Les villes, actrices incontournables pour une Europe plus verte !

, par Marine Privat

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Les villes, actrices incontournables pour une Europe plus verte !

« Je crois qu’une Europe verte et durable est essentielle pour l’amélioration de la santé publique et de la qualité de vie de nos citoyens » a déclaré Jüri Ratas, aujourd’hui ancien maire de Tallinn (Estonie), à l’origine du concours de la capitale verte de l’Europe. Une marque de prestige, plaçant les villes européennes au cœur des dynamiques environnementales.

Les ambitions pour l’environnement et le développement durable de l’Europe ne sont pas nouvelles mais prennent de plus en plus de place dans les politiques et stratégies mises en place par les institutions européennes. Mieux encore, il s’agit aujourd’hui de mettre en place des politiques ambitieuses tant sur le plan régional que local, donnant ainsi toute leur place aux villes d’Europe.

Une stratégie locale rendue nécessaire par le développement urbain

Avec plus de 258 métropoles de plus de 250 000 habitants et 80% des Européens vivant en ville, il semble parfaitement logique que les actions soient davantage menées au niveau local. En effet, l’explosion urbaine en Europe qui a débutée dès le XIXe siècle n’a cessé de s’accroitre, entrainant au fil du temps de nombreuses causes de dégradation de l’environnement. Le trafic routier s’intensifie, la pollution sonore augmente, les déchets et les eaux usées doivent faire l’objet d’une gestion toujours plus difficile. La quantité de CO2 dans l’air augmente à une vitesse folle, entrainant une inévitable dégradation de la qualité de l’air. Plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre sont générées par et à l’intérieur de villes. Actuellement, il existe autant d’indices de qualité de l’air que de villes européennes. Le projet Citeair (Common information to european air) a été mis en place afin de rendre homogènes ces indices. Par ailleurs, en leur donnant la même échelle, c’est un moyen de comparer les villes entre elles. Dès lors, on prend en compte les polluants les plus problématiques des grandes villes, tels que le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3) et les particules (PM). Il apparait que les villes ayant l’air le moins pollué (indice entre 0 et 24) sont La Rochelle, Poitiers, Niort (France), Karlsruhe (Allemagne) ou encore Prague (République Tchèque).

Une stratégie locale aux multiples facettes

Il existe différentes manières de donner aux villes européennes une place prépondérante dans les ambitions environnementales de l’Union européenne. Par le principe de subsidiarité qu’applique l’Union européenne, les centres urbains jouent un rôle clé et sont désormais des acteurs incontournables pour l’amélioration de l’environnement puisque le principe leur permet de conjuguer à la fois les objectifs communautaires à atteindre et leurs ambitions personnelles. En 2006, la Stratégie thématique pour l’environnement urbain est mise en place et affiche clairement ses ambitions écologiques. Suite à cette première stratégie, et sous l’influence de Jüri Ratas, ancien maire de Tallinn, dès 2008, de nombreuses villes européennes peuvent se porter candidates pour être désignées « Capitale européenne verte ». L’objectif de ce prix est de récompenser une ville modèle en matière environnementale, dotée d’une politique forte en la matière, mettant en œuvre des programmes de mobilité durable, de gestion propre des déchets et de recherche en matière d’énergies renouvelables et d’amélioration de l’environnement. Aujourd’hui, 40 villes dont 21 capitales soutiennent ce projet. Pour l’année 2010, Stockholm a été désignée capitale verte par le jury, et pour l’année 2011, il s’agira d’Hambourg.

