Élections allemandes, élections françaises : des élections en miroir

, par Paul Brachet

Élections allemandes, élections françaises : des élections en miroir

Alors que les échéances électorales allemandes se rapprochent au fur et à mesure que le mois de septembre se raccourcit, la campagne présidentielle française, elle, ne fait que commencer. Et bien que les deux campagnes se télescopent dans un laps de temps de quelques mois, les enjeux et attentes politiques oscillent entre différences et ressemblances d’une rive à l’autre du Rhin.

Des électeurs en quête de sécurités

Comme toujours, les campagnes électorales sont rythmées par les sondages et les faits d’actualités, généralité de plus en plus vérifiée. Cela s’applique bien évidemment aux campagnes allemandes et françaises. Grande actualité, si ce n’est la principale : la pandémie de Covid-19. En effet, selon les sondages, la pandémie est le plus grand défi du pays et donc le principal enjeu de campagne pour 34% des Allemands, de même 78 % des Français pensent qu’il s’agit d’un enjeu prioritaire. Les secteurs de la recherche et de la santé sont donc perçus comme prioritaires par une grande partie de l’électorat or cette volonté est difficilement traduite dans les différents programmes des partis politiques. Au contraire, les sécurités sociales, économiques ou industrielles mises en exergue par la crise sanitaire se retrouvent dans la majorité des partis politiques français comme allemands par des propositions de réduction des inégalités socio-économiques ou de relocalisation des secteurs dits « stratégiques ». Mais les actualités nationales prennent très vite le pas sur celle de la pandémie. Ainsi les troubles et scènes de violences urbaines ont intensifié un sentiment d’insécurité en France laissant la place à une multitude de solutions plus ou moins radicales et plus ou moins crédibles de la part de tout l’échiquier politique. De fait, la sécurité et la lutte contre les trafics se sont hissées à la deuxième place des priorités politiques dans l’Hexagone. L’Allemagne quant à elle, a connu de grandes inondations pendant les premiers mois estivaux, dévastant les villes riveraines et faisant des centaines de morts parmi les populations. Ces évènements tragiques ont rendu les programmes des Verts, qui étaient alors en pleine chute de popularité, et des Sociaux-démocrates crédibles et nécessaires. Ces inondations ont d’ailleurs décrédibilisé grandement le successeur à la tête de la CDU d’Angela Merkel, Armin Laschet. Le candidat à la chancellerie, qui est aussi le Ministre-Président du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, a été aperçu en train de rire lors d’un discours sur ces mêmes inondations meurtrières, provoquant dès lors une chute des intentions de vote pour le parti dans les sondages.

Bien que les actualités et préoccupations divergent entre Français et Allemands, la quête de sécurité, qu’elle soit économique, sociale, sanitaire, civile ou environnementale, est au centre des préoccupations politiques et sera au centre des élections.

À la recherche d’un candidat sérieux

Pour atteindre cette sécurité, les électeurs sont à la recherche d’un candidat sérieux pour assurer le mandat de Chancelier(e) dans un cas et de Président(e) de la République de l’autre. Alors que la majorité des partis français sont toujours à la recherche du candidat idéal pour la présidentielle, voir dans certains cas toujours à la recherche de mode de désignation, l’Allemagne, quant à elle, recherche désespérément un successeur à “Mutty”, surnom d’Angela Merkel, restée 16 ans au pouvoir. Dans le cas français, il reste encore sept mois avant le premier tour de l’élection présidentielle. Or, à part le Rassemblement National (extrême droite) et La France Insoumise (extrême gauche), aucun des principaux partis n’a encore désigné officiellement son candidat. Ceux-ci souhaitant à tout prix désigner le candidat qui arriverait à être assez crédible pour pouvoir unir sa famille politique et s’assurer la victoire. Les hésitations et les dérapages viennent compliquer la situation. En témoignent les revirements des Républicains (droite) et des Socialistes (gauche) sur la tenue ou non de primaire. Dans le cas allemand, les élections fédérales sont prévues à la fin du mois. Les candidats sont donc tous déclarés, même si pour le moment la campagne ressemble davantage à un marathon qu’à une bataille d’idées. En effet, les partis montent ou descendent dans les sondages en fonction des erreurs et cafouillage de leur tête de liste. La première du peloton à avoir eu un point de côté fut Annalena Baerbock, tête de liste des Grünen (écologistes). Des erreurs de CV et des oublis de signalement de primes au Bundestag ont fait chuter la favorite de 25 à 17% des intentions de vote. Le second devenu premier, Armin Lashet, chutera de 8 points à cause d’un rire non maîtrisé devant des inondations et d’un manque de confiance généralisée jusqu’au rang de son propre parti qui lui aurait préféré Markus Söder, Président de la petite sœur bavaroise de la CDU (droite), la CSU. Reste encore dans la course Olaf Scholtz, actuel ministre des Finances et tête de liste du SPD (gauche). Il est considéré aujourd’hui comme le candidat le plus sérieux des électeurs et est la personnalité préférée du gouvernement derrière l’indétrônable Angela Merkel, notamment grâce à sa bonne gestion de la pandémie au regard de son poste. Le SPD est d’ailleurs devenu le favori des sondages avec 25 % d’intention de vote le plaçant (pour le moment) en bonne position pour participer à la future coalition gouvernementale, voire la diriger.

Dans ces deux cas, les candidats déclarés ne doivent pas baisser la garde s’ils souhaitent atteindre le gouvernement. Bien que les sondages prévoient déjà le trio de tête allemand (CDU, SPD, Grünen), ou le duo français (E. Macron, M. Le Pen), ce tour d’horizon des campagnes nous a montré que tout peut encore arriver jusqu’aux dernières semaines ! Seul élément sûr de ces élections se déroulant dans les deux grands membres fondateurs de l’Union européenne, leurs résultats changeront grandement l’Europe, ses ambitions et son fonctionnement !

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