« Taurillon », parce que référence appuyée à la légende d’Europe : fameuse légende tirée de la mythologie grecque, reprise par Ovide dans ses « Métamorphoses ».
Et « Taurillon », parce qu’également symbole de jeunesse, d’enthousiasme, d’engagement et de combativité. Eclaircissements...
En effet, chacun connait la fameuse légende tirée de la mythologie grecque selon laquelle Zeus, roi des dieux (i. e : le Jupiter des Latins...), avait pris la forme d’un taureau blanc pour séduire la nymphe (et/ou princesse phénicienne...) Europe [1].
Une princesse Europe, fille d’Agénor (Roi de Sidon, en Phénicie) que le roi des dieux allait ainsi séduire, enlever puis emmener sur son dos vers la Crète (et vers ce continent, alors inconnu, qui portera ultérieurement son nom...).
Un sujet mythologique qui a, par la suite, inspiré le poète latin Ovide [2] dans ses ’’Métamorphoses’’ : fameux texte dont nous reproduisons ici quelques extraits, pour nos lecteurs, ci-dessous...
In « Métamorphoses » d’Ovide (II, 833-875).
« Après s’être ainsi vengé de la jalousie d’Aglauros [3], Mercure [4], porté sur ses ailes rapides, abandonne les campagnes que protège Pallas [5], et remonte au céleste séjour.
Jupiter [6] en secret l’appelle, et, sans lui faire connaître l’objet de son nouvel amour : "Mon fils, dit-il, fidèle messager de mes décrets, que rien ne t’arrête ! vole avec ta vitesse ordinaire, et descends dans cette contrée de la terre qui voit, à sa gauche, les Pléiades et que les peuples qui l’habitent appellent Sidonie [7].’’
’’Regarde les troupeaux du roi Agénor (i. e : le roi de Sidon) qui paissent l’herbe sur ces montagnes ; hâte-toi de les conduire sur les bords de la mer."
Il dit : et déjà, chassés dans la plaine, ces troupeaux s’avançaient vers le rivage où la fille du puissant Agénor venait tous les jours, avec les vierges de Tyr, ses compagnes, se livrer à des jeux innocents.
[846] Amour et majesté vont difficilement ensemble. Le père et le souverain des dieux renonce à la gravité du sceptre ; et celui dont un triple foudre arme la main, celui qui d’un mouvement de sa tête ébranle l’univers, prend la forme d’un taureau, se mêle aux troupeaux d’Agénor, et promène sur l’herbe fleurie l’orgueil de sa beauté.
Sa blancheur égale celle de la neige que n’a point foulée le pied du voyageur, et que n’a point amollie l’humide et pluvieux Auster. Son col est droit et dégagé. Son fanon, à longs plis, pend avec grâce sur son sein. Ses cornes petites et polies imitent l’éclat des perles les plus pures ; et l’on dirait qu’elles sont le riche ouvrage de l’art.
Son front n’a rien de menaçant ; ses yeux, rien de farouche ; et son regard est doux et caressant. La fille d’Agénor l’admire. Il est si beau !
Il ne respire point les combats. Mais, malgré sa douceur, elle n’ose d’abord le toucher. Bientôt rassurée, elle s’approche et lui présente des fleurs. Le dieu jouit ; il baise ses mains, et retient avec peine les transports dont il est enflammé.
[864] Tantôt il joue et bondit sur l’émail des prairies ; tantôt il se couche sur un sable doré, qui relève de son corps la blancheur éblouissante. Cependant Europe moins timide, porte sur sa poitrine une main douce et caressante. Elle pare ses cornes de guirlandes de fleurs.
Ignorant que c’est un dieu, que c’est un amant qu’elle flatte, elle ose enfin se placer sur son dos. Alors le dieu s’éloignant doucement de la terre, et se rapprochant des bords de la mer, bat d’un pied lent et trompeur la première onde du rivage ; et bientôt, fendant les flots azurés, il emporte sa proie sur le vaste océan.
Europe tremblante regarde le rivage qui fuit ; elle attache une main aux cornes du taureau ; elle appuie l’autre sur son dos ; et sa robe légère flotte abandonnée à l’haleine des vents... »
Une métaphore poétique de la diffusion civilisationnelle...
La suite de la légende nous raconte que le roi des dieux, taureau divin, nagea ainsi jusqu’à l’île de Crète, accompagné d’un cortège de divinités et de créatures marines. Là, près de Gortyne (i. e : dans le sud de l’île...) Zeus repris sa forme habituelle, avoua ses sentiments à la jeune femme et s’unit à elle : lui donnant trois enfants, dont le futur roi de Crète Minos.
Le récit mythologique nous rapporte que, par la suite, Europe allait donner son nom au futur continent européen. Et, d’après la tradition, la constellation du taureau nous rappelle également à tous cette transformation divine et ses fructueuses conséquences.
En tout cas, les historiens voient aujourd’hui, dans cette légende, l’illustration poétique et le récit symbolique (la métaphore ?) de la ’’pénétration’’ en Occident - via les Phéniciens [8], via la Crète et l’Egée - des cultures et brillantes civilisations du proche Orient antique...
