Dietmar Bartsch et Janine Wissler pour Die Linke, La Gauche
Né en 1958 à Stralsund, dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale en République démocratique allemande, Dietmar Bartsch a fait ses armes avec les communistes : jeunesses communistes, puis faculté d’économie, organe de presse de la RDA… Recyclé dans une gauche plus démocratique, il a néanmoins été surveillé par les services de l’Office fédérale de la protection de la Constitution (Bundesamt für Verfassungsschutz), un organe qui examine les éléments pouvant menacer les principes démocratiques allemands. Le parti Die Linke ne répondant pas à ces critères, la surveillance de centaines de députés a été stoppée nette en 2014.
Attaché aux questions économiques et à la concurrence internationale, Dietmar Bartsch fait partie de l’aile modérée de Die Linke. Il dit être prêt à s’allier avec le SPD en cas de victoire.
Née en 1981 à Langen, en Hesse de parents syndicalistes, proches des communistes, Janine Wissler est fan de foot, supportrice de Francfort et a fait des études de sciences politiques. Tête de liste en Hesse en 2018, elle contribue à améliorer le score de son parti d’1,2% à 6,3% et fait partie des 9 députés Die Linke. Elle se présente plusieurs fois à la mairie de Francfort.
Janine Wissler fait partie de l’aile gauche du parti de gauche radicale. Elle cofonde en 2005 l’Alternative électorale Travail et justice sociale (WASG) pour protester contre l’Agenda 2010 du gouvernement écolo-social-démocrate Schröder qui prévoyait notamment la baisse des pensions de retraite et de l’assurance chômage et la facilitation du recours à l’intérim. Cette législation était à l’origine du phénomène des “Mini-jobs”. Le WASG fusionnera en 2007 avec d’autres groupuscules de gauche pour former Die Linke. Janine Wissler codirige le parti depuis février 2021.
Parmi ses thèmes de prédilection, l’anticapitalisme, qu’elle qualifie de “système cruel et inhumain” figure en bonne place. Pacifiste, antimilitariste, elle réclame la sortie de l’Allemagne de l’OTAN voire sa dissolution complète.
Die Linke a axé sa campagne sur les conséquences de la crise sanitaire, comme l’accroissement des inégalités, l’augmentation du capital des plus riches et la précarisation des plus pauvres. C’est pour répondre à ces défis que Die Linke exige une meilleure répartition des richesses, un prélèvement exceptionnel sur les plus riches contribuables, le rétablissement de l’impôt sur la fortune, l’augmentation (de 9,60€ à 12,50€) du montant du salaire minimum ou encore le plafonnement des loyers. Au niveau international, Die Linke plaide pour une détente des relations, la dissolution de l’OTAN et la création d’un organisme multilatéral de sécurité commune, plus large que le Conseil de sécurité de l’ONU.
Olaf Scholz pour Sozialdemokratische Partei Deutschlands, le Parti social-démocrate allemand
Né en 1958 en Basse-Saxe, Olaf Scholz entre très tôt dans les instances du SPD en rejoignant les Jeunesses socialistes, avant de faire des études pour devenir avocat. Il devient, à force de gravir les échelons régionaux et fédéraux, secrétaire général du SPD entre 2002 et 2004. Il soutient alors le plan Agenda 2010 du gouvernement “rouge-vert” (coalition de la gauche et des écolos) qui fera de nombreux remous à gauche puisque participant à une certaine précarisation de l’emploi. Il est d’ailleurs ministre fédéral du travail et des affaires sociales de 2007 à 2009, puis maire de Hambourg entre 2011 et 2018 avant d’être rappelé par Angela Merkel dans son quatrième cabinet au portefeuille des finances, récupérant également le siège de vice-chancelier.
Désigné candidat dès le mois d’août 2020, “Scholzomat” (l’automate) réussit à revenir dans les sondages grâce à son image d’homme politique expérimenté et l’abandon de son dogme budgétaire rigide pendant la pandémie.
