Présidentielle 2007 et Europe

François Bayrou : refaire du sujet européen un sujet politique

Intervention lors du Forum de Paris du 12/02/07

François Bayrou : refaire du sujet européen un sujet politique

Pour F. Bayrou, il faut refaire du sujet européen, un sujet politique, d’engagement politique, un sujet citoyen. La page de l’Europe des experts doit être tournée pour retrouver la vocation d’une Europe pour les citoyens.

« Le peuple français est un peuple de citoyen : les français veulent intervenir dans les débats et ne se satisfont pas du seul principe représentatif. »

Il a identifié trois raisons au non du 29 mai 2005 :
 le texte étant illisible, les français ont eu l’impression qu’il y avait un piège (un modèle de société ultra-libérale),
 la crainte d’une Europe qui hache les identités,
 la crainte d’une Europe qui jouerait le jeu de la mondialisation.

Pourtant l’Europe serait faite pour « sauvegarder un projet de société originale, une identité ».

Pour le candidat centriste, aucune question ne peut être résolue si l’Europe ne retrouve pas sa vigueur, et la confiance des citoyens (immigration, politique économique, climat, Proche et Moyen-Orient, énergie…). Tous ces sujets requièreraient l’Europe et la démocratie.

Concernant le Traité constitutionnel, F. Bayrou a rappelé que 18 pays ont ratifié le texte et qu’en conséquence le rapport de force n’est pas favorable à la France. « Le futur Président de la République française devra s’adresser aux chefs d’Etats et de gouvernements européens en disant que la décision politique ne pourra pas se faire dans un rapport de force : chacun devra faire un pas vers l’autre. »

François Bayrou propose de différencier deux sortes de dispositions dans le texte : des dispositions démocratiques et nouvelles et des compilations des traités antérieurs. Il faudrait peut-être selon lui explorer la voie d’une distinction entre ces deux axes.

Il insiste sur le fait que rien ne serait plus dangereux que de vouloir creuser davantage le fossé entre les citoyens et l’Europe. « On ne peut pas résoudre le problème institutionnel en éludant le vote français du 29 mai 2005. » Le nouveau choix ne pourrait être pris que par un même référendum des citoyens.

(Merci à Pauline Gessant pour sa contribution)

Illustration : François Bayrou à Vandoeuvre-les-Nancy (France), photographie de Solensean sous Creative Commons.

Vos commentaires
  • Le 25 février 2007 à 21:41, par Valéry En réponse à : François Bayrou idole des nonistes ?

    Je remarque un fait amusant en parcourants les blogs de militants nationalistes par ailleurs adhérents socialistes : plusieurs de ces nonistes non repentis envisagent très sérieusement de voter pour Bayrou, probablement l’un des plus fédéralistes des candidats à part peut être Allenbach. Ils ne voient pourtant aucune contradiction dans cette affaire, admettant ne pas être d’accord sur l’Europe avec lui mais y voyant peut être un autre moyen de dire « Non ». Comprenne qui pourra.

  • Le 26 février 2007 à 16:00, par Ronan En réponse à : François Bayrou idole des nonistes ?

    L’actuel succès de François Bayrou auprès de certaines parts de l’opinion publique (dont, effectivement, aussi bien d’anciens ouïstes que d’anciens nonistes...) tient effectivement, quant aux seules thématiques européennes, à plusieurs choix politiques proclamés par le candidat centriste :

    (1) Il émet un diagnostic sévère sur l’actuelle UE (sans renier ses vertus passées...), réclame l’urgence d’une réforme des institutions et dit souhaiter la rédaction d’une Constitution européenne.

    Des propos qui ne peuvent donc qu’aller droit au coeur de tous ceux qui - par amour de l’Europe, positionnement ’’légitimiste’’ à l’égard du ’’projet européen’’ et/ou par soucis d’améliorer et de réformer le présent fonctionnement de l’UE - ont alors voté OUI, lors du référendum de mai 2005...

