Erasmus : bientôt une auberge espagnole des élus locaux ?

, par Laura Mercier

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Erasmus : bientôt une auberge espagnole des élus locaux ?

Lors de sa 127ème session plénière (31 janvier 2018), le Comité des régions a adopté, à l’unanimité, un avis dans lequel il demande officiellement la création d’un programme Erasmus à destination des élus locaux et régionaux. Un premier dispositif similaire avait été initié en 2012, mais sans suite concrète. C’est cette fois-ci à l’initiative de François Decoster, vice-président de la Région Hauts-de-France et membre du Comité des Régions, que le projet a été relancé et proposé à l’assemblée du Comité des régions.

Mobilité des élus : vivre l’Europe pour mieux parler d’Europe

On oublie trop souvent que l’Union européenne ne se résume pas à 28 états membres, et donc 28 chefs d’Etats et de gouvernements. L’Union européenne, c’est également 91 000 collectivités territoriales et locales, et des centaines de milliers d’élus locaux. Ils sont « ce maillon indispensable entre l’Europe et ses citoyens », comme le rappelle François Decoster, et ils sont partie intégrante de la politique de cohésion de l’Union européenne.

Soulignant les difficultés de l’Union européenne et de ses institutions à réduire la distance qui les sépare des citoyens européens, François Decoster est persuadé que les élus locaux peuvent être un relai essentiel et porteurs de nouvelles initiatives pour agir dans ce sens. Ce programme Erasmus des élus locaux programme reposerait sur deux volets : la formation aux politiques de l’Union européenne et la mobilité, qui permettrait aux élus de rencontrer leurs homologues d’autres pays européens, de se livrer à des échanges de bonnes pratiques face à des défis souvent similaires d’une collectivité à une autre et d’ainsi favoriser la mise en place de projets communs transnationaux.

Mais ce n’est pas tout : des élus davantage formés aux dispositifs européens, des élus qui auront eux aussi expérimenté la mobilité européenne, seront plus à même d’expliquer et de mettre en avant le projet européen à leurs électeurs. Or, l’Union européenne a désespérément besoin d’élus capables de vulgariser et de parler d’Europe, positivement et concrètement. Dans son avis adopté le 31 janvier dernier, le Comité des régions explique ainsi les objectifs derrière un tel programme : « [Le Comité des régions] souligne que l’enjeu principal est de favoriser non seulement la connaissance technique de l’UE et de ses institutions, mais aussi un état d’esprit ouvert en faveur de la coopération et de l’échange dans le cadre de l’intégration européenne. »

« Erasmus », le nom magique pour un succès assuré ?

François Decoster ne cache pas son ambition et affirme vouloir mettre en œuvre ce projet le plus rapidement possible. Pour cela, le Comité des Régions appelle le Parlement européen à soutenir son initiative, comme il l’avait déjà fait en 2012, et à ainsi inclure le projet pilote dans le budget 2018, afin d’envisager un lancement opérationnel de cet Erasmus des élus locaux dès 2019. Un groupe de travail rassemblant des représentants de la Commission, du Parlement et du Comité des Régions devrait être formé afin de préparer ce nouveau programme de mobilité.

Évidemment, un tel projet ne peut se concrétiser sans financements. Le Comité des Régions propose ainsi un partage des coûts entre les budgets de l’Union européenne, des collectivités territoriales d’origine des élus participants, et des organismes de formation soutenus par des fonds publics.

Les programmes Erasmus et désormais Erasmus + sont des programmes phares de l’Union européenne, et rien que ce nom pourrait participer à la réussite du projet. C’est un des programmes européens les plus cités et les plus reconnus par les citoyens européens, et l’on comprend très facilement de quoi il retourne lorsque l’on entend « Erasmus des élus locaux et régionaux. »

Mais le nom du programme n’assure pas forcément sa réussite. Le projet avait déjà été initié en 2012, et alors que de nombreux élus avaient manifesté leur volonté d’y participer, le programme ne s’est jamais concrétisé. Mais surtout, ce n’est en effet pas la première initiative de ce type. Peu connu du grand public, le programme TAIEX REGIO PEER 2 PEER favorise lui aussi le partage d’expérience et les échanges entre les différents acteurs et collectivités impliqués dans le Fonds européen de développement régional et dans le Fonds de cohésion. Ce programme ne s’adresse d’ailleurs pas seulement aux élus des collectivités territoriales et locales, mais aussi à leurs employés par exemple. Le lancement d’un Erasmus des élus locaux et régionaux devrait ainsi être fait en prenant en compte les opportunités déjà existantes afin de les compléter et non de les imiter.

La mise en place d’un tel projet, porté par cette institution trop méconnue du grand public, pourrait lui apporter davantage de visibilité et d’influence. Si ce nouvel Erasmus connaît le même succès que celui lancé il y a trente ans, ce sera une belle réussite pour le Comité des Régions, et pour l’Union européenne. Et qui sait, peut-être que ce succès inspirera un réalisateur de film... alors, élus locaux et régionaux, êtes vous prêts pour l’auberge espagnole ?

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Vos commentaires
  • Le 20 mars 2018 à 19:05, par Alain En réponse à : Erasmus : bientôt une auberge espagnole des élus locaux ?

    Encore une agence de voyage aux frais du contribuable ? Quel est la probabilité que deux élus ayant les mêmes problèmes avec les mêmes pouvoirs et des réglementations similaires se rencontrent ?

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