Comment accueillir des réfugiés dans son club de football ?

Un projet européen donne la marche à suivre

, par Sport et Citoyenneté

Comment accueillir des réfugiés dans son club de football ?
Photo : Burst

Sport et citoyenneté présente le projet FIRE,

Alors qu’au premier semestre 2021, au moins 1146 personnes ont péri en mer en tentant de rejoindre l’Europe [1] et que l’Union Européenne peine à remédier à ce que l’on appelle communément depuis 2015 « la crise migratoire », les initiatives de la société civile se multiplient en faveur de l’insertion sociale des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile présents sur le territoire européen. Et le football, de par sa popularité, s’avère être d’une aide précieuse.

Une mobilisation spontanée des clubs de football en Europe

Une multitude d’associations et de clubs sportifs - pour la plupart amateurs – ont spontanément offert à ces personnes aux parcours chaotiques l’opportunité de venir jouer au football. C’est le cas du club belge du Royal Europa Kraainem par exemple, qui a pu apporter son soutien à plus de 2500 jeunes depuis 2015. En plus de participer aux entraînements, aux tournois et parfois même de rejoindre l’effectif d’un club, des ateliers leur permettant de s’initier à la langue et à la culture locale, de rencontrer la population ou d’obtenir de l’aide dans leurs démarches administratives sont mis en place.

C’est de cette idée qu’est né, en 2019, le projet FIRE (« Football Including Refugees in Europe »), financé par l’Union Européenne à travers son programme ERASMUS+. Mobilisant durant 28 mois un consortium de 8 partenaires européens [2] issus du monde associatif, sportif et de la recherche académique et contribuant à la mise en réseau de plus de 400 parties prenantes, le projet FIRE s’est donné comme ambition de répliquer ce modèle et de venir en aide aux clubs de football souhaitant adopter une politique d’accueil de personnes réfugiées ou demandeuses d’asile.

Après avoir établi un « inventaire » des initiatives menées en ce sens à travers l’Europe, il a été possible d’identifier – afin d’y apporter une réponse pragmatique - les obstacles rencontrés par les bénévoles des clubs dans la mise en place d’un programme d’accueil : sentiment d’isolement, barrières linguistiques et culturelles, manque de compétences dans la gestion des projets ou encore, manque de moyens financiers favorisant leur pérennisation.

Un outil de formation en libre accès à destination des clubs

Officiellement lancée au mois de mai dernier, cette réponse prend la forme d’un MOOC, outil de formation en ligne permettant la transmission de compétences, de savoir faire et de conseils à destination des clubs. Il est composé de quatre modules incluant notamment vidéos, quiz, et forums, pour préparer le lancement d’une initiative, atteindre et communiquer avec le groupe cible, mettre en œuvre et évaluer cette initiative et trouver des ressources supplémentaires pour le projet.

La Commission Européenne a déjà accepté de financier le Projet FIRE+ jusqu’en 2023, dont l’un des objectifs sera d’enrichir le MOOC par de nouveaux modules spécifiques aux mineurs non accompagnés, à l’inclusion des participantes féminines ou encore à l’accès des réfugiés aux fonctions de bénévoles.

Lutter contre les préjugés pour une inclusion réussie

Lors de la conférence de clôture de ce projet FIRE, Nicolas Brass du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés a rappellé l’importance de combattre les discours toxiques ambiants en Europe depuis 2015 et notamment, le mythe d’une invasion de l’UE par les migrants [3]. Si l’on reprend les chiffres officiels de 2019 (Sources Eurostat et Frontex), l’UE comptait 4,7 % de citoyens non européens (soit 20,9 millions sur une population totale de 446,8 millions d’habitants) et seulement 0,6 % de réfugiés (représentant 10% des 26 millions de réfugiés à travers le monde). Et sur les 2,08 millions de citoyens non européens ayant migré vers l’UE (tandis qu’1,12 millions de personnes la quittaient), seulement 141 700 personnes franchissaient illégalement les frontières dont 106 200 via des traversées maritimes. Enfin, 142 320 citoyens non-européens ont été renvoyés en dehors des frontières de l’UE.

Mais les préjugés ont la peau dure, y compris à l’égard des citoyens européens. Dimanche 11 juillet dernier, à l’issue de la finale de l’Euro 2020 contre l’Italie, des insultes racistes ont déferlé sur les réseaux sociaux à l’encontre des trois joueurs anglais qui ont eu le malheur de rater leur tir au but, coûtant ainsi la victoire à leur pays. Pourtant, l’équipe des « Three Lions » n’avait cessé de dénoncer le racisme toujours à l’œuvre dans les stades en posant un genou à terre avant le coup d’envoi de chacun de leurs matchs de l’Euro. Un bel exemple de lutte pacifique contre les préjugés...

Par Lilia Douihech-Slim pour Sport et Citoyenneté

Notes

[1Selon le rapport publié le 14 juillet dernier par l’0rganisation Internationale pour les Migrations.

[2Sport&Citoyenneté, FareNetwork, Fundacja Dla Wolnosci, les fédérations de football Belge, Ecossaise et Roumaine, la Fondation La Liga et l’ESSCA School of Management.

[3Intervenant lors de la Conférence de clôture du projet FIRE du 3 juin 2021, en sa qualité de Senior External Engagement Coordination pour le UNHCR.

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