    Des propos qui ne peuvent guère que lui aliéner ceux d’entre nos compatriotes (bien peu nombreux, en fait...) qui - par nationalisme et souverainisme intégral - ne veulent absolument pas entendre parler de quelque Constitution que ce soit pour l’Europe (électeurs de toute façon bien éloignés de la sensibilité centriste traditionnellement ’’européenne’’ et qui n’auraient - de toute façon - sans doute jamais voté pour le candidat Bayrou...).

    (2) Il demande la rédaction d’un texte plus court, plus simple, enfin débarrassé de sa partie III (i. e : de rappel de l’acquis communautaire).

    Des propos qui ne peuvent donc qu’aller droit au coeur de tous ceux des partisans du TCE qui, pendant la campagne référendaire, ont alors eut le sentiment de se battre - en vain, découragés et bien seuls - pour un texte trop complexe, inutilement alourdi et décidément bien mal fagotté.

    Des propos qui ne peuvent également qu’aller droit au coeur de tous ceux des adversaires du TCE qui - critiques à l’égard des politiques communautaires sans être nécessairement hostiles à un projet d’Union politique - ne veulent décidément surtout pas entendre parler de politiques prédéfinies (et libérales ?!) dans un texte pouvant être de nature constitutionnelle.

    (3) Il préconise la ratification de tout traité européen (quel qu’il soit) par la voie référendaire plutôt que par la voix parlementaire.

    Ce disant, il ne renie donc pas la dimension éminemment démocratique et symbolique du choix à faire (ce qui lui permet ainsi de gagner la faveur de ces anciens électeurs ’’nonistes’’ qui souhaitent, toujours et malgré tout, que leur vote majoritaire de mai 2005 soit reconnu).

    De même, il peut ainsi susciter l’ ’’enthousiasme’’ de tous ceux qui se disent qu’avec lui (et avec de telles méthodes et de telles démarches) le débat européen pourra être ’’verrouillé’’ à jamais par le seul ’’peuple souverain’’...

    (4) Il préconise des réformes fédéralistes, sans guère en utiliser ouvertement le mot...

    Ce faisant, il évite de heurter de plein fouet l’incompréhension culturelle des français à l’égard du seul terme ’’fédéralisme’’, tout en laissant la porte ouverte à tous ces électeurs qui, en mai 2005, ont voté NON pour avoir souverainement estimé que le TCE n’était décidément pas un texte assez fédéraliste...

    Bref, ce qui plaît aujourd’hui dans Bayrou pour bon nombre de nos compatriotes, c’est qu’il leur propose - sur tous ces sujets européens - des choix ’’consensuels’’, des positions ’’non clivantes’’ et des options ’’rassembleuses’’ et, somme toute, ’’fédératrices’’ qui peuvent plaire aussi bien aux uns qu’aux autres, quelque soient leurs positions initiales.

    Reste néanmoins à savoir si ces choix - effectivement ’’lisibles’’ pour des électeurs français - peuvent également être entendus de l’ensemble de nos partenaires européens...

  • Le 6 mars 2007 à 14:34, par Lame En réponse à : Vision d’’un « nationaliste » sur Français Bayrou

    Le rêve d’une majorité de citoyens français et d’une majorité de citoyens des Etats de l’UE occidentale est la création d’une fédération d’Etats-nations (pas de régions), démocratique, laïque et sociale, puissante et indépendante des USA. J’appelerais ces gens, dont je fais partie, les fédéralistes sociaux et leur rêve, le « rêve européen ». La majorité des opposants français au Traité constitutionnel sont des fédéralistes sociaux, ce qui explique notamment qu’une majorité d’opposants au Traité ne soient pas hostile à la construction européenne. Mais certains refusent pas principe d’admettre (publiquement) que l’on est pas forcément hostile à l’Europe parce qu’on veut une autre Europe.

