n’échappera pas à nos lecteurs attentifs que la République tchèque vit actuellement dans un régime de cohabitation où l’actuel président de la République Vaclav Klaus (qui, comme on vient de le voir, est un National-conservateur ouvertement eurosceptique, Candidat à sa propre succession...) est aujourd’hui en rivalité avec Jiri Paroubek, son propre Premier ministre (social démocrate) lui aussi candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle tchèque.

Rival politique qui s’empressa, dans les jours suivants immédiatement la parution de cette « tribune libre », de demander l’organisation d’un débat public télévisé avec son adversaire-président sur ces seules thématiques européennes.

De là à imaginer que le débat européen puisse ainsi être détourné à des fins personnelles ou intrumentalisé par des formations ou par des individualités en quête de pouvoir, il n’y a qu’un pas.

Un pas vite franchit... (Comme on l’a bien vu chez nous, par ailleurs et dans des circonstances similaires...).

[2Une tribune libre publiée dans Lidové Noviny [www.lidovky.centrum.cz] (le « Journal populaire ») : quotidien tchèque de Prague de tendance libérale (mais indépendant) et de lectorat « intellectualisant » ; deuxième journal du pays de par son tirage et de par sa diffusion (72 000 exemplaires quotidiens).

Vos commentaires
  • Le 4 juillet 2008 à 11:53, par Antigone En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    Vaclav Klaus a entièrement raison et on s’étonne que ses vues donnent lieu à polémique. La seule conception réaliste et, pour tout dire, possible, de la construction européenne, est celle du général de Gaulle. C’est à peu près la même que celle du président Klaus qui se contente de suivre l’élémentaire bon sens.

    C’est révoltant de voir comment la classe politique française qui encense volontiers de Gaulle maintenant qu’il n’est plus là pour la contredire, a en fait trahi éhontément son héritage et s’est ralliée à la politique néo metternichienne liberticide visant à créer un IMPERIUM continental antidémocratique par la suppression du suffrage universel et le musèlement des peuples.

  • Le 5 juillet 2008 à 16:32, par Fabien Cazenave En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    « IMPERIUM continental antidémocratique » : madre de dios !

    Mais qu’est-ce que vous racontez ? Parce que vous pensez qu’un imperium continental démocratique, c’est à ça que la construction de l’Europe va aboutir ? Peut-être que vous souhaitez imposer votre volonté aux autres avant tout ?

    Quand on voit le bilan européen du Général De Gaulle, il n’y a pas de quoi être fier. Au moins, lui avait compris que la construction de l’Europe était le meilleur moyen pour la France de ne pas « disparaître » sur la scène mondiale. Une vision de l’Europe où tout est fondé sur la bonne volonté de chacun pour avancer a abouti à l’intergouvernementalisme.

    C’est-à-dire un processus intergouvernemental antidémocratique.

  • Le 5 juillet 2008 à 17:04, par Ronan En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    Vaclav Klaus est un nationaliste. Il considère que la Nation est un horizon politique indépassable : la seule communauté politique où puisse s’exprimer la démocratie (Alors quid des « étrangers » qui vivent en république tchèque ?! La république tchèque est-elle donc le pays des citoyens qui y vivent ou exclusivement le pays des seuls tchèques ?!).

    Nationaliste, il considère la Nation comme une réalité organique, envers laquelle les « Nationaux » (plutôt que « citoyens ») doivent exprimer une loyauté sans faille, quoi que doivent leur en dire par ailleurs leur esprit critique ou leur libre arbitre. Avec lui, le débat politique se transforme donc en un combat entre « bons » et « mauvais » tchèques (i. e : ceux qui pensent comme ou contre lui).

    Alors quid de la liberté de pensée ?! de la liberté de débat ?! de la démocratie ?! du droit à la contestation ?! de l’exercice individuel à la libre réflexion et à l’esprit critique ?! (Pauvres tchèques).

    Nationaliste, il considère également que les relations entre peuples sont fondées sur de seuls rapports de force. Non content d’exprimer un tel constat, il s’en félicite : le seul moteur du progrès humain, c’est l’émulation, la rivalité, la mise en concurrence, la volonté de surpasser autrui (et de s’imposer à lui ?!)... Inutile de rappeler où de telles conceptions ont conduit l’Europe lors des deux derniers siècles qui viennent de s’écouler.

