Europe à l’École, ou la rencontre d’initiatives européennes

Entre avril et Septembre 2008, les Jeunes Européens-Bordeaux sont intervenus à deux reprises au collège de Gémozac, petite commune de Charente-Maritime à 1h de Bordeaux, dans le cadre du programme Europe à l’École. L’objectif d’Europe à l’École n’est pas de donner un cours d’Europe mais de venir échanger avec des élèves de tous âges et leurs enseignants. Les thèmes abordés sont décidés en collaboration avec l’enseignant afin que le contenu de l’intervention soit adapté au niveau des élèves, à leurs centres d’intérêts et aux enjeux pédagogiques de leur année scolaire.

Accueillis au collège Jules Ferry par la professeure d’anglais, nous avons rencontré dans son bureau le principal du collège, ravi d’ouvrir ses portes à des étudiants du campus bordelais. Après un accueil chaleureux de la part du personnel enseignant de l’établissement, nous nous sommes rendus dans la classe pour commencer l’intervention. Europe à l’École est l’occasion de faire prendre conscience aux jeunes de la place qu’occupe l’Europe dans leur quotidien. A Gémozac, comme souvent, nous y parvenons en parlant des symboles de l’Union européenne : « le drapeau européen, c’est quoi ? est-ce qu’il est sur le fronton de votre mairie ? » ou encore « L’euro, pourquoi il y a une face commune et une face nationale ? Vous avez des euros étrangers sur vous, faites voir ? »

Tous les élèves ont une pièce sur eux et dès lors l’Europe les concerne, ils peuvent la toucher : c’est gagné ! Mais ce n’est qu’un début et il nous incombe par la suite de créer la réflexion sur des sujets plus complexes, souvent fondamentaux tels que les frontières de l’Union, la différence entre Union européenne et Europe etc.

L’enseignante responsable de la classe rencontrée à Gémozac souhaitait évoquer le sujet des programmes communautaires d’échanges entre jeunes comme Erasmus, Comenius. Après une courte présentation de ces programmes, nous avons mis en place un jeu de rôles : les idées ont fusé et chacun avait son mot à dire.

Le totem des capitales européennes

Après l’intervention, l’enseignante d’anglais, notre guide pour la journée, nous a fait découvrir la fabuleuse réalisation des élèves de l’an dernier qui trône aujourd’hui dans la cour de l’établissement : un totem des capitales européennes.

Pendant toute une année scolaire, les élèves d’une classe de 4ème ont réalisé un immense panneau portant 27 flèches, soit une pour chaque capitale de l’Union Européenne. Chaque élève a commencé par faire des recherches sur la capitale et le pays qu’il s’était vu confié : son drapeau, son histoire, la distance qui sépare la capitale de Gémozac, quelques éléments typiques pouvant être représentés sur le panneau final, ou encore l’alphabet utilisé.

Une fois ces informations compilées dans un petit dossier, c’est la partie arts plastiques qui a pris le relais. Il a fallu peindre la flèche d’après le drapeau, y inscrire le nom de la capitale dans la langue du pays, la distance en kilomètres depuis Gémozac et ajouter enfin quelques éléments distinctifs de chaque pays, parfois clichés, parfois recherchés, mais toujours percutants.

Approcher l’Europe de manière ludique et pluridisciplinaire

Nous avons été séduit par ce superbe projet qui a permis à toute une classe de se mobiliser et d’approcher l’Europe, au sens propre : de la rendre proche, concrète, voisine. Le tout de manière ludique, sur plusieurs mois. Ce projet pluridisciplinaire a aussi été l’occasion de mobiliser l’équipe pédagogique, en faisant travailler ensemble les professeurs de différentes matières. En histoire-géographie, il a fallu aider à la partie préparatoire de recherche sur le pays et la ville concernée ; en langues étrangères, on a appris à prononcer le nom de capitales et leur graphie parfois différente (en grec, en bulgare...) ; en mathématiques on a calculé l’angle pour orienter la flèche et le kilométrage ; et enfin, en arts plastiques, on a donné forme et couleur au totem.

Ainsi, derrière une idée de départ toute simple, c’est l’ensemble du collège qui s’est mis aux couleurs de l’Europe. Nous avons été d’autant plus sensible à cette grande réussite qu’elle a eu lieu dans un petit collège, dans un environnement rural, où les grands projets des institutions communautaires n’ont que peu d’écho.

Maintenant, pour Gémozac, c’est déjà trop tard, le virus de l’Europe est inoculé : une classe européenne a vu le jour à la rentrée 2007 et des projets de jumelage européen sont en route.

La nécessité d’entretenir le symbolique

L’expérience de Gémozac montre à quel point nous avons besoin de symboles, de points de repère. Pour un élève de ce collège, l’Europe, désormais, c’est Vilnius à 2.500 km de Gémozac, ce sont des drapeaux, des lettres, des mots et des images.

La symbolique de l’Europe ne fait pas la démocratie, n’arrange rien à la codécision ni ne règle les problèmes de la PAC. Mais elle permet au citoyen européen de s’approprier l’Europe, de l’intégrer et l’identifier comme l’une des communautés auxquelles il appartient. C’est pour cela que ce totem est beau. C’est aussi pour cela que les Jeunes Européens se sont indignés contre le retrait des symboles officiels de l’Union lors du passage du Traité Constitutionnel au Traité de Lisbonne. Même si depuis le Parlement Européen a corrigé le tir en faisant du drapeau, de la devise et de l’hymne les symboles officiels de l’Union, nul ne sait si le drapeau étoilé continuera de flotter sur le Quai d’Orsay après le prochain remaniement ministériel.