Handicap : à quoi sert la convention des Nations Unies ?

, par Aurélien Daydé, Doriane Fuchs

Handicap : à quoi sert la convention des Nations Unies ?

Du 2 au 4 septembre 2009, les États parties à la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées se réunissent à New York afin d’envisager des moyens de renforcer les droits de 650 millions de personnes. Depuis son entrée en vigueur en 2008, le nombre de ratifications a plus que doublé, mais une question se pose : un traité international améliore t’il vraiment la vie des personnes en situation de handicap ?

La Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées avait déjà battu des records de signatures avant même que Barak Obama n’annonce l’adoption du traité par les Etats Unis en Juillet dernier. Depuis cette date, la Belgique, l’Australie et la République Dominicaine on ratifié le traité. Il ne serait pas juste de dire que la signature des Etats Unis a entrainé une vague d’engagement.

En revanche, celle-ci a sans aucun doute donné une impulsion pour les droits des personnes handicapées. En effet, les Etats-Unis n’ont ratifié que 3 Conventions dans toute leur histoire et la dernière remonte à 1987. De plus, il faut souligner que cette Convention est la première adoptée par les Nations Unies en 20 ans. A l’annonce de la signature, le Président des Etats-Unis, Barack Obama a rappelé que « les droits des personnes en situation de handicap sont des droits qui doivent être universellement reconnus ». Cela marque une rupture avec la tradition américaine refusant d’être lié aux traités internationaux. Ayant recueilli 142 signatures et 66 ratifications en seulement 29 mois, la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées révèle un engagement sans précédent de la communauté internationale.

L’accueil Européen de la Convention

En Europe, plus de 65 millions de personnes vivent avec un handicap, ce qui représente plus de 10% de la population de l’Union. Depuis son entrée en vigueur en Mai 2008, la Convention a été signée par tous les Etats membres ainsi que par les Communautés européennes. Le nombre de ratifications s’élève aujourd’hui à 9 pays européens. Pour la première fois de son histoire les communautés européennes vont se soumettre à un traité international sur les droits de l’Homme, et dans les Institutions, les rumeurs de couloirs annoncent une ratification sous présidence Suédoise avant la fin de l’année. La deuxième Conférence des États parties, à laquelle participent également des représentants européens de la société civile, se concentre sur le rôle des législations nationales et des mesures adoptées à ce niveau pour appliquer efficacement la Convention. En effet, la ratification par un Etat membre de la Convention l’oblige à réviser sa législation afin de la rendre conforme aux exigences du traité. Les participants partagent leurs expériences et s’efforcent d’établir une feuille de route afin de poursuivre au mieux la mise en œuvre de cet instrument.

Les priorités des européens en situation de handicap

Le Forum Européen des Personnes Handicapées est l’ONG qui représente les 65 millions d’européens en situation de handicap. Il est actuellement à New York dans le but de défendre les priorités du mouvement européen du handicap :

 l’accès libre et égal aux biens et services rendu possible grâce à la normalisation. En effet, en prenant en considération les utilisateurs en situation de handicap, la normalisation encourage l’égalité d’accès et permet d’éviter l’exclusion. Les normes ont un impact quotidien sur l’accès aux technologies de l’information et de la communication, à l’environnement bâti ou sur l’ergonomie des produits de consommation.

 l’accès aux technologies de l’information et de la communication permet l’intégration professionnelle et culturelle. Si les technologies ne sont pas accessibles aux personnes en situation de handicap, elles peuvent contribuer à créer de nouveaux obstacles et représenter de nouvelles discriminations. L’article 21 de la Convention encourage l’accessibilité mais nécessite une implication de la société civile pour son application concrète dans les pays signataires

 le droit de faire ses propres choix de vie : en améliorant la qualité des services sociaux et en favorisant leur accès, les personnes en situation de handicap auront davantage d’opportunités pour vivre de manière indépendante et faire leurs choix de vie. Bien que l’autonomie de vie et l’inclusion dans la société figurent à l’article 19 de la Convention, ce dernier est au programme des discussions lors de la Conférence des Etats parties afin d’en optimiser l’impact. « L’autonomie de vie » représente une philosophie et un mouvement de personnes handicapées qui œuvrent pour leur auto-détermination, l’accès à l’égalité des chances et la dignité humaine. Il permet aux personnes en situation de handicap de faire leurs propre choix de vie et de déterminer par elles-mêmes leur vie au quotidien. Grandir dans sa famille, aller à l’école de quartier, utiliser les transports en commun, occuper un emploi correspondant à sa formation et ses intérêts, construire une famille sont autant de droits que le principe de l’autonomie de vie défend.

La Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées est un texte extrêmement complexe dans son application et la société civile devra continuer à travailler à son interprétation et à sa mise en œuvre. L’engagement de la Communauté internationale pour le texte de l’ONU est un signal extrêmement positif vers l’égalité, l’universalité des droits de l’Homme et la lutte contre les discriminations.

Des progrès sont encore à réaliser dans tous les domaines, et l’autonomie de vie est un sujet clef de la rentrée 2009 pour les personnes en situation de handicap. Le Réseau européen pour la vie autonome (ENIL) organise en effet depuis 4 ans le Freedom Drive. Il rassemblera cette année 400 européens en fauteuil roulants ou accompagnés de chiens guides à Strasbourg le 16 septembre. Le nouveau président du Parlement, Jerzy Buzec, accueillera les -freedom drivers- de tous les pays membres et ouvrira les portes parlementaires pour une rencontre avec les eurodéputés au sein de l’hémicycle.

L’autonomie de vie sera aussi le thème de la journée européenne des personnes handicapées qui aura lieu le 3 décembre 2009. L’occasion pour les Institutions européennes de prendre en considération les priorités des citoyens en situation de handicap et de ratifier la Convention des Nations Unis, un pas de plus vers l’égalité des citoyens, avec ou sans handicap.

Illustration :Photos de Collectif Perspectives - Joueurs du T.I.C.

Source :http://www.facebook.com/album.php?aid=2010653&id=1400417420

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