Euro

L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

Les politiciens doivent parler vrai

, par Laurent Bonsang

L'Euro, un bouc-émissaire trop facile

« Ah ma bonne dame, mon bon monsieur, l’Euro a fait augmenter les prix… » Qui n’a pas entendu cette phrase ou une phrase similaire lors de conversations ?

Force est de constater que 5 ans après la mise en circulation des pièces et billets en Euros (petit rappel : l’Euro est en réalité entré en vigueur en 1999 ; voici la première erreur commise par la plupart des commentateurs), l’Euro est considéré comme responsable de l’augmentation des prix.

Responsable, bouc émissaire ou prétexte facile ?

Voici la question que nous devons nous poser.

En premier lieu, constatons qu’en effet les prix ont augmenté notamment et principalement au niveau des produits de consommation courante mais n’y a-t-il pas déjà le fameux syndrome des trains où l’on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure. L’augmentation des prix a toujours existé parfois de façon importante et parfois de façon très faible. Elle varie aussi selon les secteurs d’activité.

Ensuite sur l’Euro « responsable » de l’augmentation des prix. Une monnaie est une unité de compte, une unité de valeur. L’Euro a été défini par rapport au Franc français selon un rapport d’1 € pour 6,55957 FF assorti de la règle la plus simple en matière d’arrondis. Ainsi, en 2002 lors de la mise en circulation des pièces et billets en Euros, les prix, les comptes… ont été mécaniquement convertis en Euros selon le rapport de 6,55957 FF pour 1 €.

En France, un accord avait été conclu avec le Ministère de l’Economie et des Finances dans lequel les entreprises s’engageaient à ne pas profiter de la mise en circulation des pièces et billets en Euros pour augmenter leurs prix. Nous sommes dans une économie de marché ce qui signifie que les prix sont libres et il n’appartient pas au Gouvernement de fixer arbitrairement les prix (nous savons ce que cela a pu donner avant 1989 dans les pays du bloc soviétique).

Mais cette liberté est assortie de dispositions spécifiques notamment en ce qui concerne les services publics marchants (ce que l’on appelle en langage communautaire les Services d’Intérêt Economique Général – SIEG) ainsi que l’ensemble des dispositions relatives à la défense des consommateurs que les nombreuses directives européennes existantes n’ont cessé de développer : allant jusqu’à ce que la protection des consommateurs soit reconnue comme « clause transversale » c’est-à-dire devant être « intégrée dans la définition et la mise en œuvre des autres politiques et actions de la Communauté » (Article 153-2 tel qu’il existe depuis le Traité d’Amsterdam, le Traité Constitutionnel reprenant cette disposition dans son Article III-120).

Qui pour avoir un discours courageux sur l’Euro ?

J’en arrive ainsi à l’Euro « bouc émissaire » et « prétexte facile » car permettant à ceux qui décident d’augmenter les prix de le faire sans trop de complexe avec le succès « avéré » que les critiques sur ces augmentations seront mise sur le dos de l’Euro et non d’eux-mêmes. Nombre de secteurs économiques sont responsables de ces augmentations de prix par choix (l’objectif étant d’accroitre les marges et la rentabilité) mais aussi par contrainte (l’exemple des matières premières ; prenons celui du pétrole principalement depuis 2005 où l’augmentation du prix des carburants est due à l’augmentation des prix sur les marchés internationaux ; les prix ont augmenté que ce soit dans la zone Euro ou hors zone Euro). Il s’agit donc de choix de politique commerciale qui sont en réalité responsables de l’augmentation des prix et non de l’Euro.

Alors qu’en France se rapprochent les élections présidentielles d’avril et mai prochains, il est à craindre que des candidats tente de surfer sur le mécontentement de l’augmentation des prix dont l’Euro est rendu Le responsable. Je souhaiterais que ces candidats et leurs proches ne tombent pas dans la démagogie et ce populisme de bas étage en cherchant à brosser les mécontentements dans le sens du poil.

Au contraire, même si cela peut paraître compliqué (mais d’une part le simplisme est il honnête et d’autre part doit-on considérer que de toute façon les personnes ne sont pas en mesure de comprendre des choses complexes), il leur appartient d’expliquer les choses, de reconnaître que si les prix ont augmenté la responsabilité n’en n’est nullement imputable à l’Euro.

Certes ce discours ne serait pas le discours ambiant, celui à la mode mais le rôle d’un Politique n’est-il pas aussi d’expliquer concrètement les choses et de faire preuve de pédagogie et de ne pas tomber dans une surenchère électoraliste et démagogique telle que nous avons pu constater dans nombre d’arguments des opposants au Traité Constitutionnel lors de la campagne référendaire de mai 2005 ?

