Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

, par Marine Privat

Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

Au cœur de l’Europe de la santé, pourtant loin d’être un domaine d’action phare de l’Union européenne, se trouve la lutte contre le tabagisme, tant actif que passif. Le commissaire européen de la santé et de la politique des consommateurs, John Dalli a déclaré vouloir mettre fin au fléau que constitue le tabagisme chaque année.

Le 31 mai 2010, avait lieu la journée internationale sans tabac, un moyen pour la Commission européenne de rappeler ses engagements en la matière et sa volonté déterminée de reprendre activement le combat.

La lutte anti-tabac, une volonté européenne très forte

L’Union se veut actrice dans la lutte contre le tabac. La législation communautaire s’est en premier saisie de la question. Le Parlement européen et le Conseil ont adopté la directive 2001/37/CE du 5 juin 2001 affichant leur volonté de créer une harmonie des législations nationales en matière de fabrication, de présentation et de vente des produits du tabac. Parmi les mesures phares de cette directive dite « directive tabac », on trouve des limitations maximales de teneurs en goudron, nicotine et en monoxyde de carbone pour les cigarettes mises en libre circulation, commercialisées ou fabriquées dans les Etats membres. Cette limitation est complétée par deux types d’avertissements, l’un général (« fumer tue » ou « fumer peut tuer ») devant couvrir au moins 30% de la surface du paquet, et l’autre complémentaire (la directive laissant le choix aux Etats membres en la matière). Mais la lutte anti-tabac passe également par des recommandations du Conseil, à l’instar de la recommandation 2003/54/CE du Conseil, du 3 décembre 2002 portant sur la prévention du tabagisme et la mise en place d’initiative venant renforcer la lutte anti-tabac. Il s’agit essentiellement de contrôler la vente de tabac aux enfants et adolescents, de mieux informer les populations sur les risques réels liés au tabac et d’en décourager la consommation. Une lutte protéiforme donc, qui vise à limiter l’impact néfaste du tabac sur la santé des Européens. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Des avancées sont-elles à noter ? La Commission européenne a mis en place une campagne destinée aux jeunes entre 15 et 34 ans venant compléter sa recommandation précédente. Il s’agit de la campagne « HELP-Pour une vie sans tabac », qui est une des campagnes de sensibilisation les plus importantes en matière de santé publique européenne. Elle consiste à aider les jeunes à ne pas commencer à fumer, à arrêter de fumer mais aussi à prendre conscience des risques liés au tabagisme passif. Pour cela, une opération de communication globale a été mise en place dans les 27 Etats membres grâce à des spots publicitaires, diffusés sur plus de 130 chaines européennes et vus par 48% des européens. Dans la seconde phase de sa campagne, la Commission a modifié son site internet, visité par près de 4 millions d’internautes, pour que les jeunes puissent eux aussi participer à la lutte contre le tabac en postant leurs expériences et leurs différentes astuces pour arrêter ou ne pas commercer à fumer. La campagne Help se fait également en partenariat avec de nombreuses organisations pour la santé, gérées par des jeunes, tels que l’Organisation des jeunes, la Fédération internationale des associations des étudiants en médecine (IFMSA, mais aussi, avec des réseaux de plus grande ampleur, tel que le réseau européen pour la prévention du tabac (ENSP). Les Etats membres ont également pris le relai en matière de lutte contre le tabac. En effet, nombreux sont les Etats, dont la France, qui ont interdit de fumer dans les lieux publics. On remarque ainsi que le taux moyen de monoxyde de carbone chez les non-fumeurs est moins élevé dans les pays où il est interdit de fumer dans les lieux publics. L’interdiction de fumer réduit de près de moitié la pollution au monoxyde de carbone chez la population totale. A toutes les échelles, le tabac ne semble plus avoir sa place. Mais dans les faits, les choses sont bien différentes qu’elles n’en ont l’air.