    Libre à vous de partager la même conception de la vie en société (des nations) que celle qu’exprime le président tchèque. Mais libre à d’autres d’exprimer l’idée comme quoi cette conception du monde est non seulement égoïste mais également suicidaire et stupide... car finalement dangereuse. Et ce, non seulement pour les tchèques mais également pour leurs voisins.

  • Le 5 juillet 2008 à 23:55, par valery En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    « C’est révoltant de voir comment la classe politique française qui encense volontiers de Gaulle »

    Je suis pour ma part révolté que la classe politique française entretienne encore la mythologie gaullienne. Le régimé politique hérité de ce personnage est parfaitement détestable et son nationalisme a donné un coup d’arrêt aux progrès de la construction européenne qui étaient plutôt rapides avant son arrivée au pouvoir suite au putsh du 13 mai 1958. Un bilan globalement très négatif donc qu’il est regrettable de voir des dirigeants politiques contemporain continuer à valoriser.

    Quant au président tchèque il fait partie de ces nationalistes qui ne méritent que d’être combattus avec la plus vive détermination.

  • Le 6 juillet 2008 à 20:05, par NingúnOtro En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    Ronan, des fois vous devriez penser que nous n’utilisons qu’un ensemble réduit d’étiquettes, et que pourtant nous sommes obligés de mettre beaucoup de contenu -même pas très compatible- sous une même. Nous parlons ici de « nationaliste », mais pensez donc à l’étiquette « démocrate »... Tu serais copain avec TOUS ceux qui se disent « démocrate » sans connaitre des détails plus précis ? Les américains qui envahissent l’Irak sont-ils démocrates, quoi qu’ils disent ?

    Nationaliste, l’est-on parce qu’on dit l’être... ou l’est-on parce-que d’autres disent que nous le sommes ? En base à quels critères ?

    Moi, je pense plutôt que les gens qui sont perçus comme « nationalistes », dans la plupart des cas, sont seulement des gens qui reconnaissent qu’ils ne retrouvent dans feu le TCE et maintenant Lisbonne aucune trace de souveraineté populaire, celle qui justifie l’existence même de règles de convivence et organisation commune accordées entre égaux libres pour mieux gérer leurs relations et simplifier la solution de leurs disputes (c’est l’application de règles communes et le raccourci de l’utilisation de jurisprudence qui permet de fixer les droits et de ne pas répéter ad nauseam les mêmes conflits). En absence de cette souveraineté populaire européenne, c’est du plus normal que aucun peuple intelligent (ce qui exclut par expérience leurs représentants politiques qui ont d’autres intérêts à préserver) ne veule renoncer à la souveraineté populaire qui est la sienne et seulement transférable à une entité à un rang supérieur que si il veut bien consentir librement.

    Ce n’est pas que les gens soient « nationalistes » à outrance... c’est juste que le limite national est celui ou les peuples souverains peuvent se planter et dire « nec plus ultra » si l’existence de la souveraineté des peuples (même tous unis en une seule) n’est pas garantie à tout les effets dans les normes qui doivent régir l’entité supra-nationale résultante de la fusion.

    On veut bien l’Europe, mais pas au prix d’y perdre la souveraineté et les droits acquis pour lesquels à coulé tant de sang par le passé.

    On ne deviendra pas volontiers les esclaves d’un nouveau empire « Europe ».

    Pas besoin d’être nationaliste pour arriver à cette conclusion-la, même si en arrivant à celle-ci tout le monde trouve facile de nous dire nationaliste.

  • Le 6 juillet 2008 à 20:39, par Fabien Cazenave En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    Pourquoi voudriez-vous que la France disparaisse ?

    Est-ce que la Bavière a disparu dans l’Allemagne ? Dîtes ça à un Bavarois, pas sûr qu’il continue à vous dire « Grüssgott » le matin en vous croisant.  ;-)

    Le fédéralisme ne veut pas dire suppression de l’étage national mais juste qu’on dépasse ce cadre sur plusieurs compétences. Après, pour le nationalisme, c’est autre chose...

