Ce futur de l’Europe est décrit dans le livre blanc pour l’avenir de l’Europe , qui est un dossier de prospective permettant d’éclairer les choix de décideurs. Le simple fait que la Commission s’adresse en premier lieu aux Etats membres démontre que les institutions européennes ont failli à l’heure où les peuples européens se détournent lentement mais inexorablement du projet européen. La Commission fait le choix des Etats en ce temps de crise, devant le Parlement européen, les parlements nationaux et enfin la société civile.
Pourquoi l’autorité supranationale se tourne en premier lieu vers ses États alors qu’ils sont largement responsables de ses dysfonctionnements internes ? Pourquoi la Comission ne se tourne pas vers ses citoyens ? Il est regrettable qu’à aucun moment la citoyenneté européenne ne soit mentionnée, alors que c’est le ciment des relations entre européens depuis la signature du Traité de Maastricht. Lequel fête avec entrain ses 25 ans, malgré la polycrise.
Comme l’ont déjà souligné les Jeunes européens fédéralistes dans un communiqué de presse, la jeunesse est également oubliée par le rapport. Le livre blanc mentionne seulement à 3 occasions une génération Erasmus, qui même quand elle n’a pas eu l’occasion de voyager, reste plus souvent optimiste de l’objet européen que ses aînés.
Il semble aujourd’hui inconcevable de réconcilier les citoyens européens avec seulement des projets de défense, d’investissements ou de gestion migratoire. Cela ne suffit plus pour des citoyens européens qui ont un sentiment de déclassement depuis la crise financière de 2008. Il faut agir plus à minima sur la question de la fiscalité européenne. Les citoyens ne tolèreront plus une énième affaire de « leaks » concernant un quelconque paradis fiscal. Il faut réconcilier le sentiment de justice à l’échelle européenne.
Des scénarii peu encourageants
Sur les 5 scénarii proposés, 3 sont profondément pessimistes. Le premier dessine un « on continue »(Keep going and carry on) que l’on sait voué à l’échec. On a bien vu que faire comme si de rien n’était a conduit au crash du Brexit en Grande-Bretagne. Le second scénario « business as usual » marque le pas sur l’échec de toutes les intégrations politiques. On s’arrête au marché unique qui marche et on arrête le reste, qui pourtant et ce qui marche le mieux pour les citoyens, tel que le programme Erasmus+ et tout ce qui fait le sens de la citoyenneté européenne. Le troisième scénario tend à vouloir moins faire. Pour faire mieux ? Rien ne le préfigure, aucune compétence européenne n’est définie, laissant la prérogative aux Etats de choisir une Europe du minimum. Pourtant, c’est à l’échelle continentale que l’Europe agit parfois pour le mieux de ses concitoyens comme sur les questions de protection de l’’environnement.
Restent alors les deux scénarii que l’on peut envisager comme plus optimistes dès lors qu’on défend un idéal européen. Le scénario « Ceux qui veulent plus font plus » envisage des coopérations renforcées, actant une Europe différenciée et à plusieurs vitesses. C’est un scénario plus constructif, actant des différences de points de vue entre Etats du Nord et du Sud, de l’Ouest et de l’Est, qui entache une construction d’ensemble. C’est cependant acter la mort de l’idéal du travail commun en bonne harmonie. Si ce scénario peut permettre de donner une nouvelle configuration européenne. Il n’a aucune marge d’erreur. Si un noyau plus intégré émerge comme le laisse présager le mini-sommet européen de Versailles du 6 mars dernier, il devra donner des gages pour faire du projet européen un projet qui reste attractif. En cas d’échec cela sera la fin de tout projet d’intégration sur le continent pour des décennies, avec le risque de revoir surgir les nationalismes et pire, de leur donner raison. On lit en ligne de fond que c’est le scénario que Jean-Claude Juncker propose aux européens. Il n’est pas sans risque, et en premier lieu d’une critique virulente de l’Europe de l’Est qui se sentirait lésée d’être laissée de côté.
Le dernier scénario « faire beaucoup plus ensemble » est bien plus euro-optimiste. Il rappelle l’idéal fédéraliste, rappelant la méthode proposée par Altiero Spinelli dans le manifeste de Ventotene. Pourtant la Commission sent que cet idéal restera inachevé. Si le scénario est naturellement proposé par l’autorité supranationale pour lequel il est nécessaire de rappeler cet objectif, J-C Juncker sait pourtant que l’Europe ne fera plus par ces petits pas conjoints, actant la fin d’un idéal… au moins pour le moment ?
Ces 5 scénarii, à défaut de dessiner une voie claire pour l’Europe de demain, actent malheureusement le pessimisme des acteurs européens. Il est dommage que la Commission n’ait pas associé en amont le Parlement européen, la voix des citoyens, qui lui a envisagé à travers trois résolutions, des méthodes d’intégration plus détaillées, et plus réalistes.
Une présentation commune d’une vision future aurait eu au moins l’effet de mettre les Etats devant le fait accompli. On risque de ressortir du 25 mars prochain avec un sentiment d’amertume, des Etats qui refusent de trancher pour certains ou qui s’engageront mollement vers une intégration dont les contours mettront encore des mois à se définir, surtout aux regards des élections françaises et allemandes à venir. Les citoyens européens veulent une meilleure Europe et vite, autrement le désamour risque de grandir.
