Aujourd’hui, pour bien montrer vers quelle direction se dirige ce gouvernement qui n’a de démocratique que le nom, il vient de museler la presse en emprisonnant plusieurs dizaines de journalistes qui n’ont pour tort que de n’être pas d’accord avec le pouvoir en place.
C’est une fois de plus l’arme des faibles que d’utiliser la prison face à l’opposition. Attendons-nous à ce que l’éducation soit elle aussi attaquée comme elle l’a déjà été dans le passé. La dérive dictatoriale est proche.
Federica Mogherini, Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la sécurité, ainsi que Johannes Hahn, commissaire à l’élargissement, ont publié, récemment un communiqué assez sec pour rappeler à R. T. Erdogan que la liberté de la presse est indispensable dans un Etat démocratique. Que l’on veuille être partenaire ou adhérent à l’Union européenne doit nécessairement amener à une réflexion sur les valeurs défendues dans la Charte des droits fondamentaux.
R. T. Erdogan devrait mieux connaître les articles 10 (liberté de pensée, de conscience et de religion), 11 (liberté d’expression et d’information), pour n’évoquer que ce qui nous intéresse dans cet article. On pourrait aussi parler de l’article 22 (diversité culturelle, religieuse et linguistique) et du 23 (égalité entre femmes et hommes), mais ce ne sont pas les sujets du jour.
Il est à souhaiter que les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’Union européenne emboîtent rapidement le pas à sa Haute Représentante et que la prise de position de Federica Mogherini soit suivie d’une convocation de toute urgence du Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne.
Après les sanctions contre la Russie de Poutine, ne pourrait-on pas décréter des sanctions contre la Turquie d’Erdogan en bloquant, complètement, toutes les négociations en cours dans la cadre de l’Agenda positif mis en place depuis 2011. On sait, aussi, que trois prêts viennent d’être consentis ces dernières semaines par la Banque européenne d’investissement (BEI) à la Turquie pour la recherche, les PME et les très petites entreprises. Le montant n’est pas faramineux (environ 600 millions d’euros), mais ne devrait-on pas immédiatement geler ces prêts aussi longtemps que la situation ne sera pas éclaircie ?
Il existe sans doute d’autres possibilités de maintenir la pression pour voir émerger une véritable démocratie dans ce grand pays. Le Service Européen d’Action Extérieure (SEAE) doit bien avoir quelques idées sur ce point, sinon à quoi sert-il ? Nous, fédéralistes, ne pouvons qu’approuver l’action de Federica Mogherini et de Johannes Hahn, car elle constitue la preuve que la Commission, pour une fois, n’a pas attendu l’accord des capitales – bien silencieuses – pour agir. Serait-ce un signe que cette nouvelle Commission a de l’allant ? En tous cas, profitons-en et ne laissons pas pourrir cette affaire comme nous l’avons fait en Hongrie. Le Parlement européen s’honorerait si, en parallèle à la Commission, il votait un texte pour défendre la liberté de la presse en Turquie, voire tout simplement la garantie des droits fondamentaux.
1. Le 23 décembre 2014 à 12:13, par Shaft En réponse à : Erdogan fait la pluie et le beau temps en Turquie
Je trouve un peu fort de café de reprocher le manque de démocratie en Turquie quand on pense à ces mêmes problèmes au sein de l’Union.Si Erdogan fait la pluie et le beau temps en Turquie, Merkel fait la même chose en Europe
2. Le 23 décembre 2014 à 16:27, par Alain En réponse à : Erdogan fait la pluie et le beau temps en Turquie
De quel droit nous mêlons des affaires intérieures des autres ? De quel droit estimons nous nos valeurs supérieures à celles des autres ? Que dirions nous si des états étrangers venaient nous faire la leçon à propos de nos propres canifs dans les droits de l’homme comme le sont toutes les lois occidentales contre - soi-disant - le terrorisme (soi-disant car la loi anglaise été utilisée dans le cadre de la faillite des banques islandaises, actes terroristes de sinistre mémoire) ? Que l’on dise que dans ces conditions, nous ne voulons pas faire partie du même club, c’est légitime (mais pourquoi avoir accepté l’intégration de la Roumanie et de la Bulgarie qui ne sont pas à niveau et quid de la Hongrie ?) mais au-delà cela ne nous regarde pas. il faut pas s’étonner par la suite de se faire haïr partout à force de donner des leçons le plus souvent hypocrites : quel silence assourdissant devant les agissements de nos grands mamies les pétromonarchies !
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