Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

Un plan D, pour quoi faire ?

, par Cédric Puisney

Carton rouge à la politique de communication de l'Union européenne

Depuis l’avènement de la Commision Barroso, a fortiori depuis la débâcle référendaire de 2005 en France et aux Pays-Bas, la Commission européenne s’est saisie du problème d’incompréhension des décisions européennes en annonçant un « plan D », en référence au mythe français du plan B. Si l’Union manquait de transparence, elle va communiquer plus !

Autrefois, la politique de communication de l’Union était terne, synonyme de tonnes de brochures européennes qui faisaient la joie des poubelles à la sortie des institutions et autres bureaux de représentation de l’Union.

Aujourd’hui, la Commission a changé de cap et décidé de mettre le paquet sur la communication multicanaux. Bienvenue dans le monde merveilleux du plan D !

Qu’est ce que le « plan D » ?

Au lendemain de la débâcle référendaire, la Commission européenne a mis en place un plan D comme « Dialogue » et « Démocratie ».

Margot Wallström, la vice-présidente de la Commission en charge de la communication et des relations inter-institutions, a ainsi énoncé trois objectifs :

 mieux écouter ;
 mieux défendre le travail des institutions européennes ;
 expliquer les décisions aux citoyens en travaillant davantage au niveau local.

Récemment, la commissaire s’est d’ailleurs expliquée en long et en large dans une interview accordée aux Euros du village : « Je crois que nous avons l’obligation d’informer les citoyens sur notre travail dans sa globalité. Nous devons planifier et classer les grands points par ordre d’importance, ainsi qu’établir l’agenda politique pour la Commission et les États membres. Il va de soi que le Conseil et le Parlement européen devront faire de même. »

L’ordre d’importance ? En faisant un rapide bilan des discours de Mme Wallström ces derniers temps, j’ai noté trois priorités :

 Expliquer le coût du Non au Traité constitutionnel européen ;
 La pétition pour la suppression du siège parlementaire à Strasbourg ;
 Paraphraser le plan D.

Il semblerait donc que ces thèmes soient plus importants que d’expliquer par exemple les élargissements actuels et futurs de l’Union ou encore la nécessité de voter aux élections européennes. En 2004, seuls 42,8% des électeurs français se sont déplacés aux urnes pour élire leurs députés européens ! À l’échelle de l’Union, l’abstention a crû doucement mais surement, passant de 37% en 1979 à 54,3% en 2004.

Toujours dans l’interview accordée à nos confrères, Mme Wallström aborde le problème de la méconnaissance des institutions européennes en appelant à une éducation civique dès le plus jeune âge. J’aurai ainsi appris que l’éducation n’est qu’une des facettes de la communication. Qu’attendons nous pour créer des graines de marketeurs européens ?

L’Europe des citoyens

Le plan D suggère aussi de créer un sentiment européen par les citoyens au niveau local, c’est-à-dire, d’après Mme le Commissaire, par les représentations de l’Union dans chaque pays membre en en faisant « des lieux ouverts », « où les citoyens seraient invités à donner leur point de vue », où les médias seraient impliqués. Un bon point.

Encore faut-il convaincre les médias locaux de s’y intéresser sur le long terme. Encore faut-il que les citoyens « alpha » connaissent l’existence de ces bureaux. Car le problème de l’Union n’est pas d’informer encore plus ceux qui le sont déjà mais ceux qui ont une méconnaissance du sujet.

Un des grands défis que ne souligne pas (ou pas assez) Mme Wallström sera de convaincre les élus locaux de s’impliquer dans une démarche pédagogique, de concert avec les associations pro-européennes pour expliquer l’Europe, son fonctionnement, ses implications dans notre quotidien…

L’Europe par l’Internet

Cette volonté de réconcilier l’Europe « d’en haut » et celle « d’en bas » passe aussi par le web. C’est une des grandes nouveautés de la « nouvelle politique de communication » de l’Union. Le forum Debate Europe marque cette volonté.

Malheureusement, la démarche n’a jusque là attiré qu’une certaine population, plutôt bien voire très bien informée sur l’Union. Et d’autant moins représentative qu’elle est à 90% masculine... Quant aux qualités du forum, elles sont à pondérer par son caractère digressif. On commencera par parler de l’euro et de l’emploi. On finira par parler du prix des pâtes...