1. Le 24 mars 2017 à 11:10, par Bernard Giroud En réponse à : La Commission dessine un futur tragique pour l’UE
Nous, Français, avons acté de façon caractéristique, le refus de la solidarité par trois fois au cours des 60 dernières années avec L’Allemagne : La CED à la fin de la dernière guerre , le numérique (Philips, Schneider, Siemens) avec Giscard, Et la troisième : l’énergie , encore une fois avec l’éjection de Siemens (35% du capital d’Areva) par ces marionnettes, Chirac et Sarko.
Vivre ensemble apporte des avantages ; Parmi eux, la sécurité de la force du nombre ; Mais cela suppose que les protagonistes soient solidaires dans la vie de tous les jours, notamment sur le plan économique ; Le plus fort, ou le plus doué du moment acceptant les variables et les évolutions de son ou ses partenaires. C’est un exercice d’intervention, de respect, de stimulation, parfois de patience et de compréhension, que nos pays ont rarement pratiqué, Sauf peut-être au moment de la CECA.
Il faut donc revoir la copie ; Il n’y a pas de remède miracle. Sauf savoir que donner à fond ce que l’on est, de façon la plus éclairée ou intelligente possible au sein du groupe, nécessite aussi des compromis, parfois pénibles (rages et colères) pour le ou les plus rapides ; Cela apporte à la fin de la distance, une durabilité que le temps à la longue, récompense. C’est mieux que la guerre, l’incohérence de la chasse ou de la compétitivité, la concurrence destructrice des tissus industriels régionaux que les plus « futés » des courtes distances, veulent bien nous vanter. Il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant de tout casser. (La "destruction créatrice") On n’aperçois, à la fin, que l’avance patiente, stable, devient solidité ; Elle devient capable de durer, ; C’est le temps de projets nouveaux, biens fondés.
Le pays de Monsieur Junker n’en est pas un ; A peine une agglomération, qui au fil du temps s’’est attribuée tellement d’avantages, et de mauvaises pratiques (financières), qu’à la fin, en effet, il nous faut envisager une refonte complète de notre mode d’organisation ; Il faut plus de respect des majorités, du nombre, et des talents.
Quant aux peuples de l’Europe de l’est, comme vous le dites, ils doivent comprendre, et comprendront que l’avantage principal que leur apportent leurs partenaires de l’ouest est toute cette connaissance nouvelle des procédés et développements technologiques acquis en cinquante ans de pais, qu’ils peuvent utiliser immédiatement pour leurs régions, sans la perte de temps considérable des hésitations de l’amélioration sur à nouveau cinquante ans.
Ensuite, en arrivant, chacun, à peu près, au même niveau, c’est là que peut intervenir la notion de fédéralisme, il devient plus facile de mettre en commun nos cerveaux, les meilleurs des cerveaux de nos pays, pour continuer nos progrès ; D’autres talents d’un côté ou de l’autre surgiront qui continuent l’aventure. Une autre voie à suivre ?
2. Le 25 mars 2017 à 20:17, par guitteaud paul En réponse à : La Commission dessine un futur tragique pour l’UE
C’est vous qui avait une interprétation pessimiste de ses scenarii. On peut concevoir ces scenarii autrement. Un scénario est inenvisageable c’est celui du statut quo . Par contre les 4 autres sont réalistes
Tout d’abord le 2ème scénario une Europe recentrée sur le marché. Ce retour vers le marché unique peut se faire dans le cadre d’un Espace Economique Européen comprenant ceux qui souhaitent rentrer dans l’union et ceux qui participent à certaines politiques. Toutefois ces Etats doivent reconnaître la juridiction de la CJUE en cas de litige.
Le 3ème scénario c’est une Europe recentrée sur quelques politiques communes. Il est surprenant que des fédéralistes comme vous ne voit l intérêt de cette démarche . L’Europe doit se recentrer sur 5 politiques communes majeures. 1) une politique judiciaire et sécuritaire 2) une politique économique et sociale 3) une politique de la recherche et de l’environnement . Pour l’instant il n’en existe qu’une visible la politique spatiale 4) une politique éducative et et culturelle . A quand des Havard, des Princeton, des Oxford européens 5) une politique diplomatique et de défense. Où est l’Europe dans le conflit ukrainien dans le conflit syrien. L’Allemagne et la France ne sont pas l’Europe.
4ème scénario une Europe à plusieurs vitesses . La caractéristique de cette étape c’est l’abandon de la souveraineté nationale au profit d’une souveraineté européenne. Exemple dans le domaine judiciaire Eurojust relève des politiques communes de l’union. Par contre il n’y a que 17 pays qui ont admis le parquet européen.Dans le domaine économiques nous avons vu les politique structurelles mais seuls 19 pays ont accepté de céder leur souveraineté à la BCE et je l’espère un jour un Trésor Public Européen
Enfin 5ème scénario l’Europe fédérale certains citoyens se rendront compte qu’il est inadmissible de laisser ces politiques à des institutions technocratiques quelque soit la qualité de leurs dirigeants On peut donc faire l’hypothèse qu’ils désireront que ces institutions deviennent responsables devant un parlement qui désignera un gouvernement chargé de mettre en oeuvre les politiques votées par les citoyens et que ces institutions comme dans tout Etat soient au service de ce gouvernement
Voilà une vision plus optimiste
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