Ce nouveau pays membre, est un pays « à l’est de l’Europe » et non pas un pays « de l’Europe de l’est », mais c’est surtout « un cousin européen ». Avec un taux de croissance de 5.7% en 2006 et de 6.1% en 2007, la Slovénie semble avoir réussi le tournant de la modernité et de la liberté. En adhérant à l’UE, le premier mars 2004, le PIB de la Slovénie atteignait déjà 78% du PIB moyen de l’Union. Preuve de ce succès économique, la Slovénie a été le premier pays parmi les nouveaux États membres à adopter l’Euro le 1er janvier 2007.
Petite république de 2 millions d’habitants, la Slovénie est en effet devenue, 17 ans après avoir acquis son indépendance, la République la plus développée de l’ex-Yougoslavie et le premier pays parmi les nouveaux États membres à assumer la présidence du Conseil de l’Union Européenne.
La Slovénie, que l’on surnomme « la Suisse Slave » en référence à la mentalité Alpine de sa population, a travaillé en étroite coopération avec la France afin de préparer sa présidence. Ce sont pas moins de 30 réunions de coordination au niveau ministériel et 100 au niveau des experts et des hauts fonctionnaires qui ont permis d’établir les grands enjeux de la présidence ainsi que les modalités techniques de celle-ci. C’est donc une multiplication significative des relations diplomatiques bilatérales. En effet, cette coopération a également raffermi les liens entre la Slovénie et la France. C’est même une solidarité qui s’est développée entre les deux États, comme en témoigne le fait que la France, qui dispose du second réseau diplomatique au monde derrière les États-Unis, a représenté la présidence slovène durant le premier semestre 2008 dans les pays où la Slovénie ne possède pas de représentation.
Le bilan de la Présidence par l’ambassadeur de Slovénie en France
SEM Janez Sumrada, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Slovénie en France, est revenu, lors d’une conférence organisée par Europe Direct Lyon Rhône-Alpes, sur les différentes priorités de la présidence Slovène pour en dresser un premier bilan :
– Concernant le traité de Lisbonne, signé durant la présidence portugaise le 13 décembre 2007, la priorité est sa ratification par chacun des pays membres. L’ambition de la présidence Slovène était de terminer le processus d’ici la fin de l’année 2008, pour permettre la tenue des élections en 2009 sous des institutions rénovées.
– La seconde priorité slovène concerne le paquet énergie et climat, lancé par la [Commission européenne] le 23 février, qui est actuellement dans une phase compliquée de négociations. L’objectif est d’élaborer une politique commune de l’énergie et du climat car l’Union est fragile dans le domaine de l’énergie et dépendante de la Russie. De plus une nouvelle phase de négociations doit être lancée en 2009 pour élaborer le schéma « post-Kyoto ». L’Europe doit, si elle veut peser sur ces débats, parler d’une seule voix. C’est la question de l’Union Politique qui est en jeu : SEM Janez Sumrada souhaiterait que l’on puisse enfin répondre à la question de Henry Kissinger dans les années 70 : Mr Europe who is he ? What phone number ?
– La troisième priorité consiste à approfondir la mise en place de la Stratégie de Lisbonne en faisant de l’Union, une « research based society ». Le budget consacré à la recherche est d’ores et déjà plus important en 2008 : 11,1 milliards d’euros sont consacrés à la compétitivité dont 6,1 exclusivement pour la recherche.
– Enfin le dialogue interculturel se situe au coeur des grands enjeux de la présidence Slovène. SEM Janez Sumrada milite pour que celui-ci devienne « un trait stable » de l’Union, et pas seulement une priorité sur un an, comme c’est le cas pour cette année 2008.
La République de Slovénie étant issue de l’imbroglio de l’ex-Yougoslavie, la question des Balkans possède une importance toute particulière pour la présidence Slovène. Selon SEM Janez Sumrada, les guerres balkaniques s’expliquent par le fait que les populations ont vécu à côté sans vraiment vivre ensemble pendant 70 ans. Les musulmans, catholiques, orthodoxes, forment des communautés à part. Le dialogue interculturel devrait permettre de lancer une discussion avec toutes les cultures dans l’avenir pour développer ce « vivre ensemble » qui fait défaut.
Il reste fort à faire, notamment en Bosnie-Herzégovine, pays toujours divisé en deux parties. La signature de deux accords entre les trois ethnies ouvre la voie à la signature d’un accord de stabilisation et d’association entre la Bosnie et l’UE [1].
La Serbie est aussi un pays clé, qui s’est récemment ouvert à l’Europe et a finalement accepté l’indépendance du Kosovo. Ainsi l’UE a accordé son soutien à M. Tadic et l’ouverture d’une voie vers l’UE s’est concrétisée par la signature d’un accord de stabilisation et d’association signé le 30 avril 2008.
