Dimanche soir, la nouvelle est tombée, le Front National est, en France, largement en tête à l’issue du premier tour des élections régionales. Bien sûr, on vous dira « c’était prévu », mais ce n’est pas une raison pour laisser aller le bateau démocratique à vau-l’eau !
De bonnes âmes, quelques jours avant le scrutin se sont évertuées de remuer les foules par voie de presse. C’était une bonne idée mais, que ne l’ont-elles fait plus tôt ? Depuis plus de 10 ans le Front National, jouant avec les peurs des citoyens face à l’étranger, ne cesse de labourer le terrain avec des résultats qui progressent à chaque élection.
Deux thèmes reviennent régulièrement dans son discours. La démocratie pour le FN, c’est le FN. Tous les autres sont des profiteurs qui ne rêvent que de vous manger la laine sur le dos. Deuxièmement, l’Europe, c’est elle qui vous ennuie toute la journée, qui permet que des milliers d’immigrés ou de réfugiés viennent s’installer dans vos communes, qui fait baisser votre niveau de vie, etc.
Non, non et non, les partis politiques sont composés de gens honnêtes et qui se battent sur des valeurs que les frontons de nos mairies nous rappellent tous les jours : Liberté, Egalité, Fraternité. A ces trois valeurs, il faut ajouter, car elle est fondamentale dans notre pays, la Laïcité. Sur ces valeurs le FN, comme tous les partis extrémistes, n’est pas à l’aise. Son discours xénophobe est permanent, nauséabond, et ne peut qu’être en contradiction avec ce que nos concitoyens respectent.
Revivifier l’idée européenne, réenchanter la jeunesse
Et c’est là où nous en arrivons au point le plus grave pour nous, fédéralistes européens : l’Europe.
Depuis toujours, la tribu Le Pen a un vieux compte à régler avec l’Union européenne. Marine Le Pen, en 2015, soit un an après l’installation du nouveau Parlement européen, a réussi à créer un groupe parlementaire de 38 membres, dont 20 députés français, et de 8 pays, dont 3 pays n’étant représentés que par un élu : « Europe des Nations et des Libertés ». Un an pour créer ce mini-groupe car, en fait, les autres élus d’extrême droite ne voulaient pas partager les thèses extrémistes du Front National. C’est grave. Ce n’est qu’au prix de débauchages divers et variés qu’elle est arrivée à ses fins.
Ses compagnons de route : les partis les plus extrémistes dans la haine de l’étranger, dans l’aversion à l’Europe. Ils ne sont soucieux que d’une chose : le retour aux frontières d’antan tout en évitant de mentionner le cortège de désespérance que cela apportera, en particulier dans les classes populaires.
Aujourd’hui, tous les commentateurs le disent, le bipartisme est mort en France mais aussi dans beaucoup d’autres pays de l’Union européenne. En fait, on s’achemine vers un nouveau bipartisme qui regroupera, d’un côté, les adversaires de l’Union européenne et, de l’autre, les partisans de cette même Union. On peut s’attendre à ce que cette nouvelle répartition soit plus claire pour les électeurs mais elle est quand même porteuse de lourdes questions pour l’avenir quand on sait que, pour ces dernières élections en France, les jeunes de 18 à 35 ans, quand ils ne se sont pas abstenus, ont voté massivement pour le FN. Cette constatation n’est pas nouvelle puisqu’aux élections européennes de 2014, on la notait déjà.
Est-ce à dire que l’idée européenne est en train de mourir à petit feu ? Ce serait faire fi de tout espoir dans de nouvelles orientations qui pourraient être données par le Parlement avec la Commission ou inversement. Abordons les sujets qui montreront à nos concitoyens, et aux plus jeunes en particulier, que le FN est un parti rétrograde et passéiste : parlons de l’Europe et de son avenir fédéral donc, en même temps, proche des citoyens et forte grâce à un pouvoir politique puissant.
Médias, politiques, syndicalistes, enseignants, mouvements associatifs, tous ceux qui peuvent passer des messages à l’ensemble des Français ne doivent plus avoir l’Europe honteuse et n’en parler que pour dire que « c’est la faute à Bruxelles » ou reléguer les affaires européennes dans un coin de leurs informations. Les générations qui viennent méritent mieux qu’un repli nationaliste, elles nous demandent un sursaut européen porteur d’avenir.
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