    On a fait miroiter en de nombreuses occasions le rêve européen pour convaincre les fédéralistes sociaux d’accepter des réformes censées mener à sa réalisation ; le traité de Maastricht en est un exemple. Ces réformes n’ont jamais visé qu’à la réalisation du projet européen actuel, càd une OMC européenne en déficit démocratique, atlantiste et sinophile, hostile aux institutions centrales des Etats membres et aux Nations, ultralibérale, incapable de reconnaître la moindre erreur, le moindre échec malgré la place qu’elle tient dans nos vies (80% de notre législation). Le bilan est à la hauteur des défauts : impuissance ou invisibilité des institutions européennes lors de la Guerre du Koweit, la Deuxième Guerre d’Afghanistan, l’Invasion de l’Irak, etc...(La libre concurrence, combien de divisions ?), des antagonismes nouveaux et des divergences de besoins et d’intérêts qui ruine la construction européenne, des citoyens méfiants à l’égard des institutions européennes et souvent abstentionnistes. Les institutions européennes font beaucoup d’effort pour démanteler les institutions et politiques nationales mais ne fournissent aucun substitut valable. Ceux qui osent émettre des critiques sont immédiatements dénigrés : « nationalistes », « souverainistes », « anti-européens », « mauvais élèves de l’Europe », « réactionnaires », « fascistes », « racistes », « idiots », « enfants », « membres de l’Axe du Mal franco-allemand »(?!). Le bon citoyen européen est celui qui vote oui sur commande à la proposition qui lui est faite : les eurocrates ont raison, ils ont toujours raison. Il est entendu que seul ceux qui approuvent la proposition peuvent l’avoir lu : comment ne pourrait-on pas croire après avoir lu le « sceau des traités » ?

    Le Traité constitutionnel a été écrit dans le mépris des révendications de longue date des citoyens européens et des fédéralistes sociaux. Il conserve et achève le projet d’OMC européen par des réformes de procédures et de pondération de voix. Pire, le processus de révision et les limites imposées aux institutions européennes empêcherait toute la réalisation ultérieure du rêve européen, y compris en passant préalablement par la case « confédération » comme l’ont fait les Américains et les Suisses. Aucun changement d’orientation. Aucune réponse aux problèmes de fond de l’Union : Que faisons-nous ensemble ? (pas de répartition consensuelle des compétences), Comment le faisons-nous ? (Toujours pas de choix clair entre le confédéralisme, le fédéralisme et l’Etat européen unitaire). Pendant les travaux de la Convention et le processus de ratification, les dirigeants européens ont ouvertement parlé d’abandonner ce projet et de s’en tenir à « l’OMC » européenne actuelle. Le mérite de Nicolas Sarkozy à ce niveau est de donner les vrais raisons du Non. Le mérite de Bayrou est d’avoir réellement le désir de résoudre les problèmes exposés par Sarkozy et d’être le bon interlocuteur pour y arriver.

    En tant qu’opposant au Traité constitutionnel et fédéraliste social, je me tourne plus volontier vers un Bayrou qui cajole médiatiquement les gens du Oui par stratégie, a des propositions concrètes et nous laisse un espoir de réforme. Toutefois, j’ajouterai que la France est en campagne présidentielle et non législatives européennes. Il ne faut donc pas uniquement juger l’engouement des gens du non pour Bayrou sur base de son programme européen. Des Français divisés sur les questions européennes peut vouloir une réduction de la dette publique, un gouvernement d’union nationale et des propositions raisonnables et réalisables. Moi-même, je soutien Bayrou parce que j’ai, dans les circonstances présentes, le choix entre Ségolène, Sarkozy et Bayrou et que le programme national de Bayrou et ses qualités d’homme d’Etat en font un choix préférable aux deux précédents. Sa politique européen est un bon point parmis d’autre. Mon vote en faveur de Bayrou aux présidentielles ne m’engage nullement en sa faveur pour les autres élections. Ainsi, j’ai toute confiance en un Président Bayrou pour négocier efficacement avec les autres Etats membres et forger une outil européen plus démocratique et efficace (il en est plus capable qu’un Dupont-Aignan ou un De Villiers) mais j’ai d’avantage confiance en un député européen Dupont-Aignan ou De Villiers pour utiliser cet outil à l’avantage des citoyens européens (ils en sont plus capables que Bayrou). Chacun à sa place.