Les effets limités des mesures anti-tabac : une pollution multi-niveaux

Les mesures anti-tabac ne semblent pas vraiment porter leurs fruits. On peut constater que malgré l’augmentation des avertissements sur les paquets de cigarettes, la consommation de tabac ne diminue que très faiblement en Europe. En 2008, l’Union européenne comptait environ 32% de fumeurs déclarés. Les pays de l’Est (Estonie, Lettonie, Bulgarie) sont en tête du classement des pays les plus fumeurs. Mais la France est loin d’être un bon élève en la matière, avec 28,3% de fumeurs quotidiens. Les chiffres sont alarmants et la Commission rappelle que le tabac est la première cause de décès dans l’Union européenne, avec près de 650 000 décès chaque année. Le tabagisme passif, malgré l’interdiction de fumer dans les lieux publics instaurée dans certains pays de l’Union, demeure un fléau, avec 19 000 décès liés au tabagisme passif par an. La pollution liée au tabac touche aussi la planète elle-même. Est-il nécessaire de rappeler qu’un mégot de cigarette, que bon nombre d’entre nous jette par terre, met environ 12 ans pour se décomposer ? Une association française, Les droits des non-fumeurs, a d’ailleurs demandé aux députés français de mettre en place le principe du pollueur-payeur, applicable aux mégots de cigarettes. En effet, ce serait aux fabricants de cigarette d’assumer la responsabilité de la pollution liée aux mégots. Des doutes sont quand même à émettre quant à la viabilité d’une telle mesure. Il s’agit moins de la responsabilité du fabricant que de la responsabilité personnelle du fumeur qui jette son mégot par terre.

En réalité, derrière ce phénomène de société que constitue le tabagisme, semble se cacher une tendance à la normalisation du tabac en Europe. Celle-ci n’est pas récente, mais pourtant toujours aussi dangereuse pour la santé des européens. Une prise de conscience s’avère nécessaire. Il n’est peut être pas encore trop tard…

Illustration : Pourquoi je fume

Source : Pour une vie sans tabac

Vos commentaires
  • Le 12 août 2010 à 16:32, par gawain En réponse à : Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

    Taurillion, Pardonez - moi pour mon langue.

    I have a couple of points to make about your article. Firstly you are right to highlight the essential failure of the anti-tobacco legislation, both at a national and at an EU level. That is if you measure the efficacy of the legislation in having a significant impact upon the numbers of people smoking. t has cost tens of millions of pounds/euros and yet is marginal in effect. Any cost benefit study, given the intention to cut smoking, would say that it has been a failure. A normal rational response to a failure of such an extent would question whether the legislation was viable.

    The legislation however has had significant impacts otherwise. You note that cigarette buts are everywhere and take upwards of 12 years to decompose (though I think that that figure is somewhat exaggerated). This of course is a direct result of banning smoking inside bars and pubs and corporate smoking areas. If people were allowed as they were previously, to smoke in these venues they wouldn’t be throwing their cigarettes on the floor, but using ashtrays. So yes, one might say that the legislation has increased pollution.

    It has also had a significant economic impact, not of course upon the tobacco industry as people are smoking as much now as they ever did, but upon the hospitality industry which across the EU has been devastated by the ban. In Britain pubs are closing at the rate of 50 a week, and there are similar tales across the continent. A whole way of life is being destroyed. This is why in some German Lande, and in Holland and elsewhere there have been successful challenges to the smoking bans and they have been ruled unconstitutional as they stop people from lawfully going about their business.

    If the legislation is about protecting people from passive smoking, well the results are mixed. Today more children are affected by passive smoking than before as people no longer drink in bars but do so at home, where children are more likely t o be. Bar staff it is true are less affected by passive smoking, but then many of them have lost their jobs, and I suspect that most would prefer to suffer a bit of passive smoking than the loss of their livelihood. I wonder if they were ever asked ?

    And finally you claim that 19,000 people die per annum of passive smoking related conditions. Where did you get that figure ? I once asked a senior Commission official about this, as they claimed that it included smokers. They could not tell me about a single person who had died of passive smoking. Not one. I got an MEP to ask a similar question. Can anybody point to anybody who died ? http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+WQ+E-2008-3520+0+DOC+XML+V0//EN&language=LV

    The answer came back, These estimates are based on the international evidence on the level of risk posed by exposure to environmental tobacco smoke (ETS) and the estimated proportion of the population exposed rather than individual cases of deaths due to passive smoking. The nature of the epidemiological evidence on all risk factors, be they chemical or other, is such that it does not allow to identify the victims at individual level but only populations. http://www.europarl.europa.eu/sides/getAllAnswers.do?reference=E-2008-3520&language=LV

    Or in other words No, it’s a guess.

