Ces prochaines semaines et pendant les quinze premiers jours de janvier prochains, c’est donc ainsi près de 1450 tonnes de pièces de monnaie (fabriquées en Finlande) et environ 73 tonnes de billets (fournis par la BCE), transportés en Slovénie dans le plus grand secret, qui devront alors remplacer les vieilles pièces et anciennes coupures du pays, actuellement en circulation.
Ainsi, après quinze ans de bons et loyaux services, le tolar va disparaître dans les oubliettes de l’Histoire.
Et ce, visiblement sans regret aux yeux de la population slovène puisque, d’après un sondage réalisé en juin dernier par la « Banska Slovenije » (Banque centrale de Ljubljana) le basculement vers la monnaie unique semble recueillir aujourd’hui l’assentiment d’environ 82% des slovènes sondés [1].
Le dinar et le tolar, dans les oubliettes de l’Histoire
En effet, les Slovènes ne semblent pas vraiment beaucoup ’’psychologiquement’’ s’inquiéter de ce prochain changement puisque (d’après un sondage effectué en juin dernier par la « Banska Slovenija », Banque centrale de Ljubljana) la crainte d’une éventuelle perte d’identité nationale n’est évoquée que par (seulement) environ 2.5% d’entre eux...
Ainsi, ce ’’tolar’’ au nom si proche de l’actuelle devise américaine [2]semble avoir bien mené sa principale ’’mission historique’’ : ayant surtout servi à chasser le ’’dinar’’ [3], ancienne monnaie et symbole honni de l’ancienne Yougoslavie titiste et communiste. Le dinar : une monnaie définitivement décrédibilisée par des décennies de mauvaise gestion économique et, coup de grâce, par l’hyperinflation record de la fin des années 1980 (laquelle atteignait alors des taux record autour de 500%).
Une situation à laquelle la mise en place du tolar et une saine gestion des comptes publics et de l’économie nationale ont permis d’abaisser récemment le taux d’inflation au niveau enfin acceptable d’environ 2,5%. Quoi qu’il en soit, il s’avère aujourd’hui que l’euro est bel et bien une réalité tangible par les Slovènes depuis déjà fort longtemps.
En effet, habitués à aller - sous l’ ’’ancien régime’’ yougoslave - en Allemagne ou en Autriche pour y échanger leurs dinars dévalués contre des deutsche mark ou des schillings, les Slovènes se sont pareillement mis à l’euro dès 2002. Comme en témoigne d’ailleurs un récent sondage affirmant que près de 85% des Slovènes savent déjà aujourd’hui reconnaître les pièces et coupures européennes...
Une société aujourd’hui en mouvement
En tout cas les entreprises slovènes se sont déjà mises à l’euro. Et presque toutes à ce jour puisque les trois quarts de leurs transactions financières et monétaires s’effectuent, depuis la fin 2004 (selon le FMI), en euro. Et il en va de même de l’État, vu qu’en cet automne le parlement slovène a récemment adopté, grande première historique, son premier projet de loi de finances entièrement ’’libellé’’ en Euro.
Néanmoins si la population slovène se méfie au moins bien d’une chose, c’est de l’inflation. Et le souvenir de la banqueroute de l’économie yougoslave (et de l’hyperinflation à trois chiffres qui l’accompagnait alors...) n’y est pas pour rien.
Ainsi des inquiétudes se sont déjà manifestées dans la population slovène de voir les prix fortement augmenter chez certains commerçants (et le pouvoir d’achat fortement baisser...) à l’occasion de la mise en place de la monnaie européenne. Et aujourd’hui (d’après un sondage effectué par la Banque centrale slovène) trois slovènes sur quatre redoutent effectivement de subir une lourde perte de pouvoir d’achat. À l’image de ce qui s’est effectivement récemment produit, chez les voisins italiens, depuis la mise en place de la monnaie unique...
La hantise de l’inflation
Une menace ’’inflationniste’’ prise aujourd’hui très au sérieux par les pouvoirs publics slovènes lesquels gardent en tête le souvenir de l’hyperinflation de la fin des années 1980 et instruits par les mauvaises expériences et les dérapages qui se sont récemment produites dans les pays mêmes de la zone euro.
C’est pourquoi, depuis un an, les autorités slovènes ont pris des mesures exceptionnelles pour gérer au mieux (et en toute transparence...) le passage de leur pays à la monnaie unique. Ainsi, afin d’informer très scrupuleusement les populations slovènes sur la réalité de l’inflation, c’est toute une batterie de mesures qui ont été prises en concertation avec les décideurs économiques et avec les populations.
Au menu (et en amont même du basculement dans l’euro) : double-affichage, examen et contrôle des prix pratiqués, surveillance étroite du taux d’inflation (depuis mars dernier), mise en place (en avril dernier) d’un institut, financé par l’État, de veille indépendant, association aux travaux de celui-ci des organismes de défense des consommateurs, publications régulières d’un examen détaillé des prix sur un ’’panier virtuel’’ d’une centaine d’articles, distribution gratuite de 700 000 calculettes dans la population, etc.
Et figurez-vous que cet examen commence à porter ses fruits et à dédramatiser un basculement dans l’euro qui n’en n’avait en fait sans doute pas besoin. Et certes des dérapages ont dors et déjà été signalés mais, cela, avant même la mise en place de la monnaie unique (et, principalement ’’épinglés’’ alors : les services mêmes de l’État, notamment dans le domaine très particulier et très sensible des services publics payables par abonnement : électricité, téléphone, eau courante, par exemple...).
Pour l’heure à Francfort, au siège de la BCE, on cherche surtout - mais sans véritable angoisse ni inquiétude particulière - à bien gérer la lourde logistique et le basculement technique de ce passage de la Slovénie à la monnaie unique. Une procédure lourde et pourtant non sans risque...
Mais voilà un ’’big bang’’ monétaire qui, cependant, s’annonce aujourd’hui sous de bons auspices. Puisque symbole, pour la Slovénie et pour son économie dynamique [4], d’une entrée matériellement tangible - et au combien spectaculaire ! - dans le ’’club des grands’’. Donc, quoi qu’il en soit : bienvenu au club, chère petite Slovénie !
1. Le 5 janvier 2007 à 15:05, par Le Toulonnais En réponse à : Euro : la Slovénie prête au grand saut
Je suis très content que la Slovénie ait réussi à rejoindre le cercle restreint des pays de la zone euro. On peut dire que c’est un succès politique pour ce pays 15 ans après son indépendance de la Yougoslavie communiste.
J’ai hâte de voir les pièces slovènes en euro pour les joindre à ma collection (Il y a que la pièce de 1€ de St-Marin que j’ai acheté)
– Déja complète : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Grèce, Italie et Pays-Bas.
– Pièces Manquantes : 1 et 10 cent d’Irlande, 1 cent du Luxembourg, 1-2-5-20 cent de Monaco, 1 cent du Portugal, les pièces du Vatican et celles de Saint-Marin (sauf la pièce de 1€)
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