En 2009, l’Union demande à une trentaine de villes européennes d’expérimenter des technologies vertes dans le cadre du Plan stratégique pour les technologies énergétiques (SET). L’Union s’étant donné comme objectif la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici 2020, le plan SET vise à mettre en place une meilleure coopération au niveau régional et local pour promouvoir l’innovation en matière de technologies vertes, notamment par le développement des énergies éolienne, solaire, la capture et le stockage de CO2 et les réseaux électriques. De plus, le plan favorise la recherche et la mise en place de groupes de travail pour promouvoir les technologies énergétiques. La dernière facette de cette stratégie locale est très récente puisqu’il s’agit de la signature en mai dernier de la « Convention des maires », dans laquelle les maires de plus de 500 villes d’Europe vont prendre l’engagement d’économiser l’énergie, d’accroitre la part des énergies renouvelables et de sensibiliser les citoyens à l’environnement. Durant la Semaine européenne de l’énergie durable, le commissaire à l’énergie, Andris Piebalgs avait annoncé son désir de mettre en place une telle convention. De nombreuses villes se trouvent désormais impliquées, notamment Brest, Chamonix, Metz, Caen et Chambéry en France, Munich pour l’Allemagne, Aberdeen en Ecosse pour le Royaume-Uni et de très nombreuses villes en Italie et en Espagne.

Donner aux villes une place centrale dans la politique environnementale de l’Union européenne relève du bon sens politique. Des dynamiques si proches des citoyens ne peuvent que les sensibiliser davantage à l’écologie et au développement durable, désormais piliers de nombreuses politiques européennes et nationales.

Illustration : Stockholm, capitale verte européenne 2010

Source : Flickr

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Vos commentaires
  • Le 11 juin 2010 à 17:41, par Florent GUÉRIN En réponse à : Les villes, actrices incontournables pour une Europe plus verte !

    À suivre, la Semaine Européenne de la Démocratie Locale organisée par le Congrès du Conseil de l’Europe en octobre prochain qui réunira les villes bénévoles sur le thème de la lutte contre le changement climatique, sans doute en partenariat avec the Convenant of Mayors...

  • Le 11 juin 2010 à 17:56, par Ségolène URBACT En réponse à : Les villes européennes se mobilisent pour une Europe plus économe en énergie

    L’initiative, comme l’article le souligne, ne vient pas nécessairement de la Commission Européenne, mais émane des villes elles-mêmes. L’Union peut apporter les éléments de soutien aux projets des villes.

    L’exemple du label ’Green Capital’ en est un en effet, que les villes ont pris très au sérieux, telle Bristol, qui a réalisé une petite vidéo de promo pour ses habitants : http://urbact.eu/en/header-main/news-and-events/view-one/eu-news/?entryId=4908

    Au nombre des autres villes candidates figuraient également : Barcelone, Victoria-Gasteiz, Malmö et Nantes. Toutes sont partenaires du programme URBACT (www.urbact.eu) qui soutient des réseaux de travail entre les villes européennes, sur des sujets définies par elles-mêmes. http://urbact.eu/en/header-main/news-and-events/view-one/eu-news/?entryId=4914

    C’est ce que confirme également Johannes Hahn, Commissaire européen à la politique régionale, qui souligne que les villes ont un rôle important à jouer dans les années qui http://www.taurillon.org/spip.php?page=forum&id_article=3565viennent au sein de la politique régionale européenne. En particulier en ce qui concerne l’énergie :

    « selon les estimations mondiales, les villes sont responsables des deux tiers de la demande finale d’énergie et génèrent jusqu’à 70% des émissions de CO2 globales. Réduire ces pourcentages est certes un challenge. Cependant, les villes sont aussi une partie de la solution : avec leur structure à haute densité, elles peuvent avoir une meilleure efficacité énergétique que les autres espaces. Et elles ont un haut potentiel pour les économies d’énergie. Les styles de vie urbains ont aussi tendance à être beaucoup moins "énergivores" que les autres. Par exemple, les citadins ont moins besoin d’utiliser leur voiture que les habitants des zones rurales. Ils bénéficient aussi de systèmes de chauffage partagés. » http://urbact.eu/fr/header-main/urbact-en-bref/portraits/johannes-hahn/

    Au sein d’URBACT, plusieurs villes ont choisi de travailler sur des projets sur la question de l’économie d’énergie, par exemple :

