Face au mur du grand désendettement public et privé qui s’effondre sur nous, il devient de plus en plus difficile de trouver les fonds nécessaires pour boucher tous les trous. Sauver telle banque, garantir la dette de tel pays ne pouvant se financer sur les marchés, soutenir telle industrie qui accumule les pertes. Le jeu devient très delicat car les caisses se vident à grande vitesse. Les Etats Membres de l’UE s’efforcent de créer un « Mécanisme européen de stabilite » dont la taille (800 milliards tout de même) ne suffirait à sauver qu’un seul pays de taille moyenne comme l’Espagne. Il ne reste alors plus qu’une seule solution : faire tourner la planche à billets !
Le système bancaire européen, censé être « sain », a été sauvé de justesse en décembre et janvier derniers par l’injection de 1000 milliards d’euros, prêtés à 1% sur 3 ans par la Banque Centrale européenne (BCE), sans oublier le rachat de dettes publiques des PIGS sur le marché secondaire. Au total, ces opérations ont conduit à une forte augmentation de l’actif de la BCE, passé de 2 000 milliards d’euros fin 2011 à 3 000 milliards en mars 2012, dépassant celui de la Federal Reserve des Etats-Unis. Autrement dit, tout notre système bancaire et financier ne tient plus que grâce à la planche à billets.
Cette politique massive de création monétaire a permis un court répit de la crise de l’euro. En effet, les banques ont acheté de la dette publique italienne et espagnole et les taux sur des dettes souveraines se sont stabilisés (aux alentours de 5%, encore beaucoup trop haut pour être soutenable...). Malheureusement l’injection n’a eu aucun effet sur la récession qui s’installe. Les banques européennes sont si fragiles qu’elles n’utilisent pas ce cadeau grandiose pour relancer le crédit à l’économie. Effrayées par les réglementations à venir et la conjoncture, elles préfèrent augmenter leurs fonds propres, réduire leur dimension et leur offre. Des dizaines de milliers d’emplois - la dernière variable d’ajustement - ont été supprimés ces derniers mois au sein de toutes les grandes banques.
Dans l’Histoire, l’activation de la planche à billets a souvent été synonyme de solution de la dernière chance, d’hyperinflation et de temps troubles. Créer de la monnaie sans véritable création de richesse entraîne de surprenantes variations des prix. Difficile d’imaginer qu’à l’epoque de l’entre-deux-guerres en Allemagne, un dollar valait 420 marks en juillet 1922 et 49 000 en janvier 1923. L’Euro n’est pas une monnaie de réserve comme le dollar et personne ne sait exactement ce qui se va passer à moyen terme quand la BCE multiplie l’offre de monnaie aussi rapidement. Concernant le risque d’inflation, deux éléments permettent de se rassurer à court terme : La récession, le chômage élevé, le recul des salaires réels, le désendettement du secteur privé empêchent l’inflation de se manifester. D’autre part, sur le marché mondial des changes, l’euro est un moyen pour de nombreuses puissances émergées, notamment la Chine, de diversifier un peu leurs réserves et ne de plus compter que sur le seul dollar.
Paradoxalement, si nous continuons de plonger dans la récession, nous resterons protégés de l’inflation. Mais pour combien de temps ? L’absence de croissance, l’absence de recettes dans les caisses des Etats, des entreprises et des banques conduiront sans doute la BCE à renouveler de telles créations monétaires, augmentant les risques. Nous sommes dans un cercle vicieux dont nous ne pourrons pas sortir sans des mesures beaucoup plus radicales que le scotch et les bouts d’élastique envisagés par nos élites. Depuis l’effacement de 100 milliards de dette publique grecque - première victoire des Etats sur les marchés financiers depuis 3 ans - ces derniers semblent se rendre à l’évidence que toute la dette publique et privée ne pourra pas être remboursée.