Dernier problème : comment interpréter les nombreux messages ? En ne considérant que ceux réitérés à de nombreuses reprises ? Que ceux un minimum argumentés ? Le forum européen : une fausse bonne idée ? La Commission y croit dur comme fer…

À tel point que Mme Wallström, par souci de transparence, a ouvert son blog. Où l’on peut lire du bavardage autour du plan D, ainsi que quelques récits de voyages professionnels. Avant Internet, il existait un dialogue de sourd entre l’Union et ses citoyens. Désormais on peut lire ce monologue sur le blog de Mme la commissaire à la Communication. L’Europe des projets avance, c’est sûr.

Le plan D pour le « Vivre ensemble »

Plus que des actions lourdes à long terme, la Commission compte aussi profiter des évènements pour parler d’elle. En 2007, elle lancera une grande opération séduction vers les citoyens européens à l’occasion du 50e anniversaire du traité de Rome. À cette occasion, elle a présenté un logo évènementiel « Ensemble depuis 50 ans » décliné dans toutes les langues européennes. Sauf que les 27 ne sont pas ensemble depuis 50 ans...

Mme Wallström aime et soutient, en tout cas, ce logo censé apporter un peu de fraicheur à l’Union. Elle aime aussi le fait qu’il provoque des réactions. Même si celles-ci oscillent entre l’incompréhension et la colère devant un logo visiblement raté. Certaines voix, dont celle de la France, ont fait part de leur mécontentement.

À l’opposé, l’Allemagne, plus pragmatique, qui dirige le Conseil européen depuis le 1er janvier n’utilise(ra) pas ce logo. Que Mme Wallström se rassure : non pas parce qu’il est insipide. Comme tout pays occupant la présidence tournante, l’Allemagne aura son propre logo « EU2007.de » aux couleurs euro-germaniques. La vie est une question de priorités…

L’Union a d’ailleurs atteint une jolie maturité en terme de logos évènementiels. Nous avons un superbe drapeau bleu étoilé. Mais il nous manquait ce petit plus d’originalité. C’est ainsi que les présidences de Conseil tournantes, depuis 1995, ont inauguré le concept de logos périmés tous les six mois. 2007 sera donc une année faste !

Un petit calcul s’impose : 2 présidences tournantes + 2 anniversaires (50 ans du traité de Rome + 20 ans d’Erasmus) = 4 logos potentiels, dont trois confirmés. Si nous avions des doutes sur la communication et les activités de l’Union, ils sont balayés au moins jusqu’à fin 2007 ! Quatre logos, cela fait un gros travail de création et de promotion. Surtout si l’on additionne cette masse de travail aux points cités précédemment. Bientôt, l’Union n’aura plus qu’à lancer une série de pin’s à l’effigie des présidences tournantes ! (Pin’s disponibles chez tous les bons marchands de journaux et pompistes) Ou pourquoi pas sur les boites de fromage ?

Cette sympathique suite de logos, plutôt réussis par ailleurs, me rappelle un peu les anciens sommets du Conseil, à chaque fois dans un nouveau lieu insolite. Mais supprimés car trop couteux. J’en oubliais presque que Mme Wallström est une chasseuse de gaspis (cf. pétition contre Strasbourg)… Mais mon propos est hors sujet puisqu’il traite là de la souveraineté des États-membres libres d’adopter un logo avec date de péremption.

La communication, ce nouveau plan S comme stérile

Avec le plan D (bientôt plan « S » comme stérile ?), la Commission semble avoir trouvé sa peau de chagrin [1]. Des logos qui émerveillent les consciences européennes, des forums qui chatouillent les claviers QW- autant qu’AZERTY. En cadeau Bonux, la DG Communication offrira même des cours d’éducation civique. Jusqu’au jour où la peau disparaitra.

