Notre rapport au sport est très différent en Europe suivant la pratique suivie, notre milieu social ou le pays dans lequel nous vivons. De plus, le sport a accompagné le phénomène national à la fin du XIXe siècle, ce qui explique en partie le fait qu’il n’y ait pas ou peu de rencontres sportives entre l’Europe et les autres continents.
Les rencontres sportives organisées dans les pays peuvent aussi être l’occasion d’affirmer son identité locale face à celle considérée comme moins légitime au niveau national. On peut prendre ici l’exemple du football en Italie. On y supporte avant tout sa ville (voire son quartier) et on suit peu l’équipe nationale, la Squadra Azzurra... sauf quand on vit à l’étranger. Mais le sport est un tel phénomène de catharsis que même en Italie, la victoire de l’équipe nationale à la Coupe du Monde de Football en 2006 a transcendé les barrières idéologiques et créé un véritable engouement national, même chez les dirigeants des partis séparatistes du Nord du pays. Le sport a le potentiel par conséquent pour transcender les espaces publics nationaux et créer un véritable sentiment européen.
La tentation de créer des équipes européennes
L’une des solutions consisterait à créer une rencontre où c’est l’Europe qui joue. Dans la Ryder Cup, les golfeurs américains et européens jouent en équipe pour leur « pays ». Même pour l’équipe européenne, ce sentiment d’appartenance à un collectif existe aussi bien chez le public que pour les joueurs. Cependant, il y a une la limite à la création d’équipes européennes dans leur légitimité à jouer de manière continentale et non plus nationale.
Le sport est organisé sur la base de rencontres sportives entre clubs nationaux puis entre nations. Le principal écueil serait de faire disparaître l’échelon national au profit de l’échelon européen. On n’imagine pas voir aux Jeux Olympiques une compétition où il n’y aurait aucun représentant de son pays sous prétexte qu’aucun de ses athlètes n’a pu battre au moment des qualifications ceux des autres nations européennes. Que cela soit pour les pays à fortes traditions sportives ou pour ceux qui ont retrouvé leur indépendance récemment, ce sentiment de dépossession risquerait d’être le symbole de la fin de la diversité en Europe. Ce qui fait pourtant notre richesse.
Utiliser les symboles européens : le drapeau et l’hymne
Un moyen existe pourtant : utiliser des symboles européens, complémentaires aux symboles nationaux mais ne les remplaçant pas. On peut prendre pour exemple l’équipe irlandaise de rugby jouant aujourd’hui ses rencontres internationales à Dublin après avoir écouté deux hymnes : l’ « Amhrán na bhFiann » irlandais et Ireland’s call, l’hymne de la fédération regroupant la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, membre du Royaume-Uni.
L’Europe a la chance de posséder des symboles reconnus par toutes ses institutions (UE et Conseil de l’Europe) et appréciés par l’ensemble des populations, à en croire les différentes études sur le sujet. Le drapeau européen est aisément reconnaissable partout dans le monde et l’hymne européen n’a pas de paroles privilégiant une partie du public sur l’autre. C’est pourquoi nous devrions réfléchir à ce que l’hymne européen soit joué en plus de l’hymne national pour les rencontres opposant une équipe européenne à celle d’un autre continent. L’objectif est de faire en sorte que les Européens apprennent à soutenir l’équipe leur ressemblant le plus, au-delà de liens historiques et familiaux pouvant déjà exister, dans les grands événements sportifs mondiaux.
Pour permettre l’appropriation européenne au niveau local, il faut présenter la dimension européenne comme quelque chose de positif. On peut ainsi s’inspirer de ce qui se fait en Italie. Les supporters italiens poussent leur équipe à conquérir le « Scudetto », pour obtenir le titre de champion. Il s’agit en fait de l’écusson aux couleurs de l’Italie que le champion portera l’année suivante sur son maillot. Nous pourrions ainsi soutenir la création d’un « Scudetto européen » pour les champions d’Europe d’une discipline sportive, à l’instar du cyclisme sur route, où les champions du monde portent un maillot distinctif jusqu’à la compétition suivante.
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