Isabelle Thomas : « La priorité est de mettre fin au dumping social, à la fois à l’intérieur mais aussi vers l’extérieur de l’Europe »

, par Jeunes Européens - Rennes

Isabelle Thomas : « La priorité est de mettre fin au dumping social, à la fois à l'intérieur mais aussi vers l'extérieur de l'Europe »
Isabelle Thomas Crédit photographique : Yves Tennevin

On retrouve aujourd’hui dans le Taurillon Isabelle Thomas, candidate PS se présentant sur la circonscription Ouest.

Les élections européennes sont les élections marquées, en France, par le plus fort taux d’abstention. On l’explique généralement par un désintérêt et une méconnaissance de l’Union européenne par les citoyens. Comment arrivez-vous à parler aux citoyens lors de cette campagne ?

La communication se fait par le biais des réseaux sociaux, d’internet, des médias, et bien sûr, rien ne vaut les rencontres en direct avec les citoyens, lors de cafés Europe ou de réunions publiques par exemple, mais aussi lorsque je visite des entreprises ou des associations. Les citoyens que je rencontre manifestent tous la même curiosité au sujet de l’Europe, et déplorent très souvent le manque d’information qui arrive jusqu’à eux. L’information existe si on va la chercher, sur les blogs des Députés ou bien sur le site du Parlement européen, très bien conçu, mais le manque de relai médiatique durant le mandat entre le Député et son électeur est flagrant. On peut se réjouir cependant que les médias jouent davantage le jeu qu’en 2009 durant cette campagne, grâce certainement à la politisation du scrutin par la nomination du Président de la Commission qui en résultera. Cependant, le fait que le débat entre les candidats à la Présidence ne soit passé sur aucune chaîne hertzienne mais sur internet et des chaînes à l’audimat confidentiel révèle encore le chemin qu’il y a à parcourir.

Les personnes issues du tissu socio-économique sont généralement mieux informées sur les législations adoptées à Bruxelles qui touchent au quotidien de leur profession. Ainsi les agriculteurs et les pêcheurs, par exemple, sont très avertis quant à ce qui se passe au niveau de l’Union européenne, connaissent le contenu des grandes réformes et les Commissaires qui sont en charge du portefeuille qui les concerne. Beaucoup d’associations aussi connaissent l’UE, lorsqu’elles traitent de questions environnementales par exemple, ou bien les banques alimentaires, qui se sont toutes battues à nos côtés pour défendre le programme européen d’aide au plus démunis, ou bien encore les associations qui ont recours au FSE pour des projets d’insertion.

Pour vous, quelle est la priorité de la prochaine mandature du Parlement européen ?

La priorité est de mettre fin au dumping social, à la fois à l’intérieur mais aussi vers l’extérieur de l’Europe.

L’Union européenne peut se réduire à un grand marché, livré à la concurrence sauvage, fruit des politiques ultra-libérales imposées depuis une quinzaine d’années. Malheureusement, cela implique en premier lieu la concurrence entre les peuples, par manque de régulation sociale européenne. L’enjeu sera donc de faire pression sur le Conseil pour que davantage de propositions sociales voient le jour, et en particulier pour l’émergence de salaires minimums européens, contrant les logiques actuelles de concurrence sauvage que se livrent les États de l’Union entre eux. Alors que nous venons de procéder à des corrections améliorant la directive détachement des travailleurs par quelques corrections, il faudra la réviser en profondeur pour éliminer la concurrence sauvage entre les travailleurs européens, et garantir à tous les mêmes droits. Si les socialistes arrivent en tête aux prochaines élections, notre candidat à la Présidence de la Commission européenne, Martin Schulz, s’est engagé à réorienter le projet européen vers une Europe sociale.

La question de la concurrence mondiale et de l’importation en Europe de produits à faibles standards environnementaux, sociaux et sanitaires est également cruciale. Je connais bien cette problématique dans le domaine de la pêche, profession à laquelle la Commission demande de procéder à de nombreux efforts pour pratiquer son métier, alors même que les importations à exigence zéro ne font que croître. Des accords commerciaux internationaux oui, mais à des conditions justes et équitables, sans qu’ils deviennent une menace pour notre industrie ou notre agriculture. À titre d’exemple, le Traité transatlantique est une menace, c’est pour cela que je n’ai pas voté le mandat de négociation du Parlement européen destiné à la Commission.

Selon vous, le fédéralisme européen est-il le but vers lequel l’Europe doit tendre ou l’Union doit-t-elle se contenter d’être une organisation internationale ?

Il est incontestable que le fédéralisme est notre avenir, c’est désormais tout autant le réalisme que l’utopie sur laquelle l’Union s’est construite qui nous impose l’Europe comme cadre politique.

Car aujourd’hui les Etats de l’Union ne peuvent peser seuls dans le monde s’ils sont divisés, ce monde où l’économie est mondialisée et les multinationales prospèrent au-dessus des lois, refusent de payer l’impôt, délocalisent la production et les emplois, et se vendent au moins disant social et environnemental. Les 28 Etats membres doivent être unis pour peser face aux marchés financiers qui dictent leurs lois et les banques qui spéculent et se jouent de nos économies. Enfin, nous assistons à l’émergence de nouveaux Etats-continents tels que l’Amérique du Nord, la Chine, l’Inde, la Russie, et probablement un jour en Afrique. Il est impératif que nous nous unissions pour nous imposer. Mais nous sommes loin du compte aujourd’hui, après plus d’une décennie gouvernée par la droite, l’Union a été réduite à un grand marché, il convient maintenant de l’intégrer bien plus encore.

Comment voyez-vous l’Europe en 2050 ?

Je vais vous décrire l’Europe rêvée, une Europe où Martin Schulz sera devenu Président de la Commission en 2014 mais aussi où la gauche aura ensuite obtenu bien d’autres mandats. Cette Europe sera arrivée à un niveau de convergence totale, où le SMIC sera le même partout, nivelé vers le haut, et les protections sociales très élevées. Où tous les jeunes européens recevront une éducation gratuite et de qualité, et devront accomplir un service civil de mobilité obligatoire en Europe. Les Etats pourront emprunter à la BCE et la valeur de l’euro sera la même partout. Cette Europe sera à la pointe de la technologie et de l’innovation et son industrie sera florissante, nous connaitrons le plein emploi. L’emploi sera disponible sur le pas de notre porte, peu importe notre niveau et domaine de qualification. Nous serons autosuffisants en énergie grâce aux énergies renouvelables que nous aurons développées sur nos territoires, et n’émettrons quasiment plus de carbone, nous n’utiliserons plus d’énergie nucléaire. Nous produirons de la nourriture saine et en quantité, grâce à une agriculture biologique très productive et pourvoyeuse d’emplois, et à une pêche prolifique. Notre unité, les valeurs de paix, de solidarité et de progrès que nous véhiculerons, mais aussi la défense commune dont nous disposerons, nous permettront de peser dans le monde pour mettre fin aux conflits par la voie diplomatique. Dans cette Europe enfin, le Parlement européen sera codécisionaire dans tous les domaines et le Conseil et la Commission ne le verront plus comme le dernier arrivé.

Enfin, dans toutes les grandes villes de l’Union, le 9 mai, une fête géante sera célébrée, où la musique, le théâtre de rue et l’espoir des peuples européens retentiront comme une clameur.

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