Jeunesse néerlandaise
Margaretha Klompé voit le jour le 16 août 1912 à Arnhem, au Pays-Bas. Elle est la deuxième d’une fratrie de cinq enfants de Johannes Klompé, propriétaire d’une papeterie, et de Ursula Verdang, une immigrée allemande. Sa vie s’écoule tranquillement jusque dans les années 1930, lorsque son père, qui fait face à de sérieux problèmes de santé, n’arrive plus à travailler. La famille plonge dans le dénuement et la pauvreté. Cette expérience directe de la misère affecte profondément la jeune Marga, qui se fera pour toujours le porte-drapeau des marginaux et des laissés-pour-compte.
Etudiante brillante, elle s’inscrit en 1929 à l’Université d’Utrecht, dont elle sortira diplômée en 1937. Ses années d’études sont également consacrées à l’enseignement, puisqu’elle donne des cours de physique et de chimie au lycée de jeunes filles Mater Dei à Nijmegen, entre 1932 et 1949. Elle en sortira titulaire d’un doctorat en mathématiques et en physique en 1941.
L’année suivante, Marga entame ses études de médecine, mais elle doit les interrompre à cause de la Seconde guerre mondiale. Impensable pour elle de rester à attendre la fin du conflit ! Elle rejoint la Résistance néerlandaise et en deviendra d’ailleurs une figure emblématique. Elle met en place un vaste réseau de femmes aux Pays-Bas.
Engagement politique
La guerre finie, Marga Klompé s’engage en politique, une voie tout à fait inhabituelle pour les femmes à cette époque. Membre du Parti populaire catholique, elle prête serment à la Chambre des représentants, la chambre basse du parlement néerlandais, en août 1948. A la même époque, elle rejoint la délégation néerlandaise aux Nations Unies et sera affectée à la Commission chargée des questions humanitaires et des droits de l’homme, ainsi qu’à la négociation de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
La Déclaration adoptée par les Nations Unies, elle revient en Europe en 1952, où elle siège au sein de l’Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l’acier fraichement créée. Elle en est la première femme membre. Elle sera également membre d’un comité de travail qui doit réfléchir à l’élargissement et à l’approfondissement de la CECA. Tous ces multiples travaux en faveur de l’Europe déboucheront sur le traité de Rome en 1957. Elle aura, à sa manière, contribuer à la création de la Communauté économique européenne et fait partie à ce titre des « Mères de l’Europe », comme Louise Weiss.
En 1956, Marga Klompé, devenue première femme ministre des Pays-Bas, quitte l’Assemblée et rejoint le gouvernement de coalition de centre-gauche présidé par le Premier ministre Willem Drees. Ministre des affaires sociales, elle remporte l’une de ses plus grandes victoires en faisant adopter la loi sur la protection sociale universelle, qui remplace l’ancienne loi sur la pauvreté. Entrée en vigueur en 1965, celle-ci fait de la protection sociale un droit pour tous. Marga Klompé s’emploie à remplacer l’intervention des organisations caritatives par une meilleure protection sociale de l’État. Une réminiscence des traumatismes de son enfance, sans doute.
Elle laissera en héritage au Pays-Bas d’autres grandes avancées sociales, comme la loi sur les résidences pour personnes âgées, destinées à faire face au vieillissement de la population néerlandaise ainsi que la loi sur les caravanes des personnes ayant un mode de vie nomade.
Au sein du cabinet du Premier ministre Piet de Jong, elle sera nommée ministre en charge de la culture, des loisirs et de l’action sociale de 1966 à 1971. Elle n’aura de cesse de diriger son action vers les personnes les plus fragiles de la société, ou les déshérités. En 1971, elle reçoit le titre de Ministre d’Etat, un honneur accordé au Pays-Bas au personnages politiques de haut niveau, ayant accompli de grandes choses pour le pays.
Une vie tournée vers les autres
Après avoir quitté la politique, Marga Klompé a poursuivi son combat en faveur de la justice sociale et de l’aide aux plus démunis. Elle critiquera toute sa vie le régime de l’apartheid en Afrique du Sud par exemple, et ne cessera de lutter pour la justice internationale. le Pape Paul VI la nommera présidente de la commission nationale des Pays-Bas pour la justice et la paix.
Admirée pour sa foi profonde, son humanité et son respect des autres, Marga Klompé a donné son nom à de nombreuses rues, écoles ou places aux Pays-Bas. Elle s’éteint le 28 octobre 1986 à La Haye après une vie bien remplie au service des autres.
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