Illustration : photographie du siège de la Banque Centrale Européenne à Francfort (Allemagne) sur Wikipedia.

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Vos commentaires
  • Le 16 janvier 2007 à 10:24, par Catherine Guibourg En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Tout à fait d’accord avec votre analyse.

    L’effet hausse des prix/à cause de l’euro est maintenant tellement ancré dans l’inconscient collectif qu’il est encore plus tentant pour les politiques de rendre l’euro responsable de tous les maux.

    Comment dans ce contexte faire aimer notre monnaie commune ? C’est le défi auquel on doit répondre. Heureusement que des politiques comme A.Merkel ( voir son intervention à France Europe express ) ne jouent pas le jeu malsain de la critique démagogue et populiste.

  • Le 16 janvier 2007 à 11:40, par Marc Lavedrine En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Le statut de bouc-émissaire de l’Euro en France est tout aussi évident au regard des discours de nombreux responsables politiques français autour de l’Euro fort. Courant décembre, Mme Royal, Mrs Sarkozy, de Villepin et Breton n’ont eu de cesse de dénoncer la parité de l’Euro comme responsable des mauvais chiffres du commerce extérieur de la France. Fin décembre, l’Allemagne a rendu publics les chiffres de son commerce extérieur : avec 888 milliards elle est devenue en 2006 le premier pays exportateur de la planète. 888 milliards de quoi ? D’euros bien sûr !

  • Le 16 janvier 2007 à 18:39, par Le Toulonnais En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Quand des élections approchent, les hommes politiques jouent souvent avec la peur des français pour grimper dans les sondage.

    Par contre aucun ne dira par exemple que le prix de l’essence serait 25% plus élevé aujourd’hui si on avait conservé notre ancienne monnaie, car elle était moins forte que le dollar américain. Il y a eu certe des petites augmentations mais la hausse du pétrole a beaucoup jouée dans la hausse des prix dans les grandes surfaces à cause de l’augmentation des coûts des transports routiers (hausse du prix du pétrole = hausse du coût des transports routiers, aériens, ferroviaires, maritimes, ...). Toute cette méconnaissance favorise ensuite la propagation d’idées fausses sur l’euro et multiplie ainsi les mauvais sondages sur l’Union européenne.

  • Le 18 janvier 2007 à 14:14, par René Witczak En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Il ne faut pas se tromper de problème. Bien sûr l’existence de l’euro n’est pas synonyme de hausses des prix et je pense que les responsables politiques (en général énarques) ont suffisamment de connaissances, pour le savoir. Mais l’opinion publique le croît, alors il est de bonne politique de la suivre.

    Pourquoi l’opinion publique le croît ? Parce qu’elle constate les dérives des prix pratiquées par les commerçants de toute nature, utilisant la parité réduite euro/franc, pour en général, arrondir les étiquettes, sachant que les gens ne réagissent pas à l’idée que 10 cts d’euro cela fait 65 centimes de franc. Beaucoup de gens laissent 10 cts d’euros de pourboire pour un café à 1,10 E. Auraient’ils laissé 65 centimes auparavant ? En matière d’étiquettes, c’est exactement la même chose, demandez le aux services spécialisés à cet égard, des grandes surfaces. Par ailleurs, et c’est un autre débat, qui touche la hausse des prix, il serait interéssant d’étudier les changements de poids, de packaging, d’appellations qui autorisent les hausses. En tout cas ce n’est pas l’euro, en tant que tel.

  • Le 18 janvier 2007 à 21:21, par Thomas Rudolf En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    La France ne peut augmenter les salaires à cause de l’Euro.

    Si, si on le voulait, on le pourrait. Les entreprises privées pourraient le faire car la part des profits est relativement élevée. Seulement, elles ne le veulent pas pour ne point dégrader leur compétitivité vis-à-vis de la zone euro et celles du reste du monde. En effet, la politique privilégiée des États membres de la zone est la désinflation compétitive et la vigueur de l’euro accroît mécaniquement la valeur en dollars des salaires européens. En l’absence d’une politique de croissance de la demande intérieure sur toute l’Europe, nos entreprises sont donc contraintes de s’imposer une désinflation compétitive par des salaires contenus. Seulement, ce n’est pas une fatalité. Car cette option vient seulement de ce que l’Europe n’a pas, aujourd’hui, les instruments nécessaires pour conduire une politique de croissance, comme le font les Américains quand ils en éprouvent le besoin. Les investissements publics et privés en Europe sont faibles, et pèsent sur les gains de productivité, aujourd’hui parmi les plus faibles au monde. Si la croissance moyenne des salaires aux États-Unis et au Royaume-Uni est plus forte que dans la zone euro, et qu’en France en particulier, c’est parce que leurs gains de productivité sont sensiblement plus élevés. En conduisant une politique volontariste de croissance de la productivité, et donc d’accélération de la croissance économique par des investissements publics et privés bien supérieurs, on pourrait distribuer davantage de salaires. Car c’est la productivité qui dans la durée permet de nourrir les salaires.