Car le problème de la méconnaissance de l’Union doit se traiter de deux manières en fonction de deux cibles distinctes : enfants et adultes. Aux premiers, il faudra enseigner l’Europe de plus en plus et dès le plus jeune âge. Aux seconds, on ne pourra « vendre » que l’Europe au quotidien/au travail : au travers d’actions de communication ciblées par secteur professionnel ou via les acteurs politiques et associatifs locaux comme relais de l’action européenne. Ainsi peut-être, nos institutions européennes autant que nos acteurs politiques retrouveront leur crédibilité perdue.

D’ici là, les simples panneaux de travaux « financés par l’Union » feront certainement autant pour l’image de l’Union que des forums réservés à une poignée d’élus de toute façon acquis à la cause européenne. Quand la Commission aura bien joué avec tous ses gadgets marketing, quand elle aura vendu ses pin’s aux éditions Atlas et placé ses drapeaux dans les prochains films produits par Luc Besson, alors espérons qu’elle communiquera moins et enseignera plus. Mais quand ?

Notes

[1référence au livre d’Honoré de Balzac

Vos commentaires
  • Le 11 janvier 2007 à 12:09, par Catherine Guibourg En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Oui, Cédric, ton article me semble tout à fait juste et réaliste . la Commission ,au demeurant, ne peut être responsable de toute la communication pour toute l’UE, les Etats-membres et surtout, la société civile, ont un rôle clé à jouer. Je dirais même que, parfois ou souvent ?, la Commission est empêchée de communiquer : faiblesse des moyens budgétaires, réseaux ad minima des bureaux d’information ( seulement 2 pour toute la France !). Je comprends néanmoins tout à fait ta déception sur le plan D : il n’intéresse visiblement que ceux qui sont déjà convaincus et qui sont déjà suffisamment convenablement informés. Comment arriver au niveau du citoyen lambda, celui qui est sceptique, voire réfractaire à tout ce qui est Europe, qui ne comprend pas les élargissements, qui est inquiet. Un énorme travail reste à faire, n’attendons de la Commission que ce qu’elle peut fournir, mais contribuons autant que faire se peut avec nos moyens propres (réseaux par exemple )à ce travail !

    Catherine, blog « l’Europe dans la campagne »

  • Le 13 janvier 2007 à 10:09, par krokodilo En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Bon article, mais pourquoi tant de pudeur sur le sujet de l’anglais ?

    " À cette occasion, elle a présenté un logo évènementiel « Ensemble depuis 50 ans » décliné dans toutes les langues européennes. Sauf que les 27 ne sont pas ensemble depuis 50 ans..."

    Non : à cette occasion, son jury a choisi un logo en anglais, décliné ensuite dans toutes les langues (presque car l’UE compte beaucoup plus de langues que ces 27), mais la version anglaise est toujours bien présente sur le site Europa version française, à ce jour :

    http://europa.eu/languages/fr/home De même que les affiches de bienvenue à la Bulgarie et la Roumanie s’ornent de jolis Welcome. http://www.taurillon.org/Happy-New-EU

    « Même si celles-ci oscillent entre l’incompréhension et la colère devant un logo visiblement raté. Certaines voix, dont celle de la France, ont fait part de leur mécontentement. »

    En quoi ce logo est-il raté, on s’interroge... Là encore, vous esquivez le mot anglais. Je vous rassure tout de suite, après une vérification dans divers dictionnaires, il s’avère que le mot anglais n’est pas une insulte, on peut tout à fait l’utiliser dans un article de bonne tenue ! Désolé de vous taquiner alors que le Taurillon est le site qui a le plus largement traité du problème de la barrière des langues, mais votre timidité sur ce mot anglais n’est-elle pas symptomatique d’un malaise, d’un problème toujours occulté par l’UE ?

  • Le 13 janvier 2007 à 15:27, par Valéry-Xavier, Européen depuis 1971 En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    A partir du moment ou l’on choisit un logo qui présente du texte il faut bien qu’il soit rédigé dans une langue... toute cette affaire me semble un faux-débat.

    Ce logo pour ma part me semble très bien.

    Certes certains pays ne sont pas dans l’Union depuis 50 ans mais c’est bel et bien le traité fondateur - signé à 6 que l’on célèbre : si l’on prend ce facteur en compte il ne faudrait faire la célébration que dans les six pays en questions ce qui me semblerait absurde.

