Chantal Brunel : « pour en finir avec les violences faites aux femmes »

Entretien à l’occasion de la sortie de son livre

, par Laurent Bonsang

Chantal Brunel : « pour en finir avec les violences faites aux femmes »

A l’occasion de la sortie du livre de Chantal Brunel « Pour en finir avec les violences faites aux femmes », les Brèves Européennes, l’hebdommadaire du Mouvement Européen 77, vous proposent un entretien avec la députée UMP de Seine-et-Marne.

Brèves Européennes : Madame la Députée, vous éditez en ce début d’année "Pour en finir avec les violences faites aux femmes". Quelles sont les raisons de ce livre ?

Chantal Brunel : En 2002, lorsque je suis élue députée, je découvre dans ma circonscription des situations de semi-esclavage de femmes sans papiers, des enfants en grande souffrance qui vivent dans des familles polygames. Peu à peu sont venues me voir dans mes permanences des femmes battues parfois séquestrées, chacune prise dans un calvaire quotidien. Ces drames m’éclatent au visage. Je ne connaissais jusqu’alors que les problématiques plus classiques comme l’égalité salariale hommes/femmes ou la parité. Au fil de ces rencontres, j’ai construit un certain nombre d’observation, de réflexions et de solutions concrètes. J’ai voulu, à travers ce livre, les partager et les exposer.

Brèves Européennes : Votre livre se concentre en particulier sur la situation en France mais ne peut on pas considérer que les différents thèmes que vous abordez existent aussi dans les autres pays notamment dans les pays de l’Union européenne (UE) ? Avez-vous des données sur la violence faite aux femmes au niveau de l’UE ? Quelles sont les convergences et les différences entre les États de l’UE tant au niveau des données que des dispositions législatives et réglementaires ? Qu’existe-t-il actuellement au niveau de l’UE comme actions ?

Chantal Brunel : Au niveau européen, la Commission européenne a souhaité une année européenne de lutte contre les violences faites aux femmes en soulignant que presque une femme sur quatre dans l’UE souffre de violences physiques et plus de 10% de violences sexuelles.

La Présidence espagnole a inscrit l’égalité des genres à son agenda, parmi les quatre grandes priorités de son programme. La ministre espagnole de l’égalité, Madame Bibiana Aido Almagro, a précisé à la Commissions des droits de la femme et de l’égalité des genres au Parlement Européen, un certain nombre d’objectifs :
 Adoption de conclusions communes au Conseil du 8 mars prochain
 Mise en œuvre de l’ordonnance de protection européenne
 Création d’un observatoire européen sur la violence à caractère sexiste
 Mise en place d’un numéro unique et gratuit « 116 -016 » pour l’assistance aux victimes de violences sexistes.

Un certain nombre d’autres dispositions ont été réclamées par le Parlement. Par exemple :
 Renforcement des législations nationales et plans d’actions globaux
 Assistance juridique gratuite
 Mise en place de campagnes de sensibilisation

Brèves Européennes : En 2007, l’UE avait choisi pour thème annuel "l’égalité des chances pour tous". Quels progrès ont pu être enregistrés au niveau de l’égalité entre femmes et hommes suite à ce thème annuel ?

Chantal Brunel : Une résolution du Parlement Européen a été votée le 13 mars 2007, instituant une feuille de route 2006-2010 pour l’égalité hommes-femmes. Cette résolution comporte 37 points. Ce bilan doit donc être établi à l’issue de l’année 2010. Mon sentiment est tout d’abord celui d’une prise de conscience générale qui était un préalable. Ensuite, un certain nombre de mesures concrètes ont été prises par différents pays. Je pense toutefois qu’une impulsion beaucoup plus forte doit être donnée et j’espère y contribuer au moins pour la France.

Brèves Européennes : Cette année, c’est la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale qui a été choisie comme thème annuel de l’UE. La violence faite aux femmes n’est-elle pas une forme d’exclusion sociale ? De son côté, la situation de pauvreté est-elle ou non un facteur qui amplifie la violence faite aux femmes ?

Chantal Brunel : Bien sur, la violence faite aux femmes constitue directement ou indirectement un processus d’exclusion. J’en donne de nombreux exemples dans mon livre, selon les différentes formes de violence. Pour prendre un débat actuel, la burqa est une forme d’exclusion, tant sur le plan physique que sur le plan symbolique. Les questions financières dans le couple, et l’infériorité de la femme dans ce domaine, phénomène hélas répandu, jouent un rôle important. Je peux citer de nombreux exemples : des femmes en situation de polygamie qui hésitent à « décohabiter », des femmes victimes de violences conjugales qui veulent quitter le domicile conjugal.

Brèves Européennes : La France a choisi la question de la violence faite aux femmes comme "Grande cause nationale pour 2010" ; de son côté, l’actuelle présidence espagnole du Conseil de l’UE a pour objectif de mettre en place un projet visant à "améliorer la capacité de l’Union à éradiquer la violence de ce genre". Qu’attendez-vous tant de la "Grande cause nationale" que de la Présidence espagnole ?

Chantal Brunel : Le Parlement français va débattre d’un texte de Loi sur ce sujet. Je souhaite personnellement apporter un certain nombre d’amendements pour lutter contre la polygamie (phénomène peu abordé encore par la Proposition de Loi), l’excision, pour protéger les femmes victimes de violence ou encore revoir le problème – oh combien épineux – de la prostitution et de la traite des femmes. Il y a beaucoup à faire, et je souhaite très sincèrement que 2010 soit l’année où nous obtiendrons, sur ce sujet, des avancées décisives.

Illustration : couverture de « Pour en finir avec les violences faite aux femmes » paru aux éditions du Cherche Midi.

Le Taurillon remercie Laurent Bonsang pour son aide dans la publication de cette interview.

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Vos commentaires
  • Le 8 mars 2010 à 06:47, par Martina Latina En réponse à : Chantal Brunel : « pour en finir avec les violences faites aux femmes »

    Merci pour cet engagement, ce livre et cet entretien. Puisqu’une figure féminine, Europe, fonda L’EUROPE en lui donnant son matronyme de VASTE-VUE,

    trois mille ans après, de par la démocratie qu’EUROPE elle-même lança quand un TAURILLON l’enleva de sa Phénicie natale et la déposa sur la première terre grecque, donc occidentale, avec des moyens de communication révolutionnaires nés en orient, alphabétiques autant que nautiques,

    protégeons enfin de la violence les femmes qui portent chacune la vie, l’avenir et l’espérance du monde.

  • Le 12 mars 2010 à 15:15, par Gerrard En réponse à : Chantal Brunel : « pour en finir avec les violences faites aux femmes »

    Je n’ai pas lu le livre, mais j’essayerais de le faire le plus rapidement histoire d’avoir un avis un peu plus approfondis sur un sujet qui m’interèsse énormement. Sinon je trouve que Mme Brunel s’en sors plutôt pas mal en interview. Je lirais le livre donc.

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