« Desfralda a invicta bandeira » : histoire du drapeau du Portugal

, par Alexis Vannier

« Desfralda a invicta bandeira » : histoire du drapeau du Portugal
Source Pixabay

« Déploie l’invincible drapeau », tel est le commandement de la nation portugaise en ce 10 juin, jour de fête nationale au Portugal. Si son drapeau a connu de nombreuses modifications à travers l’histoire, ce n’est pas le cas de ses frontières, les plus vieilles du monde. Ainsi le Traité d’Alcanizes de 1297 a tracé la Raia avec ce qui s’appelait à l’époque la Castille. Du haut de cette ligne, sept siècles nous contemplent. Le Pays des Œillets fait partie de ces quelques pays à ne pas célébrer une indépendance ou une révolution pour sa fête nationale : c’est la mort du célèbre poète Luís Vaz de Camões en 1580 qui a été choisie par la Première République pour célébrer le Portugal. L’Estado Novo de Salazar l’a tristement renommée « Jour de la race (portugaise) », avant de perdre ce nom avec la révolution de 1974.

La lente évolution de la bannière portugaise

La première bannière brandie par des Portugais daterait de la fin du XIème siècle et serait l’adaptation du bouclier du Comte Don Henrique, personnage majeur dans l’histoire de la formation du royaume lusitanien. Il s’agirait d’une croix grecque bleu roi sur fond blanc, similaire à l’actuel drapeau finlandais mais en carré. Au milieu du XIIème siècle, cinq groupes d’onze besants d’argents sont ajoutés sur la croix. Les besants d’argents constituaient les devises d’alors et représentent le pouvoir de frapper la monnaie. Le chiffre cinq renvoie quant à lui aux cinq blessures des stigmates du Christ. Enfin, à la fin du XIIème siècle, la croix disparaît au profit des cinq groupes de besants d’argent amassés dans cinq blasons bleu roi disposés en forme de croix. L’existence de ces versions reste néanmoins sujet de débats puisqu’elles ont été détaillées lors d’une exposition organisée par l’Estado Novo en 1940, en quête de reconnaissance et de relations internationales. Le roi Afonso III opère des changements au XIIIème siècle : une bordure carrée rouge ornée de châteaux, censés représenter les places fortes reconquises aux Maures en Algarve encercle les écus bleus. La nouvelle dynastie issue du Maître d’Aviz ajoute quatre fleurs de lys vertes, symbole de la monarchie. C’est la première fois que le rouge et le vert apparaissent sur le drapeau du Portugal. Différentes versions de la bannière se succèdent ensuite : toujours sur fond blanc, le carré rouge se transforme en écu, une couronne (dont le motif varie selon les dirigeants) vient le surplomber, le nombre de châteaux diminue, des branches d’oliviers apparaissent et disparaissent… João VI, roi de Portugal mais également premier roi du Brésil, vient ajouter brièvement une sphère armillaire derrière l’écusson. En 1830, le bleu roi de la monarchie portugaise refait son apparition pour diviser le drapeau en deux, l’autre moitié côté flottant étant blanche, toujours surplombé par l’écusson devenu emblématique. Finalement, un an après la fragile instauration de la Première République en 1910, le drapeau sous sa forme actuelle est adopté : il détrône le pavillon bleu-blanc de la monarchie tout en préservant l’écusson.

De verde e vermelho

La toute nouvelle République fonde un comité spécial pour créer un nouveau drapeau national. Le fond blanc sera remplacé par du vert et du rouge disposé verticalement en 2/5ème, 3/5ème. Le vert est identifié comme la couleur de l’espoir dans la culture occidentale. Il est aussi un hommage à la révolte républicaine du 31 janvier 1891 dont est également issu l’hymne national A Portuguesa. Le vert est représenté sur les drapeaux alloués au Président de la République (fond vert surplombé des armoiries), de l’Assemblée de la République (fond blanc bordé de vert, armoiries au centre), du Premier ministre (fond blanc, croix en sautoir verte, bordé de rouge fleurdelisé, armoiries au centre), des ministres (fond blanc, croix en sautoir verte, armoiries au centre) ainsi que des préfets locaux (drapeaux découpés en triangle côté flottant, fond blanc, ligne verte horizontale centrée au milieu, surplombée des armoiries).

Le rouge, couleur chantante, ardente, joyeuse représente ici différentes valeurs : le combat, la conquête, le rire, la virilité.

La sphère armillaire dorée rappelle les nombreux explorateurs et découvreurs portugais qui ont émaillé son histoire ainsi que l’ancienne thalassocratie portugaise qui s’étendait sur tous les continents. Elle illustre l’atlantisme du Portugal.

Les nouvelles autorités républicaines ont souhaité maintenir les armoires utilisées depuis 1245 qui symbolisent l’attachement du peuple portugais à ses racines chrétiennes ainsi que le statut particulier de l’Algarve, au sud du pays.

Le symbole du Portugal est le coq de Barcelos, un coq noir à tête rouge que l’on retrouve sur certaines marques ou certifications nationales.

Plus précise encore que la législation maltaise, la loi portugaise prévoit que le drapeau soit hissé à 9h tous les jours. En outre, une disposition de 1910 prévoit l’exil dans certains cas d’atteintes graves au drapeau national. Tout simplement.

Signe de fierté pour de nombreux Portugais, le Vert et Rouge est souvent arboré par la diaspora lusitanienne à travers le monde.

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