    Ce que l’on célèbre en fait c’est justement le début de ce processus qui vise à unir les européens.

    Il y a des débats bien plus importants que cette anecdotique affaire de logo et le reste de l’article de Cédric me semble particulièrement pertinent.

  • Le 13 janvier 2007 à 16:39, par Emmanuel Vallens En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Ce débat ne me semble évidemment pas du tout anecdotique, mais symptomatique d’une certaine « vision » de l’Europe dans laquelle je ne me retrouve pas. Et je souscris pleinement à ce que dit krokodilo.

    Toutefois, si le logo continue d’apparaître en anglais sur la page évoquée par krokodilo, c’est que c’est celui-là qui a été présenté par l’étudiant polonais, et n’a été traduit dans les différentes langue qu’après qu’il a remporté le concours. maintenant, si vous allez sur la page d’accueil de l’Union européenne : http://europa.eu/index_fr.htm, le logo apparaît bien en français, donc ne soyons pas non plus trop de mauvaise foi.

    Maintenant, objectivement, ce logo est un bide en terme de communication : même l’Allemagne refuse de le reprendre sur le site de sa présidence.

  • Le 13 janvier 2007 à 17:36, par Valéry-Xavier, Européen depuis 1971 En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Le problème de ce genre de débat bidon dont tu es spécialiste Emmanuel c’est qu’il détourne l’attention des vrais débats.

    Le résultat de ces polémiques lassantes fondées essentiellement sur la parano du village gaulois c’est que les communicants en finissent par ne pondre que des logos de merde qui pour satisfaire au politiquement correct évitent de présenter du texte : or pour qu’un message soit compris il est parfois nécessaire d’écrire quelque chose et il faut bien que ce soit dans une langue.

    Les logos non retenus dans la compétition outre d’être souvent plus ringards se refusaient pour la plupart à dire quoi que ce soit : une communication incolore et insipide. Le logo retenu est frais, il reflète la diversité de l’Europe par la diversité de la typo et des couleurs, il porte une accroche sympa avec un mot porteur de sens... il est cent fois meilleurs que les propositions toutes pourries à base de EU/UE 50 ! C’est celà la communication européenne que tu souhaites ?

  • Le 13 janvier 2007 à 18:19, par krokodilo En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Le fait que les Européens ne se comprennent pas entre eux serait un faux débat ? L’hypocrisie de la commission qui nous pousse vers le tout-anglais (en contradiction avec l’égalité des langues dans l’UE) serait un faux débat ? Dites plutôt que vous êtes d’accord avec ce processus, ce serait plus honnête. Quant à votre avis sur les logos des autres candidats, quel mépris...

  • Le 13 janvier 2007 à 18:40, par Ronan En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Le logo ?! Pour ma part je trouve qu’il n’est pas vraiment bo (i. e : pas beau...) (bref : pas très esthétique, quoi...). Mais, bon : des goûts et des couleurs...

    La langue dudit logo ?! C’est l’anglais, certes (dans cette version ici mise en avant, en tout cas...). Mais l’essentiel n’est-il pas que ce logo soit justement ’’modulable’’ et puisse ainsi avoir des variations spécifiques respectant pleinement les 22 autres langues officielles de l’UE ?! (Cela dit, il serait dommageable et effectivement pas très équitable - ni très ’’fair play’’ ; - )) - que seule la version anglophone dudit logo soit mise en avant par les autorités communautaires...).

    Le sens dudit logo ?! Certes nous ne sommes ensemble depuis 1957, mais nous souhaitons sans doute plus ou moins confusément l’être ’’au moins’’ depuis cette date là, non ?! (PS : Personnellement, je ne suis là et de ce monde que depuis 1973...).

    Une polémique bidon ?! En veux-tu, en voilà (au moins une...) : en langue française ’’châtiée’’ (ou en language ’’simili-professionnel’’) on ne parle pas de ’’logo’’(i. e : logotype), mais de ’’visuel’’...