    So where do you get your figures, or is it part of the junk-science, fear-driven carry on that posits figures without proof in order to force a dumbed down population to do what they are told ?

  • Le 12 août 2010 à 17:21, par Laurent Nicolas En réponse à : Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

    thanks for your comprehensive feedback, but the two links you point to are dead : any way to find working ones ?

  • Le 12 août 2010 à 18:08, par david En réponse à : Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

    je suis assez d’accord avec gawain. vous citez toute sorte de chiffres sans sources sérieuses, qui de fait n’existent pas. Il est en effet impossible de mesurer le nombre de morts liés au tabac. De même qu’il est impossible de mesurer avec exactitude le nombre de décés liés à la pollution atmosphérique. En outre, pas une seule mention n’est faite du problème de liberté publique que pose la multiplication des interdits, systématiquement justifiés par la sacrosainte question de santé ! Or, la même Commission, et les mêmes gouvernements qui interdisent à tour de bras de fumer refusent d’entendre les écolo parler de principe de précaution en matière de malbouffe (ogm, clonage, pesticide...) et réduisent sans cesse les budgets santé des différents Etats européens. Cela me parait parfaitement grotesque. De même, vous posez la question de la « lutte contre » comme allant de soit : il faut des politiques répressives pour que l’on fume moins. Or, après avoir avoué l’échec de ces politiques, vous ne songez pas un instant à les remettre en cause ! c’est quand même étonnant ! si un truc ne marche pas, on fait différemment au lieu d’insister dans l’erreur ! La prohibition n’a jamais marché alors pourquoi la reproposer au lieu de réfléchir sérieusement aux raisons de ces échecs ? Enfin, le catastrophisme final est assez surprenant. « pas encore trop tard... » ??? mais pour quoi donc ? Pour réagir avant que nous ne mourions tous étouffé par les horribles fumeurs ? Navré, mais aux sornettes alarmistes des moralistes, je préfère largement la verve des gastronomes et des bons vivants, et tant pis si cela comporte quelques risques... « Le secret d’une bonne santé : la pratique raisonnée de tous les excès et l’abstention nonchalante de tous les sports » disait Curnonski, « Cigars, whisky and no sports » lui répondait Churchill. David

  • Le 16 août 2010 à 09:36, par Toonpsoog En réponse à : Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

    Serait ce par manque d’information, ou alors le déni d’un toxicomane (et bien oui le tabagisme est une toxicomanie), même si l’argument de la mortalité liée au tabac n’était pas étayé (à lire : le rapport 2008 de l’OMS à ce sujet http://www.who.int/tobacco/mpower/mpower_report_full_2008.pdf ) l’inhalation chronique des fumées issues de la combustion de quelques substances que ce soit, ne peut être considérée comme anodine par un public éclairé. Et si il est vrais que l’on consomme en Europe du tabac depuis le 16 eme siècle et que l’interdiction n’est évidemment pas une solution envisageable (on peut en remarquer l’efficacité sur les autres drogues « illégales »), les États doivent néanmoins jouer leur rôle et protéger les populations.

    Équations particulièrement complexe, si l’on tient compte du couts engendré par les malades du tabac (les assurance santé Américaine frappe d’un malus élevé les fumeurs, voire ne les assurent pas du tout), à charge des fumeurs comme des non fumeurs, si l’on tient compte des revenus que les taxes sur le tabacs représentent, mais également de la force de lobbying de l’industrie du Tabac,...

    Quoi qu’il en soit liberté de fumer évidemment, obligation d’en assumer les conséquences sur sa santé seul ... , prévention accrue et limitation de l’intérêt des industriel, en tout cas les solutions sont complexes surtout face à une substance hautement addictive [avec une prévalence chez les gens faibles ] (ref : http://www.assemblee-nationale.fr/11/rap-off/i3641-11-1.gif ; cf. Molimard R ).

  • Le 17 août 2010 à 18:04, par Greg En réponse à : Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

    Le tabac est un fléau pour notre société et les mesures anti-tabac ne fonctionnent pas.

