L’Union européenne, un acteur moteur pour le bio ? (3)

L’aventure du bio en 2015

, par Sarah Vanseveren

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L'Union européenne, un acteur moteur pour le bio ? (3)
La polyculture caractérise encore certaines régions européennes. - Alpha du centaure

L’Union européenne s’est depuis quelques années déjà, saisie du thème de l’agriculture biologique. Le premier règlement sur le sujet a été produit en 1991. Il s’agissait alors d’introduire des normes minimales quant aux produits biologiques européens, afin que le commerce intra-européen garantisse aux consommateurs une égale qualité. Les Etats membres étaient libres d’instaurer des normes plus contraignantes. De nombreuses législations ont vu le jour par la suite. La politique générale de l’Union européenne s’adapte également aux changements induits par la croissance du bio.

L’évolution de la PAC

Le premier volet qu’elle a dû adapter aux réalités agricoles, est très certainement la Politique Agricole Commune. La PAC, créée à l’origine pour moderniser le secteur agricole et assurer l’autosuffisance de l’Europe, est composée de deux piliers, le premier se réfère à une organisation commune de marché unique, le second aux politiques de développement rural. C’est dans le cadre de ce dernier pilier que se situe l’agriculture biologique, puisque le règlement produit en 2013 établit : « Durant la nouvelle période de programmation, les États membres devront dépenser au moins 30 % des fonds de développement rural qu’ils reçoivent du budget de l’Union à certaines mesures relatives à l’agriculture biologique » (règlement UE NO 1305/2013). La PAC 2014-2020 instaure le retour des aides à la conversion au bio au sein de la PAC, ce qui encourage par conséquent les agriculteurs à sauter le pas et à se lancer dans la production biologique.

Europe 2020 : une politique affichée ambitieuse

L’agriculture biologique représente donc bel et bien un axe majeur et stratégique de l’Union européenne. La Commission européenne dans une communication au Conseil et au Parlement de mars 2014 au sujet de l’avenir de la production biologique dispose que « le présent plan d’action [1] propose également une contribution à la réalisation des objectifs fixés par la stratégie Europe 2020 et la nouvelle politique agricole commune. La protection de l’environnement étant un objectif fondamental de la production biologique, le plan d’action contribue également à la réalisation des objectifs du 7e programme d’action pour l’environnement à l’horizon 2020 ».

Le marché bio ne cesse d’augmenter, ne montrant même aucun signe de ralentissement, malgré les difficultés économiques de ces dernières années. C’est un marché certainement porteur pour l’avenir, auquel il convient donc de s’y intéresser. Le programme Europe 2020 souhaite donner la priorité à une croissance équitable, et au développement durable. Cela passe notamment par une agriculture respectueuse de l’environnement, et la préservation des écosystèmes. L’Union européenne impulse clairement une politique en faveur de l’agriculture biologique. Au-delà de son engagement par les politiques communautaires, elle défend plus globalement encore cette conception.

COP21 : des engagements dans la continuité de la politique communautaire

La COP21, qui aura lieu en décembre prochain est l’occasion rêvée pour l’Union européenne de défendre sa vision d’une agriculture respectueuse de l’environnement. Ce sommet international de négociations sur le climat, qui se déroulera à Paris, est l’occasion de promouvoir l’agriculture biologique. En effet, les objectifs de réduction de gaz à effets de serre brandis par l’Union européenne nécessitent des efforts, aussi bien au niveau de la production industrielle, que de la production agricole. L’agriculture biologique peut bien être envisagée comme un moyen de répondre aux défis climatiques futurs, tout en inventant les modes d’alimentation de demain, moins gourmand en carbone et en produits néfastes pour la santé et la biodiversité.

Notre série d’été s’intéresse à un sujet assez méconnu, en tout cas, assez peu évoqué en France : le bio. Si celui-ci fait parfois office d’un effet de mode, la tendance générale est bien plus importante qu’il n’y paraît. De la réglementation européenne aux habitudes alimentaires, en passant par les défis environnementaux, nous allons évoquer le bio sous toutes ses formes, et essayer d’appréhender ses enjeux.

Notes

[1cf. la proposition de règlement sur laquelle nous reviendrons.