    Quant à ce logo (qui n’est jamais qu’un outil de com’ parmi tant d’autres...), on voit très bien ici qu’on peut effectivement (éventuellement) en faire - pragmatiquement - un très bon mais, également aussi, un très mauvais usage. On ne peut donc que souhaiter que ceux qui manieront l’outil de com’ en question dans les prochaines semaines ne se montreront donc pas trop maladroits...

    Notamment lorsqu’il s’agira effectivement de parler de l’essentiel et des vraies questions (vraiment importantes et vraiment pas secondaires ni superfétatoires...) : à savoir l’avenir institutionnel et politique de l’Union européenne (et le devenir de sa ’’Constitution’’), pour ne pas changer...

  • Le 13 janvier 2007 à 19:55, par Valéry, Européen depuis 1971 En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    C’est un faux débat ou plus exactement un faux procès au sens où ce logo est disponible dans toutes les langues de l’Union. Il n’y a donc pas matière à râler, c’est tout :-P

  • Le 13 janvier 2007 à 20:00, par Thomas Rudolf En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    L’Europe ne communique pas, l’Europe veut noyer l’Europe dans un bavardage qui se veut pédagogique et qui veut surtout occuper le terrain médiatique au lieu de s’attaquer aux messages volontaires des deux non et du gel allemand du TCE par la Cour fédérale constitutionnelle.

    Face aux autres bavardages du coût des non je vous rappelle ceci que j’ai puisé sur ce site : « en 2004, l’Irlande, l’Angleterre et la Suède avaient ouvert totalement leurs frontières aux travailleurs venant des nouveaux Etats membres. L’Angleterre prévoyait une arrivée de 5.000 à 13.000 travailleurs étrangers sur son sol. 600.000 sont venus. » Le dumping social et fiscal a été massif.

    Les effets de fumée d’une campagne de placardage à la Wallström ne feront pas oublier ceci. La « nouvelle » Directive Service non plus.

    L’Europe doit dépasser le seul ciment qui l’unit et dont elle se prétend fière, soit le soi-disant marché qui n’est pas aussi libre que le voudrait bien les articles I-3-2 et I-3-3 et qui devrait tendre (par magie) au plein emploi.

    Alors les chartes graphiques, les casses et les typographies ne font pas rêver l’ouvrier européen. Désolé.

  • Le 13 janvier 2007 à 21:12, par Fabien Cazenave En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Vous mélangez encore tout : dumping fiscal et social organisé par les méchants travailleurs de l’Est qui essayent tout simplement de mieux gagner leur vie... Quelle bande de méchants comploteurs !

    Si vous voulez une Europe sociale (ou libérale, ce sont aux peuples de choisir après tout), il faut une Europe politique avec un Parlement européen qui ait suffisamment d’influence et de pouvoirs...

    Encore une fois, vous nous refaites le coût de la méchante directive sur les services si libérale que la Confédération Européenne des Syndicats a pourtant appelé à voter en l’état.

    L’ouvrier, il est comme tout le monde : il veut une Europe qui l’aide à affronter la mondialisation ? Il nous faut une Europe fédérale de mon point de vue.  ;-))

  • Le 13 janvier 2007 à 21:19, par Valéry, Européen depuis 1971 En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Le Royaume-Uni avait parfaitement la liberté de profiter des clauses transitoires qui avait été prévues, justement parce que la différence de niveau de développement économique entre les nouveaux entrants et les pays membres plus anciens est aujourd’hui important. De plus si les mots ont un sens, on ne peut pas parler de dumping fiscal et social dans ce cas de figure.

    Il est important en effet que ce qui unisse les Européens ne se limite pas aux seules dispositions commerciales : c’est pourquoi le traité constitutionnel prévoit une charte des droits fondamentaux qui permet de définir les valeurs que partagent les Européens.

    Je suis d’accord avec vous sur le fait que relancer le processus constitutionnel suite aux référendums négatifs est important : mais on ne peut blâmer la Commission (sujet de cet article) pour l’attitude timorée des gouvernements européens sur ce point. En toute hypothèse il faudra attendre le résultat de l’élection présidentielle française car ce n’est pas avec un Chirac que l’on va pouvoir renégocier le traité.

