Cependant, la Roumanie et la Bulgarie se différencient des PECO du précédent élargissement sur deux points importants. Premièrement, le processus de transition d’une économie communiste à une économie de marché s’est effectué de manière plus difficile et plus désordonné. D’autre part, ces deux pays restent marqués par le poids du secteur agricole, encore très important.
Une fin de processus de transition économique très lente
La Roumanie et la Bulgarie présentent un retard indéniable vis à vis des autres Etats-membres de l’Union : le produit intérieur brut (PIB) de la Bulgarie équivaut à seulement 33 % du PIB moyen de l’UE-25 et celui de la Roumanie à 34 %. Malgré une croissance économique relativement forte (5 % par an la Roumanie et 6 % par an pour la Bulgarie), le processus de rattrapage par rapport à l’UE s’effectue de manière très lente au rythme de 1% depuis 1999.
Ce retard économique a été induit par la lenteur des réformes structurelles, concernant les privatisations, la mise en place d’un système judiciaire et les règles d’Etat de droit. Le manque de structures administratives fiables et fortes a rendu ces pays peu attractifs pour les investissements directs étrangers (IDE), qui se sont concentrés dans des secteurs à faible valeur ajoutée (textile, ameublement, etc.). Les exportations à haute valeur ajoutée ne concernent que 3 à 5% des exportations totales de la Roumanie et la Bulgarie.
A cause du retard dans ces réformes, faute de redéploiement de la main d’oeuvre des industries lourdes vers les industries légères, la main d’oeuvre s’est tournée vers le secteur de l’agriculture, qui emploie à ce jour 25 à 30 % de la population active en Roumanie et en Bulgarie. Cette situation se traduit par une faible productivité économique, sachant que ces 30 % de la population active ne sont responsables que pour 9 à 10% du PIB.
Or, dans l’avenir, il est inévitable que ce secteur agricole est destiné à perdre des parts de marché tant intérieures qu’extérieures, à cause de la concurrence des autres pays de l’UE comme la Hongrie par exemple dont la production agricole est plus performante. En revanche, les aides relatives à la politique agricole commune (PAC) ne sont fournies que progressivement et ne sont pas en mesure de soutenir de façon efficace le secteur agricole, puisque le manque de structures administratives ne permet pas une allocation à la hauteur des fonds disponibles.
L’adhésion à l’Union européenne : un investissement pour l’avenir
En conséquence, la question qui va se poser dans l’avenir concerne le redéploiement de cette force de travail en provenance du secteur agricole. C’est ici que l’adhésion à l’UE est susceptible d’être un atout pour ces deux nouveaux Etats-membres. En effet, leur adhésion à l’Union est un gage de fiabilité pour les investisseurs dans la mise en place des réformes visant à améliorer le fonctionnement du marché pour s’adapter aux normes communautaires (garantie des droits de propriété, facilitation des procédures administratives, etc.).
Cette dynamique est susceptible d’attirer les IDE qui sont une source de prospérité pour les pays hôtes. En effet, ceux-ci irriguent le pays d’accueil de capital, de technologie, de savoir-faire et contribuent au dynamisme de l’économie locale en travaillant avec des fournisseurs et des distributeurs locaux.
Diverses solutions sont envisageables pour attirer ces IDE comme la création de zones franches. En effet, la Roumanie et la Bulgarie disposent de peu d’avantages comparatifs par rapport aux nouveaux adhérents de 2004. Malgré un niveau d’éducation relativement élevé, et donc une main d’oeuvre qualifiée, leurs avantages comparatifs existent surtout dans le secteur du textile qui est désormais concurrencé par des pays extra-européens où le coût de la main d’oeuvre est très faible, même par rapport au Sud-Est de l’Europe.
A court terme, il est indéniable que l’élargissement constitue un coût, mais à moyen terme, l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie leur sera profitable.
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