1. Le 14 avril 2012 à 18:53, par Bernard Giroud En réponse à : L’UE utilise sa dernière cartouche : la planche à billets
Merci Monsieur Malosse de votre article, il est extrêmement clair ;
Permettez-moi la forme de raisonnement suivante, partant de cette constatation : 1000 milliards d’euros de la planche à billet équivalent en gros à un peu moins de deux ans de consommation énergétique de l’UE. Dans la nuit, j’ai tiré du papier pour payer mon banquier !
Paradoxalement on pourrait dire qu’on a ici la réponse du berger à la bergère : l’immense masse laborieuse et son travail, sa capacité de transformation, son activité édificatrice, force à milliards de cellules, voit sa substance créatrice aspirée par la puissance des masses financières spéculatives. Il introduit dans l’engrenage, le caillou ; ou le grain de sable qui peut enrayer la machine.
Nul doute que l’hydre infernale se défendra, avec sa réserve d’ordres, potentiel à pression financière énorme, pouvant être esclavagiste ;
L’issue n’est pas jouée d’avance !
On pourrait aussi être tenté de penser, si l’on garde raison, que dans cette manœuvre défensive, nous nous donnions chacun du temps à reprendre un bon esprit : celui qui serait à l’avantage réciproque.
Ainsi, en mariant une hauteur d’intelligence constructive et une vision à long terme à l’état volatil de l’hydre, si l’on greffait l’imagination, les capacités d’anticipation positive à cette réserve d’ordres, nul doute qu’on trouverait une source, un cours, qui pourrait peut-être galvaniser, enthousiasmer la masse des citoyens, approuvant la manœuvre ; On revoie dos à dos les jalousies dévastatrices de la lutte des classes, et le mirage du veau d’or,.
Il faut garder à l’esprit qu’une réserve d’ordres, une masse financière énorme, un tel fleuve peut rapidement s’amenuiser et disparaitre, : (la planche à billet, les faillites en sont des manifestations ). Ce fleuve reconnu pour son utilité, verrait ses ordres respectés, entrainant des suites bénéfiques.
Rêvons un peu !
A considérer les situations telles qu’elles se présentent : Ces 600 mille milliards, issues des sources des mines d’énergie et autres matières premières (ferreux , alumine, métaux rares,) qui se promènent autour de la terre, d’une part, et de l’autre l’immense capacité des masses laborieuses, jeunes nouvelles ou plus anciennes expérimentées de nos pays industriels, on pourrait en conclure que ces situations sont faites pour s’entendre, à bénéfices communs, et pour celui de l’humanité non encore développée.
Ce faisant, si l’on avait un peu plus d’imagination, la grâce qui permet l’anticipation, nous pourrions, dans un immense effort, sollicitant ainsi son approbation, donc l’immense force de sa contribution, nous pourrions contribuer comme jamais, à l’avancée de notre genre humain, ou plus largement avancer sur les chemins de la connaissance de la vie.
Ainsi, si depuis toujours, tous les ressorts de cette vie suggèrent à la raison de tendre vers un pôle, le pôle commun, le pôle aboutissant, celui qui refuse la disparition, nous, qui sommes pour l’instant, dans ce fragile connu que mesure le temps, , tous ces ressorts, nos ressorts, tendraient, en éliminant de plus en plus vite les impasses ou les retours en arrière, par la connaissance de nos pesanteurs, tous ces ressorts nous amèneront en ces lieux vers lesquels nous tendons, affranchis de cette mesure du temps, une sorte de réconciliation universelle.
Aussi sur que l’œil est fait pour voir, que le tournesol tend vers le soleil sans boussole, et que chacun de nous fait partie du grand ensemble, du début à la fin, il n’est qu’un rêve qui en vaille la peine : Celui de la musique des sirènes de l’éternité , Un port qu’il n’est plus insensé aujourd’hui de penser que nous puissions atteindre physiquement ; Avec toutes les conséquences que cela va impliquer….
Mais il y faudra toutes les forces du genre humain.
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