Chronique d’une France gérée à l’européenne

, par Fabien Cazenave

Chronique d'une France gérée à l'européenne
Dessinateur : Frep Blog : Crayon de nuit www.crayondenuit.com/

L’Europe paraît loin à certains citoyens, notamment du fait d’un mode de fonctionnement incompréhensible. Il est intéressant de se demander comment cela se passerait si la France était gérée comme l’Europe. Politique-fiction.

L’instance principale de la politique française est aujourd’hui le Conseil des Régions, réunissant en son sein les dirigeants des différentes provinces de l’hexagone. Même si la souveraineté de chacune d’entre elles est censée être égale, deux régions font office de moteur de la construction nationale. Il s’agit de deux des régions les plus riches de cette Union, l’Île de France et le Rhône-Alpes. Ce sont elles qui font la pluie et le beau temps car du fait de leur poids économique, les voix de Jean-Paul Huchon et de Jean-Jack Queyranne sont indispensables à la réalisation de tout projet en commun.

Le Conseil des Ministres est aujourd’hui impuissant pour assurer sa principale mission : gérer l’intérêt national. Devant convaincre pour chacune des réformes proposées le Conseil des Régions et l’Assemblée nationale, il disparaît de la scène médiatique au fur et à mesure que le couple « Queychoniste » impose son tempo à la politique française.

De plus, l’unanimité est nécessaire dans plusieurs domaines comme la politique fiscale, ce qui renforce le poids du Conseil face à une crise économique comme nous en vivons actuellement. De ce fait, le président de la République, Nicolas Sarkozy, est très peu connu des Français. Son rôle de président de la République des régions consiste en fait en celui d’un secrétaire général qui attend que les présidents de régions se soient mis d’accord avant toute déclaration.

Les sommets régionaux pour répondre à la crise

Avec la crise en France, nos dirigeants ont choisi de faire du volontarisme politique leur principale réponse aux marchés. Or ceux-ci obligent plusieurs régions à demander à la France et au FMI des aides financières conséquentes. La Corse, notamment, est au bord de l’implosion sociale après plusieurs plans d’austérité qui ont appauvri la population mais pas comblé la dette régionale abyssale. Il faut dire que l’incurie des dirigeants successifs ont mené la région à être totalement dépendante du tourisme, sans industrie source de croissance durable. Le clientélisme local a fait le reste, cette région ayant un taux de recouvrement le plus bas de France en ce qui concerne l’impôt...

Mais cette situation aurait pu être évitée si l’ensemble des régions avait fait le choix de stopper nette la crise par le biais d’une solidarité sans faille dès le début. Malheureusement, le calendrier électoral a jeté plusieurs régions dans des débats populistes où les entités les plus saines économiquement ont refusé d’aider sans condition ces régions « cigales ». L’Alsace, le Rhône-Alpes et l’Auvergne en tête, plusieurs régions ont réclamé l’établissement d’une règle d’or pour éviter tout dérapage financier en cas d’aide.

D’autres régions, plus proches du tempérament corse, comme la Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) ou l’Île de France ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour maintenir une forte solidarité entre régions de France.

Mais la crise s’est étendue à d’autres régions comme le Limousin et la Bretagne. Cette dernière, pourtant connue comme le « tigre celtique », a connu une grave crise bancaire. Or sa politique fiscale attractive (ou « agressive » ?) vis-à-vis des entreprises obligent les ménages bretons à supporter une grande partie du poids de la dette régionale. L’entêtement breton à maintenir une fiscalité différente est en partie dû à l’histoire. En effet cette région n’a recouvert son indépendance que récemment par rapport à Paris. Les réflexes d’indépendance régionale, incarnée par la fiscalité, y sont encore très forts.

Une France au ralenti institutionnel

Ces sommets successifs n’ont donc pas réussi à totalement juguler la crise. D’autant plus que les institutions françaises sont totalement dépendantes du bon vouloir des régions qui ne leur laisse à disposition qu’un budget à hauteur de 1% du PRB, le produit régional brut.

Arrivera-t-on à sortir de cette crise ou sommes-nous condamnés à vivre dans une stagflation à la japonaise ? L’annonce d’une nouveau traité semble calmer les marchés malgré le fait qu’il ne soit accepté que par 21 régions sur les 22 en métropole. L’Aquitaine a décidé de faire bande à part, l’opinion girondine (anti-française par peur du centralisme) obligeant le président, Sir Alain Rousset, à refuser d’aller plus loin dans toute forme d’intégration politique.

De plus, la calendrier électoral francilien risque de rebattre les cartes. Jean-François Copé, futur candidat à la présidence de la région en Île de France a déjà annoncé qu’il se rendrait à Lyon dès qu’il serait élu pour renégocier ce traité.

Affaire à suivre....

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