Le SPD a concentré sa campagne sur la réduction des inégalités entre les citoyens, aggravées par la crise sanitaire. Il propose une hausse d’impôts pour les plus riches et une revalorisation du salaire minimum. Pleinement conscient du dérèglement climatique et de ses effets, dont l’été 2021 a été l’exemple tragique en Allemagne, le SPD promet la neutralité carbone du pays à l’horizon 2045.
Annalena Baerbock pour Bündnis 90/Die Grünen, Alliance 90/Les Verts
Annalena Baerbock est née en 1980 à Hanovre, dans la région de Basse-Saxe. Titulaire d’un master en droit international public à la London School of Economics, elle tente ensuite d’obtenir un doctorat en droit international à Berlin, mais décide de ne pas aller au bout. Représentant l’aile “réaliste” (Realo) du Parti Vert, elle est élue au scrutin proportionnel lors des élections fédérales de 2013 puis est réélue en 2017. En 2018, elle est largement élue à la tête du parti, aux côtés d’un autre Realo, l’écrivain de Lübeck Robert Habeck, quelques mois après les élections fédérales de 2017 et les négociations avortées entre la CDU-CSU, le FDP et les Verts pour la formation d’une coalition gouvernementale.
Qualifiée il y a quelques mois de “candidate idéale” pour le Parti Vert, alors vue comme la mieux placée pour succéder à Angela Merkel, Annalena Baerbock est depuis plusieurs mois dans la tourmente. Trois affaires ont accéléré le déclin de sa popularité : une première affaire de retard de déclaration de primes défiscalisées de plusieurs dizaines de milliers d’euros que son parti a touché entre 2018 et 2020, puis des soupçons sur la falsification de son CV (notamment sur son appartenance au groupe de réflexion “German Marshall Fund” ou sur ses activités de direction du bureau bruxellois d’une députée européenne). Pour couronner le tout, des accusations de plagiat ont éclaté concernant son livre Jetzt, paru plus tôt cette année.
Tout cela a eu pour conséquence une baisse sensible de la candidate Baerbock dans les sondages (selon le Spiegel, elle était créditée de 30% des voix fin avril, contre seulement 16% en septembre), malgré une campagne axée sur les préoccupations d’une bonne partie de la jeunesse - la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C par rapport aux moyennes de températures préindustrielles, une administration publique plus efficace, des politiques de transport et familiale plus volontaristes, et une justice sociale au centre des préoccupations.
Christian Lindner pour Freie Demokratische Partei, le Parti libéral-démocrate
Christian Lindner est né en 1979 à Wuppertal, en Rhénanie du Nord-Westphalie. Après des études de sciences politiques, il travaille dans la communication et fonde plusieurs start-ups aux existences généralement brèves. Encarté très tôt chez les Libéraux, il monte un à un les échelons régionaux puis fédéraux, il devient président du FDP en 2013, date à partir de laquelle le parti se “droitise”. Qualifié souvent de “Macron allemand”, sans la réussite du Français, il s’oppose à une transition trop rapide du mix énergétique allemand, vantant les mérites de l’énergie nucléaire. S’agissant des “Fridays for future”, des manifestations de la jeunesse pour le climat les vendredis, il les méprise un peu, préférant l’avis de “professionnels”. Surfant sur la question d’actualité des réfugiés afghans, il met en garde contre une ouverture trop large de l’économie allemande aux demandeurs d’emplois étrangers. Il milite en revanche pour un “droit à la crèche”, dans un pays où les mères aux foyers sont nombreuses à ne pas retrouver le chemin du travail.
Le FDP fait campagne sur l’éducation comme moteur du renouveau économique, politique et social allemand. Très présent sur ces questions-là, la transformation numérique est la priorité numéro deux des Libéraux, que ce soit aux niveaux économique, social mais aussi en termes de défense. Enfin, le redressement de l’économie après la crise liée au coronavirus est un thème récurrent du FDP.
