Riga, capitale de la Lettonie, modeste ’’métropole’’ balte d’environ 730 000 habitants et ville de la ’’nouvelle Europe’’ : cette Europe orientale libérée du totalitarisme soviétique par le printemps démocratique des années 1989-1990-1991.
Riga, une ville européenne entre toutes
Riga : une ville intéressante à plus d’un titre sur le plan culturel. Notamment parce qu’en 1997, le centre historique de cette ville-capitale a été inclus dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco (ce qui permet une meilleure préservation du patrimoine de la vieille ville).
Puisqu’en effet, figurez-vous que c’est à Rīga qu’il y a aujourd’hui la plus forte concentration de bâtiments de style « Art Nouveau » en Europe [1] : preuve, s’il en est, de l’imprégnation culturelle européenne dans ces terres baltiques qu’on aurait aujourd’hui trop tendance à percevoir, chez nous, comme ’’orientales’’.
Le choix de l’OTAN : pour mieux vivre libre ?
Une européanité méconnue et longtemps ignorée par l’Occident. Un Occident dont la Lettonie a - par ailleurs - bien mal compris l’indifférence à l’époque où, à la suite du pacte germano-soviétique d’août 1939 et après les péripéties du second conflit mondial, elle subissait la dictature stalinienne et le totalitarisme soviétique.
Ce qui explique que la Lettonie, dès sa libération de la férule soviétique, ait alors presque immédiatement fait acte de candidature à l’OTAN : seule organisation militaire internationale qui soit alors, à ses yeux et quelle qu’en soit effectivement la direction ’’atlantiste’’, vraiment capable de garantir son indépendance politique face à quelque éventuelle ’’tradition impérialiste’’ émanant pour l’heure depuis la grande Russie voisine.
C’est pourquoi, en ce 28 novembre 2006, s’ouvre le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’ « Alliance atlantique » [2] à Riga, en Lettonie : pays membre depuis 2004 [3] d’une alliance militaire comptant aujourd’hui 26 Etats membres et de nombreux pays candidats à l’adhésion : comme certains pays des Balkans occidentaux (comme la Croatie...), certains pays du Caucase (comme la Géorgie...) ou encore l’Ukraine.
De la volonté de ne pas froisser la grande Russie
Ainsi l’entrée de la Macédoine, de l’Albanie et de la Croatie dans l’OTAN devait initialement faire l’objet d’une annonce officielle lors de ce sommet de Riga. Or, aux dernières nouvelles, il semblerait que cette annonce soit finalement reportée à une date ultérieure (et qu’il n’y aura sans doute pas de nouvelle adhésion effective à l’OTAN avant 2009, voire 2010).
Notamment parce que certains Alliés (dont la France [4]) souhaitent aujourd’hui qu’il soit - là aussi - opéré une ’’pause’’ dans les ’’élargissements’’. Et ce, sans doute, pour ne pas froisser la grande Russie voisine, avec laquelle l’OTAN a signé un accord de partenariat et de coopération militaire en 1994, mais qui voit néanmoins d’un très mauvais oeil cette ancienne ’’ennemie’’ installer ses propres bases militaires jusque sur les marches occidentales du vieil Empire...
Et cela, précisément au moment où - comme on a pu le voir ces tous derniers jours [5] - les relations entre l’Union européenne et la grande Russie ne sont, par ailleurs, pas nécessairement aujourd’hui au beau fixe, ne serait-ce que sur les seules questions énergétiques...
L’OTAN, l’UE, l’UEO...
Des questions complexes abordées à l’heure où les Etats membres de l’OTAN semblent vouloir voir l’Alliance intervenir désormais bien au-delà de sa seule zone d’intervention traditionnelle [6]. Des questions complexes en un temps où certains voudraient (notamment dans les pays d’Europe centrale et orientale) effectivement voir s’établir une ’’connection’’ directe entre UE et OTAN.
Et ce, alors même que certains autres (notamment dans les pays d’Europe occidentale, comme la France) aimeraient vivement disjoindre les deux ’’systèmes’’ au profit de quelque nouvelle ’’identité européenne de défense’’ véritablement autonome dans le cadre (voire en dehors...) d’une nouvelle Alliance atlantique ’’rénovée’’ : comme pourrait peut-être effectivement l’être l’actuelle UEO, timide ’’bras armé’’ de l’UE.
Et tout ça, en ces deux jours de sommet, sous la présidence ’’hôte’’ temporaire et informelle de Mme Vaira Vike-Freiberga, présidente de la Lettonie (élue en 1999, réélue en 2003) récemment encore candidate au poste de Secrétaire général des Nations unies : une femme de caractère dont on a vu, récemment encore, l’attitude très critique à l’égard de la Russie poutinienne et post-soviétique...
L’occasion pour nous, en tout cas, d’ouvrir le dossier.
Ronan Blaise (pour la rédaction).
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