Cet accord facilite l’octroi de visa pour les jeunes, dont une grande majorité n’a jamais quitté le territoire, et les hommes d’affaires. Il faut désormais encourager les investissements en Serbie : en effet, la Slovénie est parmi les investisseurs les plus importants dans ce pays alors qu’il faudrait amener de plus grands pays à investir en Serbie pour l’accompagner dans son développement.
La Présidence Slovène de l’UE : une réussite nuancée
A quoi mesure-t-on la réussite d’une Présidence tournante du Conseil de l’Union européenne ? Et bien il semblerait que deux éléments soient retenus (parmi d’autres) :
– d’abord, la réalisation des objectifs.
– ensuite, la primauté de l’intérêt général européen dans les politiques menées et dans la gestion des crises qui se présentent.
Concernant l’intérêt général européen, la Slovénie l’a certainement mieux défendu que certaines autres présidences. Mais face à la crise du non irlandais, on peut regretter ne pas avoir plus entendu les dirigeants slovènes. Par contre, ils ont très bien réglé la déclaration d’indépendance du Kosovo qui pour ce pays n’était pas une tâche évidente. On peut aussi regretter ne pas avoir plus entendu la voix de la Présidence sur le pacte d’immigration qui se prépare dans le dos du Parlement européen. Sur ce point, l’intérêt général européen en a pris un coup, et la Présidence française qui vient après n’y est pas pour rien.
Sur la réalisation des objectifs, bien sûr il faut saluer la ratification du traité de Lisbonne par 19 États membres en 6 mois, comme quoi, quand on veut, on peut !!! Mais c’est l’Irlande qui vient gâcher ce bilan en votant non à 53% le 12 juin. L’UE retombe dans la crise institutionnelle et la Présidence française devra gérer cette bévue pour la survie du traité modificatif.
Comme l’a dit l’Ambassadeur Janez Sumrada, le paquet climat – énergie, le deuxième objectif de la Présidence Slovène, est encore en phase de négociation. Cependant il semble que le gouvernement Slovène ait bien avancé. La Présidence française s’est donc vue faciliter le travail sur ce domaine plus d’actualité que jamais face à l’augmentation perpétuelle des prix des matières premières qui ont un effet dévastateur sur l’inflation et donc sur le pouvoir d’achat des Européens.
Il faut aussi noter pour nuancer que la Slovénie a eu du mal à se rendre visible entre une présidence portugaise qui s’est terminée sur un nouvel espoir avec la signature du traité de Lisbonne et une présidence française qui a court-circuité l’intérêt des médias pour Ljubljana. La France a été très présente depuis janvier dans le débat européen, faisant valoir son point de vue sur celui de l’Union et l’imposant même à plusieurs reprises (immigration, le couac des Jeux Olympiques de Pékin, les négociations avec la République Tchèque…). Il faudrait savoir comment les Slovènes ont vécu leur première Présidence tournante de l’UE. J’espère que c’était la dernière présidence slovène non pas à cause des Slovènes, qui ont bien travaillé dans des conditions peu évidentes, mais à cause du caractère tournant et nécessairement intergouvernemental de la Présidence du Conseil Européen qui ne convient pas à 27 Etats.
Mais pour ceci, c’est maintenant à la Présidence française de s’y atteler. Elle devra régler le non irlandais et la résistance tchèque pour pouvoir enfin avoir une Europe politique qui fonctionnera plus démocratiquement et plus efficacement.
– Adhésion à l’UE : 2004
– Capitale : Ljubljana
– Chefs de l’Etat et du gouvernement : M. Danilo Türk (Président de la République - Centre gauche) ; M. Janez Jansa (Premier ministre - Parti social démocrate (SDS))
– Monnaie : Euro
– Découpage administratif : 12 régions, 59 arrondissements, 192 communes.
1. Le 22 octobre 2008 à 01:19, par Ambassadeur de Serbie En réponse à : La Slovénie ou la « success story » de l’ancienne Yougoslavie
Excellent article.. Pourtant dire que, je cite : « La Serbie est aussi un pays clé, qui s’est récemment ouvert à l’Europe et a finalement accepté l’indépendance du Kosovo. » est totalement FAUX. La Serbie n’a pas accepté l’indépendance du Kosovo. Le Kosovo est une partie intégrante de la Serbie et Personne en Serbie n’accepte l’indépendance auto proclamée du Kosovo.
Merci de corriger ce passage de votre article.
Karl Haudbourg Ambassadeur de Serbie dans le monde
2. Le 22 octobre 2008 à 10:07, par Fabien Cazenave En réponse à : La Slovénie ou la « success story » de l’ancienne Yougoslavie
Arf, le Kosovo est vraiment un sujet compliqué en Serbie. Même en France, où une alliance Serbo-PSG se met en place pour contrer le soutien des South Winners de Marseille au Kosovo. Bref...
3. Le 23 octobre 2008 à 08:34, par Ronan En réponse à : La Slovénie ou la « success story » de l’ancienne Yougoslavie
Et vous pensez quoi de ça, Monsieur l’ambassadeur ?
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