Largement réélue en juillet dernier (par 400 voix pour et 284 contre), la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’attelle depuis plusieurs semaines à composer sa nouvelle équipe. Sauf qu’entre son projet politique et les exigences des États membres (qui désignent, pour rappel, chacun un Commissaire), il a fallu batailler pour désigner les 27 personnes qui s’installeront dans le bâtiment Berlaymont à Bruxelles.
Fin du suspens ce mardi, lorsqu’elle a présenté devant le Parlement européen à Strasbourg son équipe “von der Leyen II”. Voici cinq enseignements à en tirer.
1
Pari(té) presque tenu(e)Avec 11 femmes pour 27 postes, la nouvelle Commission européenne est à 40% féminine. Un bon score, pour lequel Ursula von der Leyen a dû se battre - les propositions initiales des États membres donnaient une proportion de 20% de femmes - mais qui n’atteint pas encore tout à fait sa promesse d’une parité parfaite.
La présidente avait en effet demandé aux États membres de lui soumettre deux noms, celui d’un homme et celui d’une femme, afin de pouvoir composer une équipe complètement paritaire.
2
Kaja Kallas devient HRAEPSAvec son acronyme barbare, c’est l’un des postes les plus stratégiques de l’UE : le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Tellement stratégique, que les 27 se sont déjà mis d’accord en juin dernier sur le nom de la titulaire. L’ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas entre ainsi à la Commission, et en devient aussi automatiquement une des vice-présidentes.
Concrètement, c’est elle qui représentera l’Union européenne à l’étranger - toujours en coopération étroite avec les Etats membres - et qui coordonnera la diplomatie européenne. Fervente soutien de la cause ukrainienne, elle a d’ailleurs été placée par le régime de Vladimir Poutine sur une liste de personnes recherchées.
3
Un nouveau poste de commissaire à la DéfenseFace à la guerre en Ukraine et la menace d’une extension de la guerre, Ursula von der Leyen a créé un nouveau poste : Commissaire européen à la défense et à l’espace. Le Lituanien Andrius Kubilius récupère ce nouveau portefeuille, probablement sans connaître encore l’étendue exacte de ses responsabilités, puisqu’il n’existe pour l’instant pas d’armée européenne à proprement parler.
“Il travaillera à développer une union de la défense européenne et à renforcer nos investissements dans les capacités industrielles”, s’est justifiée la présidente de la Commission, faisant référence à la production d’armes livrées à l’Ukraine. Mais cette production d’armes est en grande partie soutenue par l’Agence européenne de défense… Qui elle-même tombe sous la responsabilité de la Haut représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Kaja Kallas. Quelques cafouillages sont donc à prévoir, du moins le temps que les deux nouveaux commissaires s’accordent entre eux.
4
La France récupère une “vice-présidence exécutive”Après le psychodrame autour de la démission du désormais ex-commissaire Thierry Breton ce lundi, l’Élysée a finalement annoncé dans la foulée un nom pour le remplacer à Bruxelles : Stéphane Séjourné, ancien président du groupe Renew au Parlement européen - puis éphémère ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Gabriel Attal.
Outre le fait qu’il récupère, contrairement à son prédécesseur, une vice-présidence exécutive, son portefeuille semble de prime abord élargi. Stéphane Séjourné sera en charge de la “prospérité et de la stratégie industrielle”, une attribution qui va de l’innovation au commerce intérieur, en passant par la stabilité économique.
Revers de la médaille : il doit partager les questions économiques avec Valdis Dombrovskis, le nouveau commissaire à l’économie, la productivité et la simplification. Là aussi, quelques cafouillages sont peut-être à prévoir.
5
Un responsable politique d’extrême-droite à la Commission européenneAutre grand pays de l’Union à récupérer un des précieux postes de “vice-président exécutif” : l’Italie. Rafaele Fitto, jusque-là ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Giorgia Meloni - et membre du parti d’extrême-droite Fratelli d’Italia, récupère le portefeuille de la cohésion et des réformes.
La dirigeante italienne s’est félicitée sur le réseau social X (ex-Twitter) d’une “reconnaissance importante qui confirme le nouveau rôle central de notre nation au sein de l’UE”.
Congratulazioni a @RaffaeleFitto per la nomina a Vice Presidente Esecutivo della Commissione europea con delega alla Coesione e alle Riforme. Un riconoscimento importante che conferma il ritrovato ruolo centrale della nostra Nazione in ambito UE.
L’Italia torna finalmente… pic.twitter.com/Gnw72y4bWc
— Giorgia Meloni (@GiorgiaMeloni) September 17, 2024
Mais la nomination d’un commissaire d’extrême-droite ulcère déjà une grande partie des eurodéputés de la gauche et du centre. Ils comptent sur les auditions prévues en octobre à Strasbourg pour confronter les commissaires, voire si besoin rejeter certains candidats : il y a 5 ans, ils avaient rejeté trois candidats, dont la candidate française Sylvie Goulard.
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