    J’ai l’impression que vous partagez cependant globalement l’analyse de Cédric dans cet article : la politique de communication ne constitue pas une réponse satisfaisante. Si l Commission voulait sérieusement assumer son rôle d’exécutif européen ce serait à Barroso de prendre des initiatives fortes et de balancer son pied au cul des gouvernements nationaux qui ne se bougent pas. Mais Barroso n’est pas Jacques Delors et les adeptes du libéralisme économique peuvent se satisfaire de l’immobilisme institutionnel et du statu-quo. Ce sont ceux qui veulent au contraire que l’Europe évolue qui ont le plus intérêt à voir le processus constitutionnel réussir.

  • Le 14 janvier 2007 à 12:21, par skirlet En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Bravo à Cédric pour cet article :-) Style un peu mordant, esprit critique, un vrai plaisir à lire.

    Concernant la Commission, j’ai une nette impression qu’elle fonctionne dans une bulle et n’a pas du tout conscience de la perception de l’UE par les citoyens. Et pour ceux-ci, l’UE, c’est quelque chose qui est loin, qui calibre les oeufs, mésure la courbure des concombres, remet en cause la production du foie gras et des fromages à lait cru et coûte de l’argent :-) (oui, je simplifie, mais pas tellement). Et l’argument « l’Europe nous a évité les guerres » ne prend pas beaucoup, les gens ne sont pas fous et voient le nombre des guerres civiles. La communication qui ressemble davantage à des mantras « Europe, c’est hyper bien, faut la faire et que sa saute ! » ne fait que renforcer le citoyen dans son refus.

    Les curieux viennent visiter les sites de la Commission. Ils y voient la majorité des documents en anglais, l’interface est souvent en anglais, quand ce n’est pas toute une section in English only. Les seuls citoyens à qui cela convient sont en principe les Britannqiues, mais il suffit de faire un four sur Debate Europe (!) ou sur d’autres forums pour voir le nombre des anti-UE, sans oublier que Tony Blair a reporté prudemment le référendum sur le traité constitutionnel aux calendes grecques. Le traité qui ressemble davantage à un traité commercial qu’à une constitution, j’ai pris la peine de le lire.

    Concernant les logos : non, ce n’est pas un faux débat, au contraire. Ce logo a été traduit dans d’autres langues, ce qui est pour moi un rattrapage plutôt qu’une chose prévue. Qui plus est, la version dite « internationale » est in English, of course. Ce logo est un symbole criant de la désunion, car chacun chez soi dans sa langue et la « version internationale » en anglais…

    Quand à son esthétique, c’est une question de goût. Je ne trouve pas les autres logos si ringards que ça, et les ch’tites lettres colorées de ce « together », couronnées d’un « r » commercial, je ne vois pas du tout ce qu’elles ont de particulièrement moderne…

    Les logos, il y en a d’autres. Celui-ci, par exemple :

    http://europa.eu/europago/images/europagolanguage.gif

    Evidemment, « Europa go ! », ça fait international. Une petit allusion aux enfants que déjà pour comprendre le sens de ce slogan, il faut avoir les notions de l’anglais, of course ?

    Il y a mieux :

    http://europa.eu/images/promo/button_energy_en.jpg

    qui mène vers un site entièrement en anglais :

    http://ec.europa.eu/energy/energy_policy/index_en.htm

    Et on peut continuer encore longtemps. Je voudrais bien que la commission essaie de me convaincre avec autre chose que les rengaines « efficacité » ou « pragmatisme ». Faire accepter l’Europe aux gens en prétendant que l’anglais est moderne et pas leurs langues, que le fait de tenir à sa culture n’est rien d’autre que l’enfermement dans son nationalisme étriqué n’est pas une bonne méthode.

  • Le 14 janvier 2007 à 16:37, par Ronan En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Bref et pour résumer : il semblerait que la Commission européenne ait sciemment pondu un logo vraiment tout pourri pour qu’on ne parle finalement plus que de cela au lieu de se consacrer aux sujets vraiment importants.

    En tout cas, si telle était la démarche, force est de constater... que ça marche. Félicitations à la Commission européenne : encore bravo et merci pour tout !

