Du dinar à l’euro
Durant l’essentiel du vingtième siècle, la seule monnaie ayant cours légal sur le territoire slovène était le dinar yougoslave, mais après la déclaration d’indépendance du 25 juin 1991, la Banque centrale slovène a émis le tolar. Le nom « tolar » ne se contente pas de ressembler au « dollar » américain, mais provient de la même origine : le « thaler », une pièce européenne médiévale en argent. Le tolar n’est toutefois jamais devenu une monnaie internationalement respectée. Essentiellement en raison d’une forte inflation au cours de ses premières années (11,7% en 1991 et 201,3% en 1992), il n’a pas acquis la confiance de la population.
Ainsi, l’un des principaux objectifs politiques de la Slovénie pendant les années 90 fut de rejoindre l’Union européenne et d’en tirer stabilité et force économiques. Il y eut sur le chemin de l’euro de nombreux obstacles économiques et politiques auxquels la Slovénie a dû faire face. Il fallu remplir les cinq critères de Maastricht, la stabilité des prix étant la plus difficile à réaliser. Dès 19696, l’inflation était réduite à un chiffre, mais le chemin vers le niveau de référence (2,6% en mars 2006) était encore long. De nombreux gouvernements et ministres des finances s’attaquèrent au problème de l’inflation dans les années 90 et au début des années 2000, mais atteindre l’objectif fut lent, jusqu’à la chute brutale de l’augmentation des prix en 2004-2005. Si bien qu’en mars 2006, lorsque furent rassemblées toutes les données du rapport de convergence de la Commission européenne et de la BCE, il apparut que la Slovénie remplissait tous les critères, avec des perspectives positives pour l’avenir.
En route vers l’euro
Après que fut donné le feu vert de la Commission européenne et de la BCE, et suite au respect, pendant deux années, du taux de change fixe dans le Mécanisme de change européen, la décision politique d’accepter la Slovénie comme treizième membre de la Zone euro fut prise le 1er janvier 2007 : l’euro aura cours légal en Slovénie.
Il y eut sur le chemin de l’euro de nombreux obstacles économiques et politiques auxquels la Slovénie a dû faire face.
La préparation à l’euro a déjà commencé depuis quelques temps déjà. En plus des banques qui testent leurs systèmes, le double affichage des prix est en vigueur depuis mars 2006. Le gouvernement espère que cela aidera la population à s’habituer à l’euro et qu’elle ne se fera pas tromper par une hausse des prix lors du changement de monnaie. Les commerçants n’ont en revanche pas apprécié la mesure, qui leur a causé des coûts supplémentaires. Le délai de double circulation des tolars et des euros ne durera que quatorze jours, contrairement à d’autres pays, où il s’était étendu jusqu’à deux mois. En pratique, cela signifie que le tolar slovène cessera d’exister le 14 janvier 2007, après quinze ans d’existence.
Soutien populaire
En Slovénie, l’opinion publique est plutôt favorable à l’introduction de l’euro, bien qu’une majorité des Slovènes craigne d’éventuelles hausses de prix. En Slovénie, les gens n’ont jamais accordé une confiance démesurée à la monnaie locale et sont globalement habitués à l’euro, en raison de la proximité avec l’Italie et l’Autriche. Il me semble que les Slovènes ne seront pas chamboulés par l’introduction de l’euro, et qu’ils l’adopteront rapidement.
La Banque de Slovénie est elle plus en retrait, car elle va remettre ses responsabilités dans le domaine de la politique monétaire entre les mains de la BCE. Bien que la Banque centrale slovène soit également représentée au sein de la BCE, la peur de perdre son pouvoir n’en reste pas moins réelle.
Conclusion
Il faut souligner le succès politique qu’a représenté pour la Slovénie d’adhésion à l’UE, treize ans seulement après son indépendance, et son entrée dans la zone euro seulement deux ans et demi après, en premier de tous les nouveaux États membres de l’UE. Voilà qui prouve également la grande stabilité politique et économique de la Slovénie et lui confère une reconnaissance de plus sur la scène internationale.
Article traduit par Emmanuel Vallens, Rapporteur-adjoint de la Commission politique.
Suivre les commentaires : |