Puisse l’actuel « Taurillon » - webzine européen ’’jeune, européen et fédéraliste’’ - en être le digne héritier, à l’image de ce célèbre taureau de la légende qui, autrefois, portait alors Europe vers sa destinée...
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Texte tiré des « Métamorphoses » d’Ovide (II, 833-875).
1. Le 16 décembre 2008 à 07:04, par Martina Latina En réponse à : La légende d’Europe
Comme je l’ai déjà souvent fait dans vos colonnes aussi diverses qu’intéressantes, découvertes avec plaisir il y a quelques semaines à peine, je reviendrais volontiers sur cette légende, assez consistante pour à la fois résumer le passé de l’Europe et dessiner son avenir. Bravo d’abord pour la version, certes simplifiée, mais rajeunissante, ainsi offerte à la poésie d’Ovide : est-ce vous qui signez cette adaptation que je ne connaissais pas ? Oui, c’est bien là « une métaphore poétique de la diffusion civilisationnelle... » comme vous l’écrivez. Mais les derniers travaux des archéologues et des linguistes sont formels : aux Phéniciens, donc au peuple dont sort EUROPE, sont rattachées l’invention et la diffusion non seulement des techniques permettant de « naviguer dans les deux bassins de la Méditerranée » - d’après les termes de votre dernière note, mais aussi et en même temps l’écriture alphabétique ; car, apparu d’abord maladroitement, au milieu du deuxième millénaire avant notre ère, sur les roches du Sinaï dont les Phéniciens exploitaient les mines sous contrôle égyptien, l’alphabet allie empiriquement, pour transcrire leur langue sémitique comme l’égyptien, à quelques hiéroglyphes reçus de l’ouest un système pratiqué à l’est de la zone où ils vivent : le cunéiforme babylonien. Des deux mondes où l’écriture par sa complexité resta l’apanage et le privilège d’une caste sacrée, les Phéniciens tirèrent avec un génial esprit pratique un petit nombre de lettres aussi faciles à tracer qu’à lire, affectées chacune à un son : dans ce désert méridional, ces caractères servirent en premier au culte de la déesse de Byblos (sans doute Ishtar-Astarté, déesse de la beauté comme de la fécondité, à mi-chemin entre l’Hathor égyptienne et Aphrodite ou Vénus), à commencer par ALEPH dont le nom désigne le bovin indispensble à la vie comme à la religion de ce temps-là, et dont le premier son serait désormais rendu par ce signe, adopté au début du premier millénaire comme les vingt et un autres par les Hébreux, puis par les Grecs qui avaient mystérieusement perdu leur écriture et qui les transmirent aux Etrusques et ainsi au peuple romain... Si la silhouette bovine résume l’apport phénicien en savoir-faire nautique et en notation commode, on comprend que, dans le mythe grec d’EUROPE, le dieu suprême ait voulu prendre son apparence pour implanter en Crète, puis dans toute la Grèce, les arts qu’il symbolise, tout en séduisant et amenant avec lui la princesse phénicienne qui, par son appartenance, en connaissait le mode d’emploi : EUROPE ! Il fallait donc que la fille dont le nom signifie en phénicien SILLAGE-SOLAIRE disparaisse du rivage oriental pour devenir LARGE-VUE en grec, et que le taureau laisse toute sa place au grand Zeus, mais aussi à des perfectionnements notables de la navigation crétoise, et surtout à la rédaction de la première constitution occidentale qui ait été écrite, celle de Minos, pour que naissent le nom et l’unité potentielle de l’EUROPE. Voilà une longue trajectoire EUROPEENNE avant la lettre qui augure bien de l’avenir d’un continent conscient de l’unité EUROPEENNE à construire : car il dispose d’excellentes sources multiculturelles pour répondre à sa vocation de dialogue fraternel, à commencer par l’organisme bouillonnant du TAURILLON, n’est-ce pas ?
2. Le 28 janvier 2012 à 11:48, par IG En réponse à : La légende d’Europe
Heureusement que les Grecs ont fait mieux que leur mythologie qui a engendré le paganisme. Leur célèbre « Démocratie » est une bien meilleure école, ainsi que leur flamme olympique pour l’esprit du sport. Ne vendons pas du rêve avec ce journal ’Taurillon’ bien trop partisan, et de prétendus cartons rouges qui brisent bien des élans. On n’y retrouve guère l’esprit de tolérance grec.
On voit bien que la sortie de crise ne passe pas par la propagande fédéraliste qui ne marche pas, mais par un pragmatisme économique et un véritable échange de savoirs comme enfin le CVCE le met en place.
3. Le 8 février 2012 à 15:03, par franzd En réponse à : La légende d’Europe
vous avait du prendre longtemps a écrire l’histoire et le long commentaire !!!!
4. Le 14 août 2012 à 17:50, par Xavier En réponse à : La légende d’Europe
@IG Les points de vue et analyses publiées sur le Taurillon sont trop vastes pour pouvoir qualifier ce webzine de propagande ou encore y déplorer un quelconque manque de tolérance.
Au contraire, le Taurillon publie des certes pro-européens, fédéralistes, mais qui restent d’une grande diversité.
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