Effet Trump  ? Les voix pour la droite en Europe chutent brutalement

, par Caroline Iberg, Tobias Gerhard Schminke

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Effet Trump ? Les voix pour la droite en Europe chutent brutalement
Le populiste de droite Geert Wilders, perdant des dernières élections parlementaires aux Pays-bas en mai : première victime d’un « anti-effet Trump » ? ©Roel Wijnants/ Flickr/ CC 2.0-Lizenz

Depuis l’élection de Donald Trump en tant que président des États-Unis, les partis d’extrême droite en Europe enregistrent une baisse brutale dans les sondages d’opinion. Ce sont les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates qui bénéficient le plus de ce développement.

Dans un monde globalisé, ce sont également les humeurs politiques qui le sont. Ainsi, les résultats des élections et l’actualité à l’étranger déterminent les votes des autres continents. C’est ce que montrent les chiffres publiés dans le dernier «  europeanmeter  ».

L’effet anti-Trump perdure

Lorsque Donald Trump remporte l’élection à la présidence des États-Unis le 8 novembre 2016, la droite européenne se situe en moyenne à 16%. De ces 16%, neuf points sont attribuables au groupe ENF de Marine Le Pen, dont l’AFD et le FPÖ font partie. Un record. Trump et les partis eurocritiques de droite partagent la même ligne politique. Nigel Farage a même soutenu Donald Trump lors d’apparitions durant sa campagne.

Aujourd’hui, la situation a totalement changé. En effet, l’alliance de Le Pen peine désormais à atteindre une part de 7% des voix. Même le groupe EFDD de Nigel Farage et Beppe Grillo fait fuir les électeurs depuis le triomphe de Trump, passant de 7% à 6% des voix depuis novembre.

Les résultats des élections de mars aux Pays-Bas, dans la Sarre et en Bulgarie ont été le reflet de cette tendance. Les partis de droite ont moins bien réussi que ce que prévoyaient les sondages. La présidence de Trump serait-elle alors un avertissement contre les expériences de droite en Europe ? Les enquêtes montrent en tout cas que les Européens sont plutôt insatisfaits des mesures prises par le gouvernement de Donald Trump. En outre, la perte des voix de la droite s’explique aussi par le fait que des questions telles que celles des réfugiés et de la sécurité ont joué un rôle moins important dans la décision de vote que six mois auparavant. Les partis populistes de droite avaient en effet bénéficié du nombre élevé de demandeurs d’asile en 2015 et 2016 et de l’attention des médias qui leur avait été associée.

Il est clair que le résultat de Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle le 23 avril prochain sera décisif pour le succès futur des partis de droite en Europe. Si Le Pen remporte le premier ou même le second tour, cela pourrait avoir un gros impact sur d’autres partis de droite en Europe et revêtirait une importance particulière pour les prochaines élections en Allemagne et en République tchèque. En revanche, si l’effet Trump place Le Pen à la deuxième place au premier tour de l’élection présidentielle et si Le Pen venait à perdre clairement contre son concurrent au deuxième tour de l’élection, cela pourrait avoir pour conséquence de continuer à démobiliser la droite en Europe. Certains affirment même que Trump pourrait alors, grâce à son exemple dissuasif, entrer contre son gré dans les annales en tant que gardien de l’Union européenne dans sa forme actuelle.

Démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates en pleine renaissance

Ce mois-ci, ce sont les chrétiens-démocrates (le groupe PPE) qui bénéficient le plus de la faiblesse des factions de droite. En effet, ils sont passés de 21 à 22% de part électorale en Europe. Lors des élections aux Pays-Bas, dans la Sarre et en Bulgarie, les partis de centre-droit ont obtenu plus de voix que ce que prévoyaient les instituts de sondage. Les sociaux-démocrates (le groupe S&D) n’ont gagné qu’un demi-point par rapport à début mars après les nominations de Martin Schulz et de Benoit Hamon et se situent à 23%. C’est la première fois dans l’histoire des «  europeanmeters  » que les socialistes se présentent comme la première force en Europe pendant deux mois consécutifs.

Le renouveau des partis politiques ne doit cependant pas être surestimé : malgré les avancées, les démocrates-chrétiens ont encore sept points de retard par rapport aux résultats des élections de 2014. Quant aux 23% des sociaux-démocrates, cela constitue encore un pourcentage historiquement très bas après leur mauvais résultat aux dernières élections européennes.

Les petits groupes restent stables

Le groupe ECR des euroconservateurs est dominé par le parti polonais PiS et le Conservative Party britannique. C’est en particulier le PiS qui cède actuellement des électeurs aux démocrates-chrétiens en raison de sa politique européenne de confrontation. Il se situe désormais à 8,5% de parts électorales. Les libéraux (ADLE) ont également perdu un demi-point pour se placer à 8%.

Les Verts/ALE conservent leur faible score. Ainsi, comme le mois dernier, seuls 4% des Européens voteraient pour les partis appartenant à cette faction. Les partis de gauche restent stables à 7,5 pour cent.

Le groupe NI profite de la mobilisation des électeurs d’Emmanuel Macron et se place à 6,5%. Quant aux partis qui ne pourraient se voir attribuer une place au sein du parlement européen, ils représentent un total de 7,5% des voix. Si l’on devait voter aujourd’hui, les chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates possèderaient chacun 188 sièges. Les libéraux obtiendraient 75 sièges, soit un siège de plus que le groupe conservateur ECR et ce malgré une part inférieure de voix. Le groupe GUE/NGL possèderait 58 sièges, le groupe NI 51 sièges. Le groupe ENF de Le Pen aurait 48 sièges juste devant le groupe EFDD de Farage EFDD avec 40 sièges. Enfin, 29 sièges représenteraient le groupe Verts/ALE.

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