Armin Laschet pour la Christlich Demokratische Union/Christlich-sozial union, l’Union Chrétienne-démocrate/Union chrétienne-sociale
Armin Laschet est né en 1961 à Aix-la-Chapelle, dans la région de Rhénanie du Nord-Westphalie. Il devient député fédéral à l’âge de 33 ans pour la CDU (dont il est membre depuis ses 18 ans) après avoir fait des études de droit et un début de carrière professionnelle dans le journalisme, un parcours assez classique pour une personnalité politique. En 1999, il est élu au Parlement européen. En 2005, il devient ministre des Générations, de la Famille, des Femmes et de l’Intégration de son Land dans un gouvernement noir-jaune, avec notamment le jeune Christian Lindner, qu’il retrouve en face de lui pour le scrutin fédéral de 2021. En 2010 il devient député fédéral puis président de la branche fédérée de son parti en 2012, et accède à la vice-présidence du CDU au niveau fédéral 6 mois après.
À l’occasion de l’élection à la tête de l’Union CDU/CSU en janvier dernier, se présentant dans la droite ligne d’Angela Merkel, il est préféré au très conservateur bavarois Markus Söder. Face à son manque de charisme, il espérait surfer sur son image de sérieux. Une image sérieusement écornée quand il est surpris en train de rigoler, derrière le Président allemand Frank-Walter Steinmeier rendant hommage aux très nombreuses victimes des graves inondations de cet été. Une faute qui lui vaudra cher dans les sondages, plongeant dès ce moment-là.
Le programme de la CDU/CSU pour ces élections entend continuer les efforts des 15 dernières années, axé sur la réduction du taux d’endettement des administrations publiques, il prévoit la suppression de la taxe de solidarité ainsi qu’une baisse de l’imposition sur les bénéfices des entreprises. La récente catastrophe humanitaire en Afghanistan mais également les forts courants de droite plus radicale qui traversent la CDU/CSU, obligent celle-ci à “droitiser” son discours par rapport aux années Merkel.
Alice Weidel et Tino Chrupalla pour Alternative für Deutschland, Alternative pour l’Allemagne
Alice Weidel est née en 1979 à Gütersloh, en Rhénanie du Nord-Westphalie. Elle travaille pour de grandes banques (Goldmans Sachs) ainsi que dans le secteur des assurances, avec un penchant pour le monde asiatique. Politiquement, elle s’engage d’abord auprès des centristes du FDP qu’elle quitte après quelques temps au profit de l’AfD, séduite par son euroscepticisme acharné. Libérale, elle dit admirer la figure de l’ultralibérale Margaret Thatcher. Elle représente également l’autre versant de la politique de l’AfD : elle se dit opposée à l’islam, estimant qu’il représente une “menace pour l’Allemagne”. Elle n’en pense pas moins des migrants et des pauvres, qualifiés de “boulets” pour l’économie du pays. On voit mieux ici sa filiation à la Dame de fer britannique. Nationaliste, elle est en concubinage avec une suissesse d’origine sri lankaise, elles élèvent leurs deux enfants en Suisse. De plus, elle est blanchie dans une affaire de financement de campagne de 2017.
Tino Chrupalla, l’autre tête de liste AfD, est né en 1975 à Weisswasser, en Saxe. Peintre en bâtiment de formation, il est membre des jeunesses chrétiennes-démocrates de la CDU. Déçu par sa politique migratoire, il adhère finalement à l’AfD pour laisser exprimer ses opinions. Reprenant un vocabulaire issu du langage nazi, il qualifie l’immigration d’“Umvolkung” (transformation ethnique).
Il est porte-parole de l’AfD avec Jörg Meuthen avec qui les désaccords sont nombreux notamment sur la question vaccinale mais aussi les positions sur l’Union européenne et l’euro. Face aux revendications “bourgeoises” de Meuthen, l’ancien ouvrier Chrupalla entend privilégier les thèmes proches des ménages modestes.
Outre des propositions classiques sur l’économie, la protection de l’environnement, la campagne de l’AfD reste polarisée sur l’immigration, l’accueil des réfugiés et les aides allouées aux demandeurs d’asile. Officiellement favorable à l’UE, le parti fait campagne contre l’euro, au profit de plus petites unions monétaires régionales.
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