Des raisons du Non

Lorsque le corps électoral se prononce, après des semaines de débats comme on n’en n’a pas connu depuis des lustres, il faut l’entendre, chercher à comprendre... tel est l’objet de ce petit livre écrit à chaud (du propre aveu de l’Auteur...), dans les heures de l’après 29 mai 2005.

Voter non le 29 mai, s’il s’agissait seulement là de voter -effectivement- sur le seul contexte politique strictement franco-français, il y en aurait effectivement eu : c’est la crise française : une crise économique, sociale, financière et politique, crise structurelle, crise institutionnelle, crise d’un personnel politique à l’évidence dépassé, crise d’une gauche déchirée entre réformisme et surenchère révolutionnaire, crise identitaire caractérisée par un regain nationaliste et crise de la gouvernance d’une Vème République épuisée et, visiblement, en bout de course.

Mais dès qu’il s’agissait de voter pour un dépassement de notre fameuse crise franco-française grâce au prisme et par la dynamique vertueuse d’une Europe en contruction et cherchant ainsi à se doter d’une Constitution et d’un véritable cadre démocratique, il y avait alors là toutes les raisons de voter OUI. Alors, franchement, pourquoi NON ?

Pourquoi les français, en refusant toutes les avancées du nouveau traité, ont-ils donc en définitive rejeté tout ce qu’ils demandaient en seuls termes d’Europe sociale, démocratique et politique et -finalement- ainsi voté contre eux-mêmes ?

Dans ce court pamphlet taillé à grands coups de serpe et ’’parfumé’’ au vitriol, Olivier Duhamel, défenseur émérite du projet constitutionnel, adepte du parler vrai et acteur passionné du débat européen (ne serait-ce que lors de cette dernière campagne référendaire...) revient ici sur cette dernière campagne euroréférendaire vraiment peu ordinaire et essaie de répondre à toutes ces questions.

Et il n’a de cesse -ici- que d’analyser, d’expliquer et de dénoncer l’irresponsabilité, les petites lâchetés, les grosses trahisons, les désolantes défaillances des uns et les mensonges éhontés, les outrances verbales, les propos démagogiques des autres.

Voilà donc un ouvrage-diagnostic et une autopsie sans complaisance et sans faux-semblant d’un débat européen aujourd’hui malheureusement mort-né : une occasion gravement manquée et saccagée, depuis lors mis au rancart un peu façon ’’cadavre dans le placard’’, mais qui -nul n’en doute- reviendra tôt ou tard.

Pour essayer de redonner du sens à cette ’’action politique’’ qui -de l’aveu de l’auteur- devrait être vécue comme un service public : avec la démocratie comme idéal, la vérité comme horizon et l’honnêteté comme exigence.

Et pour enfin se remettre à rêver, encore, d’une ’’Europe un jour dôtée de sa Constitution, constituée donc’’, qui puisse à nouveau oeuvrer ’’pour rendre ce monde plus juste et moins barbare’’.