Jean-Paul Denanot : « Je serai le porte-voix des territoires ruraux »

, par Mathieu Moreau

Jean-Paul Denanot : « Je serai le porte-voix des territoires ruraux »

Jean-Paul Denanot, tête de liste PS-PRG dans la circonscription « Massif Central-Centre », partage ici sa vision de l’Europe rurale, régionale et solidaire qu’il appelle de ses vœux. Il évoque ses combats pour la prochaine législature du Parlement européen : réformes institutionnelles, gouvernance économique et monétaire, défense des territoires ruraux...

Jean-Paul Denanot, vous êtes Président du Conseil Régional du Limousin : que représente l’Europe dans une région comme la vôtre, en termes de projets et d’actions concrètes ?

L’Europe a une intervention décisive sur les territoires : les fonds structurels européens ont un effet levier considérable pour l’investissement local, que ce soit via le FEDER (Fonds européen pour le développement régional), le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) ou bien le FSE (Fonds Social Européen). En tant que Président de Région, je suis très attentif à l’utilisation de ces fonds qui permettent de développer d’importants projets pour nos territoires. Les exemples de coopération avec l’UE sont innombrables, en termes d’infrastructures routières pour désenclaver les territoires, d’action culturelle (médiathèques, fonds régionaux d’art contemporain,..). L’intervention européenne est aussi essentielle pour l’emploi et la formation dans les territoires ruraux !

Quel regard portez-vous sur le bilan de la Commission Barroso ?

Un regard négatif ! D’inspiration libérale, la Commission européenne de Barroso n’a pas facilité la relance économique des pays européens. Elle a plus été préoccupée par les sanctions et contrôles financiers que par le développement économique et le bien-être des européens… Le vrai problème de la Commission Barroso, c’est qu’elle n’a pas su relancer l’activité économique, ni régler les problèmes sociaux européens ! Rien n’a été fait sur le plan social !

Selon vous, l’Europe sociale permettra de sortir de la crise économique ?

Oui, bien sûr. La question de notre organisation sociale est essentielle : les prélèvements sur les entreprises sont tellement différents d’un État-membre à l’autre ! L’Europe ne peut pas continuer sur cette voie, qui engendre un dumping social intra-européen inacceptable ! Nous devons parvenir en Europe à une convergence des prélèvements sur les entreprises et à une convergence des conditions salariales.

Le budget européen entre 2014 et 2020 est d’environ 145 milliards d’euros par an, soit 1% de la richesse produite chaque année en Europe. Comment augmenter les ressources de l’Union européenne pour qu’elle puisse financer ses objectifs ?

Il faut clairement faire évoluer les principes budgétaires de l’Union européenne, basés sur la pratique de « I want my money back ! » Donner le moins possible pour recevoir le plus : ce n’est pas comme cela qu’on créera de la solidarité en Europe ! Je souhaite que l’Europe bénéficie de fonds propres via une Taxation sur les Transactions Financières (TTF). D’autres leviers peuvent aussi intervenir, notamment avec l’idée d’un ’juste échange’ vis-à-vis des autres continents. Ce ’juste échange’ consiste à taxer à leur entrée en Europe les produits qui n’ont pas été conçus dans des conditions éthiques acceptables, sur le plan environnemental ou social. Les perspectives dans ce domaine sont immenses !

Pensez-vous que l’Euro soit surévalué ? Certains pays ne voient pas leurs exportations touchées par ’l’euro fort’ : les problèmes français ne viendraient-ils pas plutôt de ses (non) choix économiques et industriels ?

L’euro est clairement surévalué ! Tout le monde convient aujourd’hui qu’on ne peut pas avoir de politique économique efficace sans une monnaie qui s’adapte à certaines situations. Les américains ne se posent pas la question : le dollar est un véritable outil pour leur économie ! Si les efforts de Mario Draghi ont réussi à sauver l’euro au plus fort de la crise, de nombreuses réformes restent à accomplir pour faire de l’euro un outil au service de l’économie européenne. La gouvernance de la zone euro devrait nous permettre d’agir plus facilement sur notre monnaie !

Face au risque de déflation qu’encours l’Europe, comment la BCE peut-elle se mettre concrètement au service de l’économie réelle ? L’achat direct de dette publique pourrait en effet soutenir l’activité en Europe, mais cela reste encore tabou en Allemagne…

Sur ce sujet, nous avons clairement une bataille politique à mener et à gagner : si nous restons dans la configuration actuelle, un certain nombre de pays du sud -et même la France- auront du mal à relancer leurs économies ! Les débats qui s’annoncent seront difficiles : il est donc très important d’avoir une majorité PSE (Parti Socialiste Européen) au Parlement européen.

Quels autres combats politiques souhaiterez-vous porter au sein du Parlement européen ?

Je ferai en sorte que de grands projets européens d’infrastructures puissent voir le jour. J’ai également l’intention de poursuivre mon combat en faveur des territoires ruraux, qu’il ne faut pas laisser tomber ! Par exemple, l’Europe dispose encore de marges de manœuvre importantes dans l’agroalimentaire : elle est en mesure de répondre à la demande mondiale croissante en la matière. C’est une vraie opportunité pour notre économie ! J’ai travaillé sur ce sujet dans le cadre du programme européen ’Rur@ct’, regroupant 60 régions européennes sur les questions de la ruralité. Je souhaite être le porte-voix des territoires ruraux et de leur avenir ! Au Parlement européen, je défendrai l’agriculture, le commerce, l’artisanat, et les services publics dont les territoires ruraux ont tellement besoin pour leur survie !

Quels espoirs suscitent en vous la candidature de Martin Schulz à la prochaine présidence de la Commission européenne ?

Le Traité de Lisbonne nous donne l’opportunité de choisir le prochain Président de la Commission européenne. Les enjeux de cette élection sont donc considérables : Martin Schulz sera capable de changer l’orientation politique de l’Europe ! Concernant le candidat du PPE Jean-Claude Junker, ancien dirigeant d’un paradis fiscal, je ne comprends pas pourquoi le PPE l’a choisi comme champion ! C’est un étrange message envoyé aux électeurs...

Justement, avez-vous un dernier message pour les électeurs tentés par l’abstention ou les partis eurosceptiques ?

Je veux faire passer un message citoyen, et rappeler que l’Europe a contribué au rapprochement entre les peuples et à la paix. Par exemple, les jumelages entre communes ont permis de créer une Europe plus solidaire ! Ce message de paix est fondamental. Je viens d’une Région qui a connu à Oradour-sur-Glane les horreurs de la guerre. Je suis donc très sensible au maintien de l’amitié entre les peuples européens, qui me paraît tout à fait fondamentale pour l’avenir de nos enfants.

Vos commentaires
  • Le 16 mai 2014 à 22:20, par Morin En réponse à : Jean-Paul Denanot : « Je serai le porte-voix des territoires ruraux »

    Je voterai pour les candidats qui donneront publiquement leur position sur ce projet de traité.

    jp morin Orléans « « Les conseils régionaux d’Île de France et de Provence-Alpes Côte d’Azur comme la ville de Besançon veulent un débat national sur le projet de traité transatlantique de libre-échange. On découvre que les Français n’ont pas été informés de ce traité et de son contenu. » » Et vous ? Merci de vous exprimer

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