  • Le 18 janvier 2007 à 23:15, par Fabien Cazenave En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Donc pour reprendre votre raisonnement depuis le début, ce n’est pas à cause de l’Euro que les salaires n’augmentent pas. C’est un problème plus global. Il faut donc arrêter de tout mettre sur le dos de notre monnaie commune.

  • Le 23 janvier 2007 à 23:00, par Fat Fred En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    La question de l’euro-source d’inflation, ou plus largement de l’euro-cause de la « vie chère » se rattache directement à la perception que nombre de Français ont de l’évolution de leur pouvoir d’achat. Comme le souligne l’article de Laurent Bonsang, sur la période 1999-2005, le taux d’inflation harmonisé au niveau de la France se situe dans la tendance de ses évolutions passées. En revanche, au tournant des années 2000, la France subit une poussée du chômage, le prix du logement neuf ou locatif continue sa progression, de nouveaux besoins de consommation se développent à des rythmes soutenus (ie. téléphone portable, achat de matériel informatique, connexion internet, TV à écran plat), sans parler de l’augmentation du prix du pétrole à la pompe (pour rappel le poste « automobiles » représente entre 35 et 40% du budget annuel d’un ménage), sans oublier l’effet « 35H » qui s’est traduit par plus de temps libre, mais le gel des salaires. Statistiquement, le niveau de vie s’est indiscutablement amélioré sur les 40 dernières années, y compris pendant la dernière décennie. Mais les modifications de la structure de consommation, ainsi que l’augmentation du coût des postes logement et automobiles conduisent à rogner sur les autres postes, dont celui alimentaire et de l’habillement. D’où le sentiment tout à fait raisonné de ne plus avoir de quoi « boucler les fins de mois » (pauvreté subjective). Ce sentiment est largement alimenté par une situation malheureusement objective : la pauvreté monétaire de plus de 10% de la population (population dont le revenu est la moitié ou moins du revenu médian).

  • Le 24 janvier 2007 à 14:35, par Thomas Rudolf En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Que vous vouliez déconnecter l’inflation perçue de l’introduction de l’Euro est une chose, que vous vouliez parler d’une pauvreté « subjective » est grave. Vous raisonner « à froid » en ne connaissant apparement pas la rue et le monde des ouvriers et des employés.

    Il n’y a pas de pauvreté subjective mais une prolétarisation généralisée, des mises en chômage massif et un dérapage du partage des richesses du en partie « à l’Europe qui désunit plus qu’elle n’unit » comme le dit Jean Paul Fitoussi, expert au Parlement Européen dans le cadre de la Commission économique et monétaire.

    Par exemple, pour les professeurs, le rectorat reconnaît à présent officiellement une perte de 20% du pouvoir d’achat depuis 1981. Rien qu’à partir de l’année 2007 nous allons perdre annuellement 1600 euros par an à cause d’une mesure que l’on catalogue dans la réduction des dettes de l’état pour respecter les critères de Maastricht. La simple mise au niveau pour respecter les critères et préparer l’introduction de l’Euro a coûté énormément aux peuples européens en général, en emplois, en service public, en « ajustement » divers, en RDS (Remboursement de la dette sociale), en impôt spécial (comme en Italie), etc...

    L’Europe devient un catalogue des pauvretés humaines et des richesses financières et commerçante et son système où le travail et le fisc sont les seules variables d’ajustement ne fait que d’amplifier ce que nous subissont déjà « naturellement » dans l’OMC.

  • Le 25 janvier 2007 à 11:38, par Fabien Cazenave En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Je connais bien le monde des « petits » employés... j’en suis un. Dans ce même monde, il y a aussi certaines personnes qui me disent que « les arabes et les noirs, ce ne sont pas des gens comme nous ». Est-ce acceptable pour autant ?

    Non.

    Et cela n’a pas rapporté l’Euro ? Tiens donc... et pourquoi la somme des échanges a augmenté dans la zone Euro ? Il y a eu une augmentation des prix dû à l’inflation, c’est logique. Que cela se soit particulièrement vu sur les « petits » prix, on peut chipoter mais nous le ressentons tous comme cela.