    Tout le monde sait que le tabac est très mauvais et dangereux pour la santé. Mais les fumeurs continuent de fumer quand même (il n’y a qu’à regarder le nombre de mégots de cigarettes devant un hôpital).

    Pourquoi ?

    Pourquoi les fumeurs continuent de fumer alors qu’ils savent consciemment que c’est dangereux pour leur santé et que les cigarettes leur coûtent une fortune ?

    Dites à un fumeur qu’il ne peut pas fumer et que cela le tuera et il allumera une cigarette devant vous.

    Pourtant, les fumeurs savent respecter les limitations dans les lieux publics ou les transports en commun...

    Alors pourquoi continuent-ils de fumer ?

    Je pense que pour aider les gens à arrêter de fumer, il faut qu’ils prennent conscience de comment et pourquoi ils ont commencer à fumer.

    Qu’est-ce que cela leur procure réellement ?

    Est-ce qu’ils aiment réellement fumer ? NON. Ils se sentent mieux uniquement car ils comblent le phénomène de manque causé par la nicotine.

    Pour avoir été fumeur pendant 15 ans, je sais ce que c’est.

    Si vous voulez en savoir plus, et avoir la réponse à ces questions, j’offre gratuitement un petit dossier sur mon site internet qui vous explique tout cela en détail.

    J’espère que cela pourra en aider plus d’un à se débarrasser de cette mauvaise habitude.

    http://www.solutions-sante.net/fumer-cigarette-tabac/

  • Le 23 août 2010 à 23:23, par Valéry En réponse à : Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

    Ce qui m’étonne dans cet article est l’angle exclusivement répressif et hygiéniste. Les libertés individuelles des Européens comptent-elles pour du beurre ? Si les droits des non-fumeurs sont importants ceux des fumeurs le sont également. Il est notamment révoltant d’interdire purement et simplement de fumer dans les lieux de convivialités plutôt que de prévoir des aménagement permettant de respecter chacun.

  • Le 27 août 2010 à 10:50, par MP En réponse à : Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

    David,

    Tes remarques sont extrêmement justes et je tenterai d’y répondre rapidement.

    Concernant les sources, je me suis basée sur les chiffres déposés sur le site http://fr-fr.help-eu.com/pages/Suivez-le-programme-personnalis%C3%A9-HELP-pour-vous-y-aider-programme-1.html, une référence qui me semble sûre. Il va sans dire qu’il est bien entendu extrêmement difficile de mesurer l’impact du tabac sur la santé et le nombre de mort, victime du tabagisme, actif ou passif. Pour autant, des chiffres sont proposés, liés à des estimations. Ensuite, concernant la remise en cause des politiques répressives, je pense avoir suffisamment montré que la Commission ne met pas en place uniquement ce type de politique, et que l’échec de celles-ci, conduit à aborder le tabac sous un autre angle : celui de la prévention. Quelles autres solutions pouvons-nous envisager ? Interdire est inutile et impossible, prévenir en revanche peut éviter le développement de certaines maladies.

    Quant à la dernière phrase, « il n’est pas encore trop tard », ne se veut pas moralisatrice ou alarmiste. Il n’est pas encore trop tard pour prendre en compte que le tabac influe sur note santé, qu’on le veuille ou non.

  • Le 1er septembre 2010 à 13:43, par david En réponse à : Tabac en Europe, quelles avancées pour la santé des Européens ?

    « l’inhalation chronique des fumées issues de la combustion de quelques substances que ce soit, ne peut être considérée comme anodine par un public éclairé. »

    le dit public éclairé s’intéressera aux quelques micro-grammes de fumée provoqués par la combustion de sa cigarette dés que l’on se sera occupé des kilo-grammes de fumée provoqués par la combustion des tonnes de pétrole et autre combustibles nécessaires à ce que chacun se déplace autrement qu’en transport en commun (et possiblement dans de très gros véhicules développant une puissance phénoménale) dans une grande métropole.

    « le tabagisme est une toxicomanie »

    au même titre que l’addiction au sport (http://www.cairn.info/revue-psychotropes-2002-3-page-39.htm) ou au travail. Pourtant je n’ai jamais entendu parler d’une quelconque politique répressive contre les sportifs ou les travailleurs.

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