Ce que les citoyens exigent des politiques fédérales

Ils aboutirent à 15 recommandations pour l’Union européenne, parmi lesquels nous retenons en particulier :

• la réduction du réchauffement climatique et la sortie des énergies fossiles tout en développant les énergies renouvelables ;

• l’établissement d’un système commun de santé fondé sur l’égalité de base devant les soins ; la création d’un Code du travail harmonisé avec des conditions et règles de travail identiques pour tous ;

• l’augmentation de la protection sociale et le combat contre les inégalités sociales en convergeant vers un différent système de solidarité ;

• l’accélération de l’information dans la prévention et la détection des infractions pénales ; la régulation des marchés financiers (ses acteurs et ses produits) au travers d’un organisme central de supervision ;

• l’investissement de ressources additionnelles dans la qualité de tous les systèmes d’éducation.

Le sommet de mai (2009, ndlr.) du CCE n’a pas seulement révélé ces idées pour une politique européenne. Il était au moins aussi intéressant de constater que les participants sont arrivés à la conclusion que lorsqu’on les a interrogés sur les challenges principaux que devait relever leur société, ils ont déclaré qu’une action plus forte de l’Union européenne était nécessaire pour faire face à ces défis. Les études de l’Eurobaromètre arrive souvent à des thèmes et conclusions comparables.

Ces révélations nous apportent de bonnes nouvelles, à nous fédéralistes, mais nous apportent aussi d’importantes responsabilités. Elles montrent que premièrement les citoyens partagent largement nos convictions que seule l’Europe est capable de faire face aux défis de la société. Mais ils prouvent aussi que nous devons trouver des manières de mieux communiquer sur notre crédo et constamment confronter les citoyens à la seule solution à leurs exigences : avoir une Union européenne plus démocratique et mieux équipée pour faire face à leurs attentes.

Ce que les fédéralistes peuvent apporter

En plus de promouvoir un cadre institutionnel qui réponde aux attentes des citoyens, nous devons donc élaborer autant de solutions de politiques fédérales que possible dans les domaines des défis environnementaux, économiques, sociaux et de sécurité mondiale, afin de prouver notre besoin d’une Europe plus forte. Il est fondamentalement important que nous communiquions aux citoyens sur la manière dont l’Union européenne influence leur vie de tous les jours et sur l’intérêt qu’ils ont à ce que l’Union soit plus intégrée pour préparer notre avenir commun. Nous devons donc formuler des propositions audacieuses pour le projet européen et les élaborer dans le détail.

Seule l’Europe peut combler les attentes des citoyens formulées par le CCE et l’Eurobaromètre. Seule l’Europe peut faire face au changement climatique et permettre un développement durable. Seule l’Europe peut diversifier les sources de production d’énergie et négocier en bloc avec les fournisseurs étrangers. Seule l’Europe peut réaliser le bon équilibre entre une économie de marché, une économie sociale et une économie verte. Seule l’Europe peut procurer une supervision financière indépendante, éviter le protectionnisme et mettre fin aux paradis fiscaux. Seule l’Europe peut harmoniser les règles fiscales et comptables. Seule l’Europe peut sortir des distorsions de concurrence issues des subventions à l’agriculture et rediriger plus de fonds vers les programmes de cohésion et les programmes régionaux. Seule l’Europe peut permettre une protection sociale suffisante et clairement renforcer l’égalité totale des genres et une législation antidiscriminatoire.

Seule l’Europe peut garantir les Droits de l’Homme des personnes qui demandent l’asile et promouvoir l’intégration sociale des migrants. Seule l’Europe peut abolir les visas pour les pays voisins et faciliter le processus d’octroi d’un permis de travail. Seule l’Europe peut accélérer la mobilité des jeunes. Seule l’Europe peut procurer une solidarité suffisante en cas de catastrophes naturelles. Seule l’Europe peut collectivement combattre le crime transfrontalier et prévenir le terrorisme. Seule l’Europe peut parler d’une voix forte au Conseil de Sécurité de l’ONU, au G8/20, au FMI, à la Banque mondiale ou dans les négociations du protocole de Kyoto. Seule l’Europe peut conduire une politique unifiée de défense et de relations extérieures qui contribue à la nécessaire force et responsabilité pour bâtir la paix, la sécurité humaine, le désarmement nucléaire, le développement et de manière globale une bonne gouvernance. Seule l’Europe peut avoir une armée unie et moderne qui dispose des moyens de protection nécessaires civils et militaires en support des missions des Nations Unies, qui seront déployées avec le consentement du Parlement européen.

En bref, parce que ces défis sont tous transnationaux par nature et parce que nos sociétés sont toutes interconnectées, c’est seulement si nous convainquons les citoyens de la nécessité de dépasser la vision seulement nationale qu’ils apprécieront les bénéfices tangibles que peut apporter une plus forte Europe.

Les fédéralistes sont en avance d’une génération

Les fédéralistes sont en avance d’une génération car ils voient au delà des frontières temporelles et géographiques. Ils comprennent que les défis internationaux complexes de demain ne peuvent pas être traités par les simples moyens nationaux d’aujourd’hui. Les fédéralistes sont des « bâtisseurs de ponts » qui veulent mettre fin aux déficits de démocratie, de transparence et d’efficience dans l’environnement européen et l’équiper des institutions et politiques nécessaires pour préparer le futur. En même temps, ils bâtissent des ponts entre les citoyens et les décideurs à Bruxelles en les reconnectant.

Dans leur effort pour rendre l’Europe plus proche des citoyens et en agissant sur des fondements philosophiques et principes bien ancrés, les fédéralistes devraient insister sur les différentes améliorations institutionnelles et se concentrer précisément sur les politiques car cette approche aiguisera l’intérêt des citoyens. En fait, la Consultation des Citoyens Européens démontre qu’il y a des fédéralistes cachés derrière une majorité d’Européens. Ils n’en sont juste pas encore au courant…

Une meilleure compréhension de l’Europe entraînera plus d’intérêt et plus de confiance. Une meilleure compréhension de la raison pour laquelle il faut une « Europe forte » entraînera plus d’affection. Une Europe « plus faible » n’est pas une alternative acceptable car les problèmes complexes de l’Europe requièrent des solutions sophistiquées, multidimensionnelles. C’est la raison pour laquelle nous devons toucher activement le citoyen au moyen d’interventions dans les écoles, débats dans les universités, séminaires internationaux, événements publics, campagnes paneuropéennes, articles en ligne et différents médias locaux, régionaux, nationaux et européens afin de renverser l’apathie européenne.

A travers leur engagement dans le sens d’un destin européen supranational, les fédéralistes donnent ainsi vie au concept de citoyenneté européenne et contribuent au renforcement d’une conscience européenne et même au développement d’une identité européenne. En faisant cela, et pour paraphraser Abraham Lincoln, ils contribuent à l’émergence, d’un gouvernement européen du peuple, par le peuple, et pour le peuple.