Samedi 17 décembre 2005, aux aurores...

Un budget pour l’Union européenne :

Lâche soulagement autour d’un budget de compromis : « money, money, money »...

, par Ronan Blaise

Un budget pour l'Union européenne :

À l’occasion de ce sommet européen des 15 et 16 décembre 2005, l’Union européenne a donc apparemment su retrouver les vertus de l’unité afin de se donner un budget pour la période 2007-2013. Mais devons-nous nous féliciter du seul compromis obtenu ou déplorer la faiblesse inhérente à celui-ci, et sa bien maigre substance ?

Accouchement difficile et à l’arraché pour un budget minimal et étriqué.

C’est donc après un suspense quasi insoutenable - bien que des informations officieuses, mais néanmoins optimistes, aient filtrées toute la soirée de la veille - que la (bonne) nouvelle est enfin tombée sur les télescripteurs dans la nuit de vendredi à samedi, vers trois heures du matin : le compromis est passé, l’Union a un budget.

Car c’est ainsi, après des mois et des mois d’un psychodrame crispant qui aura tenu en haleine, voire désespéré, nombre d’observateurs attentifs aux destinées de l’Europe que l’Union européenne a donc douloureusement accouché d’un authentique budget pour la période 2007-2013.

À la recherche de l’impossible compromis :

Un budget, certes :

1) Dans la mesure où l’impossible compromis a donc finalement été trouvé autour d’une proposition de budget légérement inférieure aux propositions luxembourgeoises de juin dernier mais très légérement supérieure à ce qu’annonçait récemment encore la présidence britannique : soit un budget global de 862,4 milliards d’euros (soit environ 1,045% du produit intérieur brut de l’Union...).

2) Dans la mesure où les fonds structurels (qui avaient pu paraître gravement menacés ces dernières semaines...) sont finalement préservés dans leur presque intégralité.

3) Et dans la mesure où - « ristourne » en sursis- M. Blair semble finalement en quelque sorte avoir été contraint de « manger son chapeau ». Puisque, sous la contrainte de l’ensemble de ses partenaires, la présidence britannique de l’Union a également offert de réduire d’environ 10,5 milliards d’euros (sur les sept prochaines années...) le fameux rabais financier accordé au Royaume Uni, depuis 1984, sur sa contribution au budget européen...

Néanmoins, juste noter qu’en contrepartie, les autres pays - et notamment la France- ont néanmoins formellement accepté une remise à plat des perspectives financières communautaires, dès 2008 ou 2009 (comme le demandait bien le Royaume Uni...) : une décision concertée qui pourrait donc conduire à de futures coupes claires dans les subventions agricoles liées à la PAC, prélude à de futures nouvelles belles empoignades communautaires...

Quel budget pour quelle Union ?

C’est donc une présidence britannique soulagée qui, ce 1er janvier à venir, passera donc le témoin de la difficile direction d’une Union convalescente et éprouvée à l’Autriche pour un premier semestre 2006 durant lequel (www.eu2006.at) on parlera à nouveau d’avenir institutionnel de l’Union, d’élargissement dans les Balkans, de la stratégie « compétitive » dite de Lisbonne, du modèle social européen et - bien entendu, une fois de plus - de gros sous.

Et ce, dans le cadre d’un budget dont on ne cessera pourtant jamais d’en dire à bon escient qu’il est un budget au rabais pour une Europe à minima, un budget minimal pour une Europe apparemment en panne de projet rassembleur. Et un budget étriqué pour une Europe pourtant depuis peu élargie à de nouveaux Etats membres en attente d’une solidarité européenne qui soit bien autre chose que des mots, s’il vous plaît.

Viel Glück, Österreich, donc ! (Bonne chance à l’Autriche, et bon courage...).

Photo : Jack Straw, ministre des Affaires étrangère du Royaume Uni, accueille Angela Merkel, premier ministre de la République fédérale d’Allemagne (Conseil européen). Bruxelles, le 15 décembre 2005.

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Vos commentaires
  • Le 16 décembre 2006 à 18:21, par géographe En réponse à : Comment « dégonfler » la PAC ?

    Bonjour ! J’aimerais savoir comment les détracteurs de la PAC (Royaume-Uni, Pays-Bas, Suède, Danemark, Allemagne) vont s’y prendre pour faire baisser sa part dans le budget...

    De plus, y ont-ils vraiment TOUS intérêt ? La diminution des aides aux agriculteurs ne risque-t-elle pas de les atteindre également ? Ou pourront-ils récupérer cet argent (voire plus) sous forme d’aides aux régions en retard ?

    Merci beaucoup !

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