La population d’Europe est la plus vieille du monde }
D’après les projections d’Eurostat, près d’un tiers de la population de l’Union européenne aura plus de 65 ans en 2060, alors que celle-ci ne représente que 20% aujourd’hui. A l’échelle mondiale, 19 des 20 pays présentant la plus forte proportion de personnes âgées font partie de l’Union européenne. Ainsi, l’âge médian en Europe est passé de 32,4 ans en 1990 à 42,5 ans en 2024. Celui-ci est nettement plus élevé que dans tous les autres continents du monde, faisant de l’Europe le continent le plus vieux à l’échelle mondiale.
L’Europe est en situation post-transitionnelle
Si l’Europe est aujourd’hui la région du monde avec la population la plus âgée, c’est notamment parce que les pays européens ont achevé leur transition démographique, bien avant d’autres continents, comme l’Afrique subsaharienne par exemple. Au XVIIe siècle, les familles européennes étaient nombreuses, mais seule la moitié des enfants atteignait l’âge de 15 ans. Ce n’est qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle que les progrès en alimentation et en hygiène ont fait chuter la mortalité infantile. Couplée à une fécondité encore élevée, la croissance démographique a fortement augmenté. En Angleterre, par exemple, la population a été multipliée par six en 150 ans. La fécondité a ensuite baissé, engendrant une augmentation de la proportion de personnes âgées dans la population européenne, résultant d’une baisse du nombre d’enfants par femme.
La fécondité diminue
Avec moins de 4 millions de naissances en 2022 contre près de 7 millions il y a quelques décennies, l’UE traverse une crise de natalité qui redessine son avenir démographique : le nombre de naissances est passé de près de 7 millions par an à moins de 4 millions en 2022 dans l’Union européenne. La situation varie selon les régions : les pays du Nord connaissent un déclin continu depuis les années 1990, tandis que ceux du Sud, comme le Portugal sont plus radicalement impactés. En effet, avec la plus forte proportion de personnes âgées, l’indice de fécondité du pays est passé de 1,8 enfant par femme en 1990 à moins de 1,2 en 2015. Après la chute du mur de Berlin, la fécondité des pays d’Europe de l’Est s’est effondrée, avant de se redresser ces dernières années. - en Tchéquie par exemple, l’indice est passé de 1,15 en 2000 à 1,71 en 2018. D’ici 2050, la population européenne devrait passer de 448,8 millions en 2022 à 447,8 millions.
Cette baisse de la fécondité trouve ses origines dans un enchevêtrement de crises et de transformation sociétales. C’est le cas de la chute du mur de Berlin, par exemple, qui a entraîné des bouleversements socioéconomiques dans les pays de l’Est, ou encore la crise financière de 2008, qui a retardé les projets d’enfants des couple, face à l’incertitude économique. A cela s’ajoutent l’introduction de contraceptifs fiables dès les années 60 permettant de contrôler la fécondité, tandis que l’augmentation de la proportion de femmes poursuivant des études et l’évolution de leur activité économique a complexifié la conciliation entre le travail et la vie de famille.
L’espérance de vie s’allonge, surtout dans les pays de l’Ouest
Depuis le début du XIXème siècle, l’espérance de vie a considérablement progressé grâce aux progrès médicaux. Ce phénomène concerne surtout l’Europe de l’Ouest : des pays comme l’Espagne (83,3 ans) la Suède (83,2 ans), Malte et l’Italie (82,9 ans) le Luxembourg (82,9 ans) et la France (82,5 ans) comptent parmi ceux ayant l’espérance de vie la plus élevée. Ce phénomène alimente le vieillissement par le haut de la pyramide des âges. À l’inverse, certains pays d’Europe de l’Est, tels que la Bulgarie, la Roumanie, la Lettonie, la Lituanie et la Hongrie, accusent un retard, avec une espérance de vie allant de 71,4 à 74,5 ans, soit jusqu’à 10 ans de moins qu’en Europe de l’Ouest. Ce décalage dans l’allongement de la durée de vie contribue à un vieillissement moins marqué dans ces pays.
Les personnes âgées de plus en plus isolées
Le vieillissement de la population s’accompagne d’un défi majeur : l’isolement des personnes âgées. Dans l’Union européenne, près d’un quart des personnes âgées de 65 ans et plus vivent dans des régions rurales isolées, et plus d’un cinquième dans des régions rurales situées à proximité d’une ville. Ces espaces souffrent d’un manque de services et d’infrastructures adaptées à des individus incapables de conduire ou avec des difficultés de mobilité. Par conséquent, seulement une petite minorité peut encore se rendre facilement dans les commerces de proximité, lorsque ceux-ci existent encore. En outre, les liens sociaux sont fragilisés, de nombreuses personnes n’ayant aucun interlocuteur à qui demander de l’aide ni à qui partager leurs préoccupations personnelles. Environ 30 millions de personnes dans l’UE souffrent d’isolement, particulièrement en Italie et aux Pays-Bas.
Des enjeux pour le marché du travail en Europe
Le départ massif des générations du baby boom à la retraite, couplé à la baisse de natalité depuis les années 1990, bouleverse le marché du travail. Alors que les retraités augmentent, la population active diminue. Le taux de dépendance de l’Union européenne, qui mesure le rapport entre le nombre de personnes âgées et celui des personnes en âge de travailler, est actuellement de 33%. Selon les projections, ce taux pourrait atteindre 60% d’ici la fin du siècle. Cette évolution entraîne déjà une pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs clés tels que l’industrie, la construction et les services.
Pour atténuer les effets du vieillissement sur la diminution de la population active, les Etats membres de l’Union européenne repoussent progressivement l’âge légal de départ à la retraite. Par exemple, en Belgique, il passera de 65 ans à 67 ans d’ici 2030, tandis qu’au Danemark, il augmentera progressivement pour atteindre 69 ans en 2035.
Le vieillissement de population comme opportunité économique
Mais avec le vieillissement de la population active, les entreprises qui innovent dans les logiciels et l’automatisation pourraient voir leurs investissements augmenter. En France, de nouveaux produits et services pour les personnes âgées émergent, visant à améliorer leur qualité de vie, leur autonomie et leur espérance de vie. En 2013, le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités a signé un contrat de filière pour la silver économie, visant à structurer ce secteur en filière industrielle et à soutenir l’industrie française. Ce secteur, qui inclut la santé, la sécurité, l’habitat, les services et les transports, pourrait générer plus de 130 milliards d’euros d’ici 2030, selon la Banque Publique d’Investissement.
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