    Vous savez, du sang allemand a été versé pour l’Alsace et la Lorraine, et pourtant, nous sommes tous très heureux que cela ne justifie plus de guerres entre nos deux nations.

  • Le 6 juillet 2008 à 21:18, par NingúnOtro En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    Vous le voyez où, mon désir de faire disparaitre la France ?

    Je ne suis pas français, de la même façon que je ne suis pas national de 25 autres pais de l’UE. Je suis espagnol (pas du tout nationaliste d’ailleurs, et nos politiciens sont les pires et plus conformistes de l’Union -bon, peut-être quelqu’un peut me convaincre que les siens méritent mieux ce qualificatif, je n’en ferais pas une bagarre-).

    Même si le transfert de souveraineté est partiel... je veux que celui qui gèrera cette partie transféré soit le peuple européen, et que ceux qui sous la tutelle de celui-ci soient élus pour cette tache aient des comptes à rendre devant le peuple (ou l’ensemble des citoyens, pour ceux qui ont des problèmes de dénomination).

    Pour l’instant, j’ai l’impression que sous feu le TCE et aussi sous Lisbonne, la Commission s’affranchit du contrôle des citoyens, et le Parlement Européen n’est qu’un gériatrique pour vieilles cloches, ou siègeront ceux qui acceptent de vendre la souveraineté parce-qu’ils ne trouveront rien de mieux à faire en fin de carrière.

    Cela peut paraitre brutal comme opinion, mais j’en ai assez des hypocrisies, j’appelle un oeuf un oeuf, surtout quand c’est avec les miens qu’ils prétendent jouer.

  • Le 6 juillet 2008 à 23:13, par Ronan En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    Définir le nationalisme n’est pas chose aisée, d’autres que nous s’y sont déjà essayé par ailleurs (Cf. lien électronique ci-dessous).

    Quoi qu’il en soit, le mot « nationalisme » sent le soufre : à un tel point que même ceux qui en reproduisent les schémas mentaux hésitent souvent à deux fois à s’en réclamer ou à en utiliser ouvertement le terme.

    Et pour cause : l’un des théorèmes de base du nationalisme est - au-delà même de tout discours sur la souveraineté populaire et/ou le cadre d’exercice de la démocratie - c’est surtout "accepter que l’identité nationale constitue une des plus hautes valeurs de référence (voire la plus haute) dans le domaine du jugement éthique ou intellectuel." ?. Et c’est subordonner à cette dimension identitaire tout exercice des droits civiques, de la réflexion politique et du libre arbitre.

    Ce qui fait du nationalisme une doctrine autoritaire exigeant la soumission "par devoir" de l’individu au groupe. Et ce, par une pression exercée de la part d’un collectif univoque, mythologique et fantasmé (la "Nation").

    Pas d’ébauche de démocratie supranationale dans l’Europe actuelle ?! Pas d’avancées vers plus de démocratie dans le TCE et/ou Lisbonne ?! Pas d’avancées vers plus de démocratie encore dans les conceptions des fédéralistes ?!

    Pourtant, là où les nationalistes nous disent "chacun chez soi et les vaches seront bien gardées", les fédéralistes espèrent - puisque le progrès humain n’est réel que s’il est vraiment valable pour tous - pouvoir remédier à la fragmention du genre humain en troupeaux rivaux composées de vaches formatées depuis l’enfance à se poser en dociles membres d’un troupeau, se posant en rival d’autre troupeaux. La "solidarité" entre troupeaux se manifestant le plus souvent lorsqu’il s’agit d’aller, ensemble, vers l’abattoir.

    J’accepterai bien volontiers la Nation s’il elle nous garantissait vraiment l’accès à plus de bien-être avec la garantie que cela en se ferait pas au détriment du troupeau d’à côté. Pour le "au détriment", nous pouvons regarder derrière nous deux siècles de drames qui nous prouvent le contraire : nos propospérités nationales solitaires, nos bien-êtres nationaux isolés, nos Etats-providences égoïstes ont souvent été le fruit de démarches nationales certes extraverties mais trop souvent prédatrices.

