« United we stand, Europe has a mission »

Soit un titre très ’’punchy’’ pour un film alors présenté comme un très alléchant thriller de politique fiction et d’espionnage, dans le plus pur style des plus grands ’’blockbusters’’ hollywoodiens...

Avec, en rôles titres : Pénéloppe Cruz et Ewan Mcgregor. Mais un film qui, en réalité - autant le dire - n’existe pas...

En effet, ce film n’existe pas. Et il s’agissait là en fait d’un immense canular artistique consistant, dans le cadre d’une démarche d’analyse en sciences humaines, à promouvoir - à l’échelle mondiale et auprès du grand public - un film n’ayant pas d’existence véritable. Mais un film qui aurait été - néanmoins - susceptible d’intéresser le grand public de par sa seule thématique ici abordée.

En l’occurrence : l’Europe unie et son rôle dans les relations internationales. Ou ’’comment l’Europe unie, ’’soft power’’ diplomatique (et non les Etats-Unis...) sauve notre monde une fois de plus au bord de l’abîme’’.

« United we stand » : le scénario

En résumé, d’après les concepteurs de cette campagne : Nous sommes dans un avenir proche, alors que la crise nucléaire qui oppose les Etats-Unis à la Corée du nord menace de prendre un tournant très dangereux pour la paix mondiale.

Tout commence quand la Corée du nord fait procéder à des essais nucléaires interdits par les conventions internationales, menaçant ainsi ses voisins sud-coréens et japonais. Ce à quoi s’opposent immédiatement les Etats-Unis, annonçant très clairement leur intention d’intervenir militairement - dans le cadre de leur politique de lutte contre la non-prolifération nucléaire et contre l’ ’’Axe du mal’’ - pour désarmer ’’manu militari’’ la Corée du nord.

Mais, la crise opposant les Etats-Unis au régime dictatorial nord-coréen de Kim Jong-Il s’internationalise alors : la Chine communiste proclamant son intention de s’opposer, au besoin par la force, à toute intervention américaine dans la péninsule.

Et c’est dans ce contexte brûlant, alors que les Etats-Unis semblent sur le point de déclarer la guerre à la Chine populaire, que le président de l’Union européenne se pose en médiateur pour essayer de résoudre cette crise internationale avant qu’il ne soit trop tard. L’Europe va-t-elle réussir à résoudre cette gravissime crise internationale ? (Suspense insoutenable...).

« United we stand » : Quelle démarche ?

Ainsi, en décembre dernier, des milliers d’affiches de ce ’’film-canular’’ ont été collées dans les rues de certaines de nos plus grandes villes.

Et ce notamment à Berlin, Vienne, Bruxelles, Bologne, Barcelone, New York [1] et même en Inde (à Bangalore).

(Cf. ci-contre - à droite - une photographie de la campagne de promotion de ce ’’film’’ : à Bruxelles, devant les bâtiments du Parlement européen...).

Il s’agissait là, en fait, d’une stratégie de communication - de la part des auteurs de cette campagne - pour recouvrir rapidement tout l’espace médiatique : depuis l’internet jusqu’aux plateaux de la télévision, en passant par la presse grand public.

De la part des auteurs de cette campagne iconographique originale, il s’agissait là (dans le cadre d’une ’’campagne d’hallucination collective’’ (sic) construite autour d’un ’’faux’’ populaire...) d’examiner sociologiquement les rapports du grand public avec une telle campagne d’affichage sur une thématique liée à l’actualité internationale.

Et, plus précisément, il s’agissait d’examiner là un certain nombre de procédés artistiques (et de stéréotypes culturels...) souvent utilisés à des fins de propagande pour développer des discours politiques (ici : liés à la place de l’Europe - puissance pacifique - dans les relations internationales...).

The « European Dream » : objet de débat pour le XXIe siècle ?

Néanmoins, à l’heure où l’actuelle crise internationale plonge le monde dans l’inquiétude et dans l’expectative, une telle campagne artistique peut néanmoins aussi susciter et alimenter le débat quant au rôle de l’Europe dans la future architecture des relations internationales.

Y a-t-il encore, dans notre monde globalisé, une place pour les Nations Unies, pour leurs principes de sécurité collective et d’arbitrage international ? Le ’’rêve européen’’ d’un nouvel ordre international pacifique et appaisé (et d’un monde régit par les principes du Droit) est-il aujourd’hui une alternative crédible à l’actuelle hyperpuissance américaine ?

L’Europe ’’soft power’’ actuelle peut-elle vraiment se présenter comme un ’’modèle de rechange’’ (ou comme une ’’force d’appaisement’’ complémentaire pour ’’équilibrer’’ le monde) face au modèle contemporain d’une Amérique actuellement toute puissante ? Et - surtout - l’Europe a-t-elle aujourd’hui vraiment les moyens de prétendre à de telles ambitions ?

Un vaste débat qu’une initiative artistique comme celle-là contribue à ouvrir en suscitant le questionnement et en nourrissant le débat. Un débat nécessaire dont, à la lumière de la crise proche-orientale actuelle, on mesure aujourd’hui l’importance. Car oui, n’en doutons pas : « Unie, l’Europe a une mission » ...