Avec les accords franco-britanniques, dits de Londres où ils furent signés le 2 novembre dernier, l’expansion d’actions pirates au large des côtes somaliennes où l’opération Atalanta, commune à 22 Etats-membres est menée au nom de l’UE, avec également la nomination récente Alain Juppé au Ministère de la Défense, et l’affirmation, il y a quelques jours à Lisbonne, d’un renforcement de l’UE face à l’OTAN, l’agenda de la défense européenne a changé de visage en un mois !
Une semaine sous le sceau de la défense européenne
Le Taurillon a ainsi décidé de concentrer les publications de la semaine sur ce thème brûlant, abordant tour à tour l’impact de l’actualité nationale : nomination récente d’Alain Juppé, accords franco-britanniques, et internationale : sommet de l’OTAN et piraterie dans l’Océan Indien. Les premières réalisations de cette Communauté européenne de défense, encore attendue après l’échec du plan Pleven il y a tout juste soixante ans, seront présentées. L’opération Atalanta, menée au large des côtes somaliennes, joue le rôle de laboratoire testant la viabilité d’une Défense européenne dans les faits : elle fonctionne !
Alors que les coupes de budgets militaires forcent ici et là – Berlin-Paris ou Paris-Londres – les coopérations renforcées, l’industrie européenne de défense embrasse de nouveaux défis, qui seront abordés cette semaine dans Le Taurillon. En guise d’ouverture, l’interview d’Alexia Goloubtzoff, présidente de l’Association nationale des auditeurs jeunes de l’Institut des hautes études de Défense nationale, scrutera le regard des nouvelles générations sur un projet européen de défense refusé par nos pères et nos grands-pères.
L’Europe de la défense, un projet euro-citoyen ?
Mais cette ambition affichée en faveur d’une armée européenne peut paraître antinomique du projet européen, a fortiori lorsqu’elle appelée de leurs vœux par les Jeunes Européens-France, qui prétendent en être porteurs. Celui-ci ne vise-t-il pas l’établissement irrémédiable de la paix, créant des solidarités de fait en lieu et place de divisions sanglantes ? Un vrai fédéraliste ne devrait-il pas mépriser toute ambition militaire ?
La première phrase du discours du salon de l’Horloge, pierre originelle du projet communautaire, répond pleinement à la question : « La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent ». Hier la Guerre froide, la menace soviétique et ses affrontements périphériques, à Berlin, en Corée, à Cuba… Aujourd’hui « les réalités d’un monde multipolaire » dont parle Alain Juppé, la piraterie, le terrorisme...
Un « effort créateur » à la mesure des dangers actuels, mais également de la paix
La mise en place d’une Défense européenne ne fait pas sens en soi. Toute opération militaire a ses limites, en témoigne le succès d’Atalanta : pour avoir un impact positif sur le long-terme, une victoire militaire ne peut pas se passer d’un projet de société. C’est la vocation de l’Europe de la Défense, dont l’objectif premier est l’accompagnement et la préservation de la paix, au Tchad, en Géorgie, au Kosovo.
Pour avoir généré puis subi certains des conflits les plus meurtriers, l’Europe peut apporter sa contribution à la paix mondiale. Et le premier instrument de sa diplomatie, au-delà d’un Haut représentant ou d’un service diplomatique commun, c’est encore « la création pour la défense commune, d’une armée européenne rattachée à des institutions politiques de l’Europe unie, placée sous la responsabilité d’un ministre européen de la défense, sous le contrôle d’une assemblée européenne, avec un budget militaire commun », telle que la proposait Jean Monnet il y a plus d’un demi-siècle aujourd’hui.
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