    Quant à faire de la Nation (homogène et uniforme ? idéologiquement voire ethniquement pure ?) le seul cadre possible dans lequel puisse s’élaborer la solidarité voire quelque "bonheur humain", en ces temps de mondialisation, j’ai comme un doute...

    Bref : dans l’adversité d’au moins deux siècles passés, les Nations en ont finalement tellement dit qu’elles ont - finalement - fini par beaucoup trop en dire...

  • Le 7 juillet 2008 à 10:43, par Ronan En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    Je veux que celui qui gèrera cette partie transférée soit le peuple européen, et que ceux qui sous la tutelle de celui-ci soient élus pour cette tache aient des comptes à rendre devant le peuple (ou l’ensemble des citoyens, pour ceux qui ont des problèmes de dénomination).

    ça tombe bien, parce que nous nous aussi. Et le TCE et Lisbonne (qui ne sont pas des fins en soi) ne valent vraiment que dans la mesure où ces traités représentent des progrès (certes timides et insatisfaisants...) dans cette direction. La souveraineté n’est pas (elle non plus...) une fin en soi, mais là il s’agit du contrôle démocratique de ceux qui nous gouvernent.

    Mais ce n’est pas là du tout ce qu’écrit et demande V. Klaus : lui (quelques soient les considérations qu’on puisse - par ailleurs - avoir sur la souveraineté nationale ou populaire...) il refuse carrément l’exercice démocratique à quelque niveau supranational que ce soit : il refuse que les clivages qui parcourent sa société « nationale » soient perméables à quelque influence « extérieure », il refuse que ceux qui pensent comme lui (les « bons tchèques ») puissent être minoritaires en Tchèquie, se « mélangent » avec autrui (refus de tout éventuel « métissage » dans lequel la Nation fatalement se perdrait...) et soient dilués dans un « grand tout Européen » (Nous ne serions alors plus tchèques : mon Dieu, quelle horreur...).

    Pour lui (il n’en fait pourtant guère mystère...), le « peuple européen » n’existe pas et l’idéal européen n’est qu’une « utopie apatride ». Donc, que chacun reste chez soi et les vaches (pardon, les « nationaux »...) seront bien gardé(e)s...

    Contrairement à ce qu’on pourrait croire n’est pas là une question de contrôle démocratique du peuple sur ses gouvernants et de souveraineté populaire... (un gros prétexte idéologique, en fait : un tel contrôle pouvant également exister au niveau européen, or nos contradicteurs n’en veulent - curieusement - pas non plus...).

    En fait c’est là un problème de contrôle du pouvoir par certaines élites « nationalistes » (dont est Klaus) sur des masses qu’elles souhaitent pouvoir « garder », asservir et manipuler plus longtemps encore en utilisant toutes les ficelles affectives et subjectives du discours nationaliste avec son habituel « bourrage de crâne » (loyauté envers la Patrie, mandat de la Communauté, héritage des Combattants de la Liberté, regard des Ancêtres, etc). Où est la liberté du simple citoyen dans tout ça ?!

  • Le 15 novembre 2008 à 15:48, par Maitresinh En réponse à : Vaclav Klaus a entièrement raison

    « On veut bien l’Europe, mais pas au prix d’y perdre la souveraineté et les droits acquis pour lesquels à coulé tant de sang par le passé. »

    Autrement dit, il veut bien l’europe...avec seulement des nations. Donc sans Europe.

    C’est bizarre je ne sais pas de quel pays tu viens, mais moi je constate que le sang « à coulé » à cause des nations et des « souverainetés » ( premier guerre mondiale, deuxième guerre mondiale, ça doit nous faire dans les 25-30 millions de morts)

    Ce discours est fallacieux. De même manière la souveraineté on ne la « perd » pas, on ne la « donne » pas a une autre, on la PARTAGE.

    il n’y a pas d’équivalent dans l’histoire.

    Mais bon, libre a vous d’écouter papi Klaus et autres milliardaires irlandais vantant les mérites de « liberté », ou les jacobins fétichistes. Le combat est en cours, et peut être le gagnerez vous.

    Vous pourriez bien être les premiers a le regretter.

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