Relations euro-russes

L’énergie : l’enjeu du 21e siècle pour les relations entre Europe et Russie

, par Sophie Gérardin

L'énergie : l'enjeu du 21e siècle pour les relations entre Europe et Russie

Avec l’ouverture à la concurrence du gaz et de l’électricité, les consommateurs peuvent désormais choisir n’importe quel fournisseur européen. La problématique énergétique est au cœur de l’actualité, mais aussi de toutes les discussions entre les instances de l’Union européenne. Deuxième marché de l’énergie du monde, elle prend conscience de sa dépendance envers quelques Etats extra-européens, comme la Russie et ceux du Moyen-Orient, instables politiquement. Au même moment, le réchauffement climatique interroge citoyens comme chefs d’Etat sur la recherche d’alternatives aux énergies classiques. Un sujet complexe, oh combien brûlant…

Le projet de construction d’un oléoduc via la mer baltique est en train de créer un différend au sein de l’Union européenne (UE), notamment entre l’Allemagne et la Pologne. La Russie a trouvé un accord avec l’Allemagne pour construire un oléoduc entre Saint-Pétersbourg et Greifswald, sous la mer baltique, en contournant plusieurs pays de l’ex-union soviétique, dont la Pologne. Pour l’instant, celle-ci bloque les négociations de coopération entre l’UE et la Russie, mécontente de l’embargo de son voisin polonais sur sa viande et en attente d’un soutien de la part de l’UE sur la question de l’énergie.

La Pologne, qui reste dépendante de la Russie sur le plan énergétique, s’est mise d’accord en mai dernier avec l’Ukraine, la Lituanie, la Géorgie et l’Azerbaïdjan sur un projet d’extension de l’oléoduc reliant la mer Caspienne à la méditerranée, vers ses terres, qui contournerait la Russie. La réalisation de ce projet lui permettrait de diversifier ses sources d’approvisionnement en pétrole et en gaz.

C’est dire si les intérêts des uns divergent de ceux des autres. Les anciennes républiques soviétiques cherchent à diminuer leur dépendance énergétique vis-à-vis de leur imposant voisin, alors que ce dernier tirerait un énorme bénéfice de son projet d’oléoduc avec l’Allemagne. Ces tractations sont le reflet de l’importance qu’a pris la politique énergétique. Tant et si bien que l’UE en fait le centre de ses préoccupations.

Une dépendance à haut risque

Les pays européens sont dépendants de la Russie pour le gaz à hauteur de 40% et du Moyen-Orient pour le pétrole à hauteur de 45% [1]. Si rien n’est fait pour diversifier les sources d’énergie, la dépendance de l’UE envers ces deux régions du monde devrait sensiblement augmenter à l’horizon 2030. Parfaitement consciente de dépendre de quelques pays imprévisibles sur le plan politique, la Commission européenne insiste sur sa volonté de « limiter la vulnérabilité de l’UE à l’égard de ses importations, de ruptures d’approvisionnement, d’éventuelles crises énergétiques ou de l’incertitude qui pèse sur l’approvisionnement futur. » L’exemple des coupures de gaz en Ukraine, dont le gazoduc approvisionne une partie de l’Europe occidentale, après son bras de fer avec la Russie en janvier 2006, est encore dans toutes les mémoires.

L’UE réfléchit actuellement à la définition d’une politique énergétique commune. Le Conseil européen vient d’adopter un plan d’action pour la période 2007-2009, en vue d’achever un marché intérieur du gaz et de l’électricité. La publication d’un livre vert sur l’énergie, en mars 2006, a dessiné les contours d’une future politique énergétique commune, avec trois objectifs : promouvoir les énergies renouvelables, améliorer l’efficacité du réseau européen et sécuriser les approvisionnements.

Des avancées… sur le papier

Les Jeunes européens ne peuvent que se réjouir de cette prise de conscience des instances communautaires. Seulement voilà, le temps presse. L’UE est à l’heure actuelle incapable de parler d’une seule voix sur la scène internationale, que ce soit sur l’énergie ou dans tout autre domaine. La politique énergétique relève de la compétence des Etats membres et nombre de marchés nationaux restent repliés sur eux-mêmes, par peur de la concurrence des fournisseurs étrangers. La réaction hostile de la Pologne vis-à-vis de l’Allemagne et les relations ambivalentes qu’entretiennent la Russie et l’UE, complexifient la donne. Partenaire incontournable, cet Etat reste néanmoins à surveiller sur le plan démocratique.

Pour ne rien arranger, les relations entre l’Union et la Russie se sont dégradées, après la déclaration de Vladimir Poutine de pointer ses missiles vers l’Europe [2]. Le président russe voit dans le déploiement d’un bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque, une menace directe pour son pays. De l’autre côté de l’Atlantique, on assure que les missiles ne seront pas dirigés contre la Russie, mais contre l’Iran.

Au risque de se répéter, l’UE ne pèsera sur la scène internationale et face à ses voisins que si elle parvient à unir sa voix. Cela passe obligatoirement par une politique énergétique commune à l’égard de ses partenaires et par un marché intérieur unifié, dépassant les intérêts nationaux. Après la prise de conscience, les actes ?

Illustration : photographie issue du site de la Commission européenne prise à l’occasion de la journée de l’éolienne à Bruxelles.

Source :
 tous les articles du Taurillon sur l’énergie.
 « Le défi européen de l’auto-perception russe » de nos amis des Euros du Village.
 « Après l’échec du Sommet UE-Russie, Moscou change de stratégie » sur Euractiv.fr
 le site de la Commission européenne dédié à l’énergie

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Notes

[2Dans une interview accordée au Figaro du 4 juin 2007

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