  • Le 14 janvier 2007 à 16:55, par Cédric En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Il n’est pas question ici de pudeur ou de quelconque sujet anglais. Ce n’était pas mon propos ! La question du multilinguisme mériterait un autre article à part entière.

    Je voulais simplement montrer que la communication de l’UE, au départ purement institutionnelle (et rébarbative), est en train de devenir un gigantesque écran de fumée. Que la Commission veuille faire du marketing, soit ! Mais qu’elle en respecte les règles élémentaires. Le marketing sert à vendre quelque chose. Ici, il n’y a rien à vendre ou juste des sujets soit secondaires soit insignifiants. Et d’ailleurs, le rôle de la Commission est-il de « vendre » ?

    Pour faire simple : la Commission brasse de l’air ! Et comme le résume Ronan, on finit nous aussi par brasser de l’air en nous engageant dans des débats stériles autour de logos ratés (ou pas, selon les avis). Ce qui est sûr, c’est qu’au moins, pendant ce temps, on ne parle pas des vrais problèmes de l’UE et qu’on en finirait presque par penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Si tel est le cas, alors Mme Wallström peut être contente du travail fait par sa DG ! L’Europe va bien, je vais bien, tout va bien...

  • Le 14 janvier 2007 à 23:55, par Thomas Rudolf En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Skirlet je vous cite : « Le traité qui ressemble davantage à un traité commercial qu’à une constitution, j’ai pris la peine de le lire. »

    Oui, les écrans de fumée sont jettés de toute part sous couvert de débats ouverts ou de missions pédagogiques envoyées en direction du petit peuple.

    Vous avez plus de chance que moi, puisque l’on ne vous traite pas de « gauchiste qui mélange tout une fois de plus ».

    Malheureusement, comme vous j’ai tout relu ces derniers mois et je suis atterré par la pensée de Hayek qui y est ouvertement étalée ou d’ultra-libéraux qui sont encore plus royalistes que les américans dans le domaine de la gestion budgétaire de l’Etat et de la « concurrence libre qui tend au plein emploi » et qui ne traite le chômage que comme un problème structurel dont le dé-salarié est responsable. J’ai mis une série d’analyses très détaillées sur mon site que j’entends bien poursuivre en cette année électorale.

    Autant que je me souvienne J Delors avait voulu tenter avec un Livre Blanc l’introduction d’une Charte sociale. Même la Charte sociale ne se retouve plus dans le TCE. Si l’Europe ne remet pas à plat la question de la discrépance sociale et fiscale qu’elle engendre directement ou indirectement par ses directives on pourra débattre en vain. Il faut parler de ceci avant que de parler de la manière dont on fera ravaler la Constitution. Le malheur est là. La Constituion n’est pas un placebo. Le cinquantenaire sera amer.

  • Le 17 janvier 2007 à 01:14, par skirlet En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Il serait difficile de me traiter de gauchiste, étant donné que j’ai passé la majeure partie de ma vie sous la dictature communiste et que j’en ai assez de cette idéologie :-) D’ailleurs je n’adhère à aucune idéologie, droite ou gauche. Mais il suffit de réfléchir un peu et de faire distinction entre une idée, si jolie soit-elle, et sa réalisation. Et je constate que la belle idée de l’Europe unie est sabotée de plus en plus.

  • Le 7 mars 2007 à 15:40, par Pascaline En réponse à : Carton rouge à la politique de communication de l’Union européenne

    Je voudrais juste ajouter un carton rouge à destination des gouvernements européens qui sont, de mon point de vue, largement responsables du déficit de communication européen. En effet, c’est aussi à eux que revient en grande partie la mission de promouvoir l’Europe et non de l’utiliser comme bouc-émissaire. C’est aux politiques français que revient l’échec constitutionnel. Qui a bien pu avoir la brillante idée de nous envoyer cette paperasse illisible même pour un grand nombre d’initiés, alors que beaucoup de gens ne savent même pas que l’UE c’est un parlement, un Conseil et une Commission ?! Donc, oui, honte à l’UE de ne pas s’être rendue compte qu’une union européenne c’est avant tout la participation des peuples, mais honte aux gouvernements dont les égoïsmes et nationalismes sont les véritables freins à une Europe communicante.

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