    Mais dire que c’est la faute de l’Euro que nous avons une augmentation c’est faux. D’autant plus que nous n’avons jamais eu une monnaie aussi stable.

    En 2003, on aurait moins fait les malins face aux Américains qui auraient pu faire déstabiliser notre monnaie le Franc si nous l’avions encore eu...

    Cela ne veut pas pour autant dire que les mécanismes d’injection par l’Etat dans l’économie d’aides pour aider les plus en difficultés ne sont plus possibles. C’est un choix politique. Si demain un gouvernement veut faire une politique keynésienne, c’st possible. Mais si c’est pour faire ça, comme en 81, à contre-courant des autres économies européennes, cela va être compliqué. Mais dans les 80’s, l’euro n’était pourtant pas là...

  • Le 22 février 2007 à 11:49, par Pierre-Michel MAUVILIEU En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    L’Euro, un bouc émissaire, une échappatoire pour condamner la situation économique piteuse de la France ? Nous sommes en 2007, c’est-à-dire 50 ans après la signature du Traité de Rome instituant la CEE, il serait, donc, temps d’arrêter de diaboliser l’Europe quand tout va mal telle une hydre qui porte en elle, qui véhicule les Sept Plaies s’abbatant sur les nations constitutives de l’ère géographique europénne. Il est bien trop facile d’accuser l’euro des maux qu’on lui y identifie. L’économie calamiteuse de la France (2% de croissance du PIB hors inflation, selon l’INSEE, face aux 2.7% de croissance allemands) n’est pas tant dûe à l’euro -ce serait peu crédible de tout attribuer à la monnaie- qu’au manque de réformes structurelles -en termes de fiscalité, notamment- dont le navire France a cruciallement besoin mais leur préfère le statu quo. Le manque de compétitivité des exportations françaises n’est pas exclusivement le fait de la monnaie unique et de sa prétendue force face à un dollar au cours exceptionnellement bas, sur fond d’incitation fiscale américaine, qu’au manque d’investissement en R et D dans la promotion d’une économie hautement qualifiée dans le style scandinave. A ce titre, l’harmonisation des régimes fiscaux européens est cruciale. Non. Il faut arrêter de tirer à boulets rouges sur la monnaie unique, comme l’ont récemment fait les dirigeants politiques français ou le peuple. C’est trop facile. Certes, le dogme monétariste, qui gouverne la BCE, devrait accepter quelque assouplissement en termes de progression des prix, au péril, toutefois, de la stabilité du niveau général des prix -pour employer un concept à la science économique. La monnaie, plus qu’un intermédiaire des échanges, plus qu’une unité d’escompte, est avant tout un acteur, si ce n’est l’acteur pricipal du lien unissant les consommateurs, et, par extension, les citoyens d’une même région du continent, comme une monnaie nationale était partie intégrante de l’histoire, de la conscience nationale. L’unité monétaire, comme le prophétisait Belassa, précède l’unité politique. Remettre en cause, ainsi, la monnaie unique, c’est abandonner tout espoir, un jour prochain -dans dix ans, cent ans- d’une Europe fédérale à caractère politique. Remettre en cause l’euro, c’est nier l’existence d’une histoire, d’une conscience européenne sacrifiée sur l’autel d’un antieuropéanisme au profit du culte de la souveraineté nationale.

  • Le 14 avril 2007 à 17:19, par Vilain petit canard En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Tout d’abord bonjour.

    S’il est indéniable que l’économie est un sujet fort complexe, il n’en reste pas moins que dans une démocratie réelle, la compréhension des mécanismes de base de cette première ne doivent pas échapper aux citoyens. Or il ne me semble pas que ce soit une idée qui prédomine dans le système politique européen, dans lequel les politiques de tous bords se retranchent un peu trop souvent dèrrière la complexité supposée des dossiers qu’ils traitent pour tenir le citoyen à l’écart des décisions rendues.

    Or donc, l’économie est un sujet fort complexe. Je ne suis en aucun cas économiste, mais j’ai des rudiments d’économie inculqués par cette belle Education Nationale. Et un fait qui, s’il n’est pas précisément à imputer à l’Euro, me chiffonnne particulièrement : la création du système monétaire européen a eu comme prérequis l’abandon d’une prérogative jusqu’ici réservée à l’Etat, le privilège de battre monaie.

