Édito. 30 ans après la chute du Mur de Berlin

, par Basile Desvignes

Édito. 30 ans après la chute du Mur de Berlin

Le 10 novembre 1989, alors qu’il participe à une réunion de travail sur l’Europe à Copenhague, le Président de la République française François Mitterrand exprime sa joie : « C’est un événement heureux qui marque un progrès de la liberté en Europe. »

Toute la nuit, la radio française a suivi l’évolution des événements dont on sait déjà qu’ils bouleverseront l’Histoire. Dans les jours qui suivent sont diffusées à la télévision des images de foules de liesse qui deviendront célèbrent, les Français sont fascinés par l’évènement.

Aujourd’hui, un rapide tour d’horizon des articles sur le trentième anniversaire de la Chute du Mur de Berlin permet de mesurer la perception qu’à la presse française de la construction européenne depuis 1989. « Sombre anniversaire », « atmosphère pesante » : la plupart des journaux français concentrent leurs articles sur la persistance d’inégalités sociales, économiques et culturelles entre ex-RDA et Allemagne de l’Ouest. Ils comparent « l’atmosphère de renouveau » et l’effervescence des célébrations organisées suite à la Chute du Mur avec le manque d’intérêt généralisé qui règne en 2019. L’anniversaire de la Chute du Mur est également l’occasion de faire le bilan de trente ans de construction européenne. Le tableau décrit est sombre entre poussée de l’extrême-droite, Brexit, tentation vers la démocratie illibérale et tensions avec la Russie. Il semblerait presque – sur le plan géopolitique – que la guerre froide est de retour avec de nouveaux murs.

Pourtant, l’Union européenne se porte bien. Lorsqu’en juin 2016, les Britanniques ont voté en faveur du Brexit, les Cassandre ont immédiatement annoncé un effondrement de l’Union européenne qui devait faire suite au départ du Royaume-Uni. Trois ans plus tard, les Européens demeurent soudés face au Brexit. Un élan inattendu de participation a eu lieu lors des dernières élections européennes, témoignant d’un véritable intérêt des électeurs pour les enjeux du continent. Si les forces europhobes progressent, notamment en France, c’est au prix d’un adoucissement de leurs discours. Si le Front national demandait un « Frexit », l’équivalent français du Brexit ; le Rassemblement national promeut aujourd’hui une Europe des nations.

Même les partis eurosceptiques doivent avoir une vision claire de l’Europe s’ils veulent obtenir des résultats électoraux. Au contraire, d’autres forces eurosceptiques ou critiques de l’Union européenne sans véritable projet européen comme la France Insoumise ou les Républicains ont été balayées lors du dernier scrutin européen.

Les élections du 26 mai 2019 ont été le premier scrutin véritablement européen en France. Les Français connaissent aujourd’hui les noms de dirigeants européens. Theresa May, Viktor Orbán ou Matteo Salvini : même si certains sont contre l’Europe d’aujourd’hui, la diffusion croissante de l’actualité européenne témoigne bien d’une européanisation de l’information alors que la plupart des Français ignoraient tout de leurs voisins européens en 1989.

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