    • Le réseau URBENENERGY par exemple, dirigé par la ville de Avrig en Roumanie, analyse la contribution des villes à la lutte contre le réchauffement climatique, et inclusif pour les résidents ( The urban contribution to combating climate change - An integrated model for energy efficiency conscious communities . Il rassemble des villes danoises (Alerod), maltaises (La Vallette), bulgares (Dve Mogili), anglaises (Durham) et bien d’autres.
    • - http://urbact.eu/fileadmin/Projects/URBENENERGY/documents_media/URBACT_baseline_study_final.pdf

    Pour en savoir plus : www.urbact.eu

  • Le 13 juin 2010 à 21:48, par Cédric En réponse à : Les villes européennes se mobilisent pour une Europe plus économe en énergie

    Toutes ces riches initiatives, ces projets URBACT, ils débouchent sur quoi concrètement ?

    Selon la Commission, URBACT ne sert pas à grand chose, au contraire des anciens programmes URBAN († en 2006). Pourquoi ? La Commission prétend que, parce qu’elle disposait de plus de prérogatives dans URBAN, et pouvait notamment suivre les progrès individuels des villes participantes, les projets étaient bien plus productifs qu’avec URBACT, qui laisse une liberté énorme aux bénéficiaires. Je ne sais pas si c’est vrai... Mais il demeure que pour un observateur externe, on voit très mal ce que produit URBACT à part l’organisation de réunions, d’excursions, d’« échanges d’expérience », entre techniciens, mais sans essaimage, sans suite dans le projet.

    Au-delà des description générales des projets, à quoi sert URBACT, concrètement ?

  • Le 5 janvier 2011 à 16:26, par Alex URBACT En réponse à : Les villes européennes se mobilisent pour une Europe plus économe en énergie

    Contrairement au programme URBAN, limité à un nombre restreint de villes par pays, URBACT permet à un nombre important de villes (290 villes dans 29 pays à ce jour) de travailler ensemble. En ce sens URBACT symbolise la volonté d’étendre et d’approfondir l’interaction et le partage d’expertise entre villes. Ses domaines d’action sont aussi plus larges.

    Pour veiller à une application concrète des échanges menés dans le cadre des projets, URBACT aide à la réalisation de plans d’actions locaux dans chaque ville : http://urbact.eu/fr/header-main/urbact-en-bref/qui-fait-quoi/les-projets-urbact/. Ces stratégies de développement local pour le futur sont portées dans chaque ville par des groupes de soutien locaux (http://urbact.eu/fr/footer-main/footer-top/glossaire/?letterToShow=G), qui regroupent l’ensemble des acteurs - publics et privés- de la politique de la Ville. Sur le plan financier, ces plans d’action locaux pourront être financés par plusieurs bailleurs dont l’Union Européenne.

    Concernant le rôle des villes dans les politiques régionales et locales de développement durable, il semble que malgré la crise ces dernières continuent à être présentes dans ce secteur. Plus que d’agir dans le domaine de l’environnement, l’objectif de durabilité environnementale constitue bien souvent une composante à part entière des stratégies de sortie de sortie de crise mises en place par les villes.

    Sur la question précise de l’impact et de la gestion de la crise par les villes en Europe, URBACT vient de publier une étude concernant 131 villes européennes membres du réseau.

    Il en ressort que de nombreuses villes allient mesures à court terme et stratégies de durabilité sociale, économique et environnementale à plus long-terme.

    C’est notamment le cas de la ville de Gijon en Espagne. Malgré le contexte de rigueur dans lequel est plongé le pays, la municipalité a continué à orienter une partie de ses fonds en faveur du développement des transports propres ou de la gestion durable de l’eau.

    Egalement aux Pays Bas à Rotterdam, la création d’entreprises innovantes a été permise grâce à un fonds spécifique dédié au climat et à l’innovation.

    Ces deux villes font partie des 9 études de cas inclues dans la publication d’URBACT : http://urbact.eu/fileadmin/general_library/Crise_urbact__16-11_web.pdf

    Les études de cas par ville : http://urbact.eu/en/header-main/integrated-urban-development/understanding-integrated-urban-development/urbact-cities-responding-to-the-crisis/

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