Quel est votre sentiment sur la Communication sur le sport adoptée par la Commission européenne le 18 janvier dernier ?
J-LB : En regardant attentivement ce document, on se rend compte que la Commission a plein de projets sur différentes questions (dopage, violence, agents sportifs, naturalisations, financement du sport de masse, éducation et formation par le sport, sport et santé, etc.). Bref elle veut se saisir de l’ensemble de ces questions. C’est un très bon point. Ce n’était pas gagné d’avance. Et pour moi qui milite pour une UE offensive sur tous ces sujets, c’est une très bonne chose.
L’absence d’un budget « sport » ne risque-t-elle pas de remettre en cause ces bonnes volontés ?
J-LB : Aujourd’hui, c’est bien le problème. Dans cette période de gestion délicate des budgets nationaux, l’UE semble tétanisée à l’idée d’inventer de nouvelles ressources. Il faudra tôt ou tard que le débat s’engage et que nous dépassons cette frilosité. Deux possibilités s’offrent maintenant à nous : sans véritable budget « sport » pour 2014-2020, elle ne peut pas faire grand chose de plus que des actions préparatoires et demander des études. Mais cela se fait depuis 2009 et ce système va vite s’essouffler.
Avec un véritable budget « sport », l’UE va avoir un minimum de moyens pour mettre en œuvre sa politique sportive.
Reste qu’elle doit faire attention à se coordonner avec le Conseil de l’Europe pour éviter de se marcher sur les pieds (par exemple sur le dopage ou la violence, sur ces deux sujets le Conseil de l’Europe a déjà des Conventions, qui sont juridiquement contraignantes !). Elle pourra alors financer des projets qui peuvent aider à créer un sentiment commun d’appartenance à l’Europe, à mettre en place des actions pour réguler les migrations des jeunes sportifs, améliorer la santé par le sport...
L’avantage, c’est que le sport peut aider d’autres domaines (éducation, Santé, Jeunesse…). C’est un sujet sérieux, et il faut que l’UE en prenne conscience. Nous parlons quand même de fair-play financier, de migrations de sportifs mineurs, de corruption… je pense d’ailleurs que le sport peut servir de modèle à ce niveau.
Vous parlez de fair-play financier. Pensez-vous que ce système soit indispensable pour réguler davantage le football européen ?
J-LB : Nous sommes depuis maintenant trop longtemps dans l’hubris, la démesure. Comme toutes les bulles, cela finira par exploser. Le sport professionnel vit la tête dans les étoiles, les pieds enfoncés dans les sables mouvants. Il faut comprendre que derrière le folklore et les grosses voitures, c’est du recyclage d’argent sale et de pétrodollars, alors que de si nombreuses personnes vivent dans des conditions déplorables dans ces pays.
Allons-nous rester indifférents à tout ça ? Il est vital de remettre des règles. La première chose est donc de regarder enfin d’où vient l’argent. Ensuite, les clubs eux-mêmes seront demandeurs d’une grille de salaire. En ce sens, le rôle des think tank est de proposer aux acteurs une feuille de route et de mettre tout le monde devant ses contradictions, devant ses responsabilités.
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