    En tant qu’opposant au traité, je suis prêt à accepté le prochain texte fondamental soumis au référendum s’il respecte les conditions suivantes : (1) Les chambres législatives (actuellement Parlement européen et conseil des ministres) sont élues directement). (2) Les mandataires des chambres législatives européennes ont le droit de proposer individuellement des actes législatifs, des amendements concurremment au pouvoir exécutif (à ce niveau plus d’Europe type « 1852 » et plus de réformette) (3) Tous les articles du texte fondamental sont révisables dès la promulgation du texte. (4) Le texte fondamental est révisé par référendum uniquement. (5) Les révisions du texte fondamental peuvent être proposées par des mandataires ou des organes élus, sans contrôle ou veto des organes non élus et sans obligation d’unanimité. (6) Le droit de sécession est garanti.

    Demandez-vous combien de citoyens européens, en France et dans les autres Etats membres, seraient contre les propositions ci-dessus. Demandez-vous s’il est impossible d’écrire et proposer un tel texte aux citoyens européens. Demandez-vous si le traité constitutionnel répond à ces attentes, hormis en ce qui concerne le droit de sécession. Demandez-vous si on peut écrire un traité conforme à ces attentes autrement que par un processus démocratique : rédaction par une assemblée constituante élue directement par les citoyens européens, ratification par référendum. Demandez-vous enfin qui est le « mauvais » européen et qui est hostile à tout compromis.

  • Le 12 mai 2007 à 04:29, par Ali Baba En réponse à : Vision d’’un « nationaliste » sur Français Bayrou

    « La majorité des opposants français au Traité constitutionnel sont des fédéralistes sociaux » ? je ne crois pas. Une bonne moitié des « nonistes » proviennent des rangs de Le Pen, De Villiers, Dupont-Aignan ou autres Pasqua, qui ne veulent absolument pas entendre parler d’une fédération, et encore moins d’une fédération « sociale ». Quant à l’autre moitié, elle comprend quand même les chevènementistes, les trotskistes et les communistes. À mon avis vos « fédéralistes sociaux » doivent représenter environ 10 des élécteurs (15% maximum), ce qui est très loin de la majorité.

  • Le 12 mai 2007 à 09:56, par valery En réponse à : Vision d’’un « nationaliste » sur Français Bayrou

    Je suis assez d’accord avec alibaba sur ce point : le Non était une agglomération de tendances différentes : des nationalistes identitaires issus de l’extrême droite ou du gaullisme, des sociaux nationalistes d’extrême-gauche et les socialistes archaïques qui racolent leur électorat et enfin, oui, quelques fédéralistes (sociaux ou non) déçus par l’absence de progrès majeurs dans la construction européenne. Il me semble néanmoins abusif d’extrapoler pour dire que ces derniers étaient majoritaires.

    Les conditions que vous posez sont assez étranges car vous exigez de l’Europe beaucoup plus que ce qui se pratique dans la constitution nationale. Exiger qu’elles soient toutes remplies dans le contexte actuel et refuser les progrès et étapes intermédiaires me semble relever d’un maximalisme assez contre-productif qui risque de conduire au maintien du statu quo, c’est à dire l’absence de gouvernance véritable de l’Europe et le pouvoir au main d’un praesidium composé des exécutif nationaux et de procédures diplomatiques et non pas démocratiques. L’Europe ne tombe pas du ciel et il faut des étapes intermédiaires sauf à espérer un Grand Soir où nos 27 gouvernants décident soudain de déposer leurs prérogatives aux pieds du peuple européen. Le problème c’est que cela n’arrivera pas et que sauf à accepter des progrès graduels on se résigne au maintien d’un ordre dirigé par les États-nations c’est à dire au nationalisme.

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