    En effet, depuis 1972, si mes chiffres sont exacts, l’Etat français ne peut plus créer de monnaie, seules les banques privées peuvent désormais le faire. Cela participe d’une vision libérale selon laquelle l’Etat serait un agent économique comme tout autre (personne morale ou physique), et oublie au passage une dimension fondamentale de l’Etat en tant qu’agent économique : un Etat ne peut faire faillite, contrairement à une personne morale ou physique (entreprise ou particulier). Il est en effet le seul agent économique disposant du privilège de levée d’impots.

    Ceci a une conséquence directe sur la dette publique de la France (et je suppose ce raisonnement tout aussi applicable à d’autres pays européens, mais encore une fois, je ne suis pas économiste) : celle-ci n’est plus financée par la création de monnaie par l’Etat, mais par l’endettement de l’Etat sur les marchés financiers. Conséquence indirecte, la dette publique française est, si mes souvenirs sont exacts, à l’heure actuelle, composée à 80% d’intérets que l’Etat verse aux agents économiques privés. Soit sur 1100 milliards de dette approximative, 880 milliards dédiés uniquement au payement d’intérets.

    Dans ces circonstances, il devient tout à fait cohérent pour l’Etat de prétendre que les services publics sont une gageure pour l’économie nationale. Ces services publics qui ne poseraient surement pas autant de problèmes pour l’Etat si celui ci n’avait pas à payer 880 milliards d’intérets aux banques privées.

    Ceci d’autant plus qu’à l’heure actuelle, les banques privées sont désormais les seuls agents économiques à pouvoir créer de l’argent. L’idée reçue selon laquelle un emprunt auprès d’une banque est financé par l’épargne était vraie aux débuts des banques, mais est fausse depuis l’abandon de l’équivalence monnaie fiduciaire - métaux précieux (or, argent). A l’heure actuellle, une banque à qui l’on emprunte crée de l’argent qui n’existe nulle part, qu’elle n’a pas, par un simple jeu d’écriture comptable. Ce qui ne serait pas en soi si grave, si la banque ne percevait pas d’intérèt sur cet emprunt. Or les banques, non contentes d’être désormais les seuls agents économiques à créer de l’argent, s’enrichissent sur cette création monétaire par l’intérèt sur l’emprunt. Ce qui revient à dire que le chiffre d’affaire des banques monte grâce à ces intérèts dont la légitimité est des plus douteuses (rappelons que les valeurs montantes du CAC 40 à l’heure actuelle sont majoritairement... les banques, fort étonnement).

    Bien que ce point de vue ne participe certainement pas de votre point de vue politique, j’espère en tout cas que vous aurez l’honnêteté de publier ce commentaire, et je serais fort curieux d’entendre votre avis éclairé sur cette épineuse question.

    Bien à vous, Le vilain petit canard.

    PS : j’inclus en lien un site qui donne tous les détails et sources de réflexion sur cette question.

  • Le 14 avril 2007 à 17:58, par Fabien Cazenave En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Tiens, le complot de la wolrd compagny revient... Les banques sont derrières tout les maux du pays. Attention, les agents du grand capital ont du trouver votre adresse IP et vont surement lancer un contrôle fiscal par l’Etat à votre endroit.

    Orson Welles a-t-il trouvé son héritier ?

  • Le 16 avril 2007 à 03:19, par Vilain Petit Canard En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Meme si c’est flatteur, on ne peut pas dire que je soit héritier, mais plutot un vil usurpateur de point de vue. Et soit dit en passant, on ne peut pas enlever à Orwell d’avoir décrit les problèmes réels des régimes communistes.

    Pour ce qui est de la théorie du complot, je n’en vois pas. Si les libéraux s’acharnent contre les services publics, dont ils bénéficient pourtant, c’est que, disent-ils, ils coutent trop cher. Coment a-t-on pu tenir si longtemps avec tous ces services déficitaires qu’il faut aujourd’hui fermer ou privatiser coûte que coûte. La motivation idéologique ne fait que découler, me semble-t-il, d’une réalité de base.

    A milles lieux de la théorie du complot, je pense que le problème vient bien plus de la fierté mal placée, dont on peut noter (empiriquement, s’entend) qu’elle est très présente chez les gens de droite.

    Le vilain petit canard

  • Le 16 avril 2007 à 07:37, par Fabien Cazenave En réponse à : L’Euro, un bouc-émissaire trop facile

    Être pour l’Europe, ce n’est pas être de droite, sauf pour les gens d’extrême gauche... Voilà une grille de lecture bien partielle.

    Si vous voulez la garantie de services publics de qualité, il faut une Europe politique. C’est bien ce que dit la confédération européenne des syndicats. Je vous invite à signer leur pétition sur leur site.

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