Au lendemain de l’élection présidentielle, un proche du nouveau président de la Pologne, Andrzej Duda, affirma qu’il « était inutile de parler de l’introduction de l’euro en Pologne sous le mandat du président Duda ». Cette affirmation vient confirmer le discours tenu par le candidat du parti conservateur Droit et Justice durant l’ensemble de la campagne ayant précédé l’élection présidentielle.
Au cours de la campagne présidentielle, les turbulences connues dans la zone euro avaient fait de l’adhésion de l’euro par la Pologne une question centrale. Chaque parti en lice avait été forcé de clarifier sa position sur le sujet. Si la position de Droit et justice fut claire sur la question, celle de la Platerforme civique (PO), le parti du Premier ministre en exercice, Ewa Kopacz, fut critiquée pour son imprécision.
Adieu le zloty... mais quand ?
Au-delà de la question de l’adhésion ou non de la Pologne à la zone euro, c’est plus la question du moment de cette adhésion qui fait débat dans la classe politique polonaise. Si Duda a exclu toute adhésion à l’Eurozone sous son mandat présidentiel, les pouvoirs que lui confère la constitution polonaise ne lui permettraient pourtant pas d’interférer en cas d’adhésion. Citant la crise grecque, les membres de Droit et Justice invoquent aussi régulièrement le fait qu’une adhésion de la Pologne en l’état actuel des choses entraînerait le pays dans le même marasme économique que connaît la Grèce actuellement. Selon eux, l’adhésion à la monnaie unique ne devrait donc se faire que dans un futur lointain. L’un des principaux arguments du parti demeure également l’inflation que pourrait engendrer cette adhésion. Dans un pays où certains ont l’impression de ne pas avoir assez profité de la croissance économique qu’a connu le pays ces dernières années, cet argument fait mouche.
Du côté de Plateforme civique, parti libéral affilié au niveau européen au parti populaire européen, l’adhésion à la zone euro suscite plus d’enthousiasme. Ce parti, qui gouverne la Pologne depuis les élections législatives de 2011, parti du président du Conseil européen Donald Tusk, a toujours souhaité présenter la Pologne comme un partenaire européen de qualité auprès des autres États membres et faire peser ce grand pays au sein du processus décisionnel européen. Pour PO, l’adhésion de la Pologne à la zone euro ne fait aucun doute mais le parti doit jouer avec la forte opposition des Polonais à une telle adhésion. Cela eut pour conséquence de forcer le parti à modérer son discours et à affirmer que le pays devait, avant tout adoption de la monnaie unique, respecter les critères d’adhésion à la zone euro.
Une élection encore très ouverte
Même si le parti Droit et Justice a remporté l’élection présidentielle de mai 2015, l’issue de ces prochaines élections demeurent encore très ouverte. Le PO tente de récupérer les électeurs qu’elle a perdus lors de l’élection présidentielle tandis que PiS fera de son mieux pour conserver le peu d’avance qu’il possède encore. En outre, en cas de victoire de ce dernier, il n’est pas dit que le parti sera doté d’une majorité suffisante pour former un gouvernement. Celui-ci devrait donc être dans l’obligation de former une coalition avec d’autres parties. Malheureusement pour PiS, les potentiels candidats d’une telle alliance ne se bousculent pas au portillon. Il y aura également lieu de tenir compte de la percée du mouvement de l’ex-star du rock polonaise Paweł Kukiz, qui pourrait tenir le rôle de faiseur de roi lors de cette élection. La volonté de PiS de freiner toute adhésion à l’euro pourrait finalement ne pas trouver d’écho suffisant.
1. Le 23 octobre 2015 à 15:39, par Arthur Molt En réponse à : Élections législatives en Pologne : l’adhésion à l’euro divise
Merci pour cet article informé ! Je voudrais souligner le dernier paragraphe : une éléction est toujours ouverte ! Ne laissons pas nous tromper que ce sont les instituts de sondage qui font des faits accomplis. En fait l’élection de M. Duda - loin d’être prévue par les sondages - est une preuve pour la volatilité de l’électorat polonais. (Petite correction de ma part : la PO était élu déjà en 2007 et réélu en 2011. C’était la première fois après la chute de la « république populaire » qu’un parti a gouverné le pays pendant deux législatures consécutives.)
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