Vos commentaires
  • Le 29 juillet 2015 à 18:12, par Bastien Kerjean En réponse à : L’Union européenne, un acteur moteur pour le bio ? (3)

    Bonjour amis du Taurillon,

    Je travaille à Bruxelles sur les questions agricoles (notamment le bio) et je voudrais simplement signaler à Sarah une petite erreur d’interprétation dans son paragraphe sur l’évolution de la PAC. Mais avant toute chose, je tiens à lui/te dire que je trouve super que quelqu’un traite ce sujet dans le taurillon. Le bio est en effet une politique sur laquelle je pense que l’UE a une valeur ajoutée reconnue... il suffit pour s’en convaincre de voir la confiance qu’ont les consommateurs de bio dans le label européen.

    La PAC est un sujet super complexe et l’agriculture biologique ne se situe pas dans l’un des deux piliers. Les agriculteurs biologiques (à l’image des agriculteurs conventionnels) perçoivent, sous certaines conditions, des aides provenant des deux piliers. L’agriculteur recevra donc du premier pilier ce qu’on appelle les ’paiements directs’, censés maintenir son niveau de revenus. D’autre part, il pourra recevoir différentes aides (principalement pour du matériel de production) du second pilier, en fonction du programme de développement rural défini au niveau régional. Voici deux liens pour plus de détails : http://ec.europa.eu/agriculture/cap-funding/index_fr.htm / http://ec.europa.eu/agriculture/organic/eu-funding/cap-and-rural-development/index_fr.htm .

    Enfin, j’émets des réserves sur le lien entre la COP21 et le dossier bio : j’ai assisté à pas mal de réunions sur les deux sujets et je ne crois pas avoir entendu de recoupement entre les deux. Mais nous sommes d’accord sur l’essentiel, l’agriculture devrait (il s’agit d’un souhait, pas d’une supposition) tenir une place importante dans ces négociations... malheureusement, j’ai de sérieux doutes au vu des discussions bruxelloises.

    Bon boulot ! En attendant de lire de nouveaux articles,

    Amitiés fédéralistes

    Bastien

  • Le 1er août 2015 à 12:42, par Bernard Giroud En réponse à : L’Union européenne, un acteur moteur pour le bio ? (3)

    On parle donc beaucoup, ces temps-ci, sur le taurillon du bonheur d’être en "Vert’, par contre un peu moins de la bataille, j’allais presque dire désespérée, des paysans et éleveurs français contre le diktat "libéral" de la "grande distribution".

    Il y adonc de moins en moins de paysans éleveurs laitiers ou autres.Le sujet semble en effet moins brillant et moins consensuel pour bon nombre de nos concitoyens .Ils ignorent ou veulent ignorer, à quel point cette jeunesse et (moins jeune) au travail dans les champs est à la foi courageuse, travailleuse, persévérante, et comme je l’ai dit précédemment, parfois désespérée dans le contexte actuel.

    De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’une bataille de titans entre un monde encore directement responsable économiquement de sa profession, capable de se dépasser dans sa « Coopération avec la Création. » et une espèce de prédateurs économiques, que je qualifierais d’irresponsables dont les vues courtermistes ne peut semer que le désert de l’emploi là ou elle exerce.

    L’opposition frontale actuelle entre la production française et celle conduite par l’Allemagne avec d’ancienne structures d’Allemagne de l’est, est un jeu bien connu depuis plus de 50 ans de ce qu’on appelle la politique agricole commune européenne.

    En fait cette politique n’a rien de commun ; Elle le champ libre, plus que jamais encore aujourd’hui à l’individualisme et à la "démerde" de machines financières qui n’ont guère le souci des grands équilibres et de la pérennité la plus basale de la vie en commun.

    Faire se battre sur le marché ( et non pas pour servir) des corporations entières les unes contre les autres par une concurrence libre et faussée est la base de ces hydres financières.

    La productivité, c’est-à-dire le souci de l’économie de moyens et celle de la qualité du produit n’ont rien à y gagner ; mais le bas de laine des actionnaires de l’hydre oui… !

    Autrefois, c’étaient les montants compensatoires monétaires, et les importations sans restitutions de matières premières agricoles qui lançaient les différences,, aujourd’hui ce sont les travailleurs entre eux , dans la même zone euro payés à deux ou trois euros de l’heure, polonais ou tchèques , ou autres , bien contents de trouver un peu de travail, dans ces pays en construction de cinquante ans de retard.

    C’est encore un moyen pour l’hydre de faire enfler le bas de laine.

    Allons nous supporter encore longtemps que ces monstres-hydres sans contrôles fassent disparaitre la liberté, le gout de vivre et celui de se dépasser dans nos pays ?

    Pour ma part j’ai choisi, et c’est les raisons pour lesquelles la « Vieille garde » appuiera ces manifestations en ces jours.

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