La crise sanitaire mondiale menace aussi la culture

, par Volkan Ozkanal

La crise sanitaire mondiale menace aussi la culture
La Tour Eiffel, un des monuments les plus visités au monde, est restée porte close avec la crise sanitaire mondiale. Un manque à gagner pour le monument et également pour la ville de Paris. Image : Pixabay

Depuis bientôt trois mois, la France et plus globalement l’Europe sont à l’arrêt en termes d’activités économiques, sociales mais aussi culturelles. Avec la crise liée à la "Covid-19", difficile pour les pays de voir l’avenir avec une vision claire et des programmes établis à l’avance. Plus encore pour tout ce qui concerne le champ culturel qui, entre confinement et retour progressif à la « vie d’avant », s’inquiète de plus en plus pour son avenir.

Les chiffres ne mentent pas et font même peur tant l’ampleur de la vague est énorme. Selon l’Unesco, 89% des pays dans le monde ont fermé leurs sites culturels ces trois derniers mois. Ce qui concerne, rien de moins, que 170 pays. Des chiffres à mettre en relation avec une situation mondiale incandescente et suscitant de nombreuses craintes. De ce point de vue, la crise sanitaire de la « Covid-19 » a effectivement mis à bas de nombreuses certitudes partagées au niveau mondial. Entre le nombre de victimes croissant chaque jour au plus haut de la crise et les cas de contamination déclarés, engendrant colère et peur au sein des pays, des changements dans la façon de travailler comme avec le télétravail ainsi que les moyens sans précédent mis en place par les différents gouvernements et l’apparition des gestes barrières, beaucoup de bouleversements ont eu lieu ces derniers mois pour les citoyens européens.

Dès lors, même si la vie retrouve peu à peu son cours différemment mais progressivement dans plusieurs domaines, il est un secteur d’activité pour lequel les difficultés risquent de perdurer. En effet, le monde de la culture semble être l’un des plus impactés par l’arrêt des activités. Dans un secteur dépendant largement du public et donc de son accueil physique, difficile de se projeter à court et moyen terme.

Avec la fermeture des musées, des cinémas ou les annulations de spectacles, c’est tout un pan de l’économie culturelle qui est à l’arrêt depuis de nombreuses semaines. Dans ces conditions, le manque à gagner demeure énorme et risque d’entraîner un bouleversement sans précédent au niveau économique et social. Les risques sont grands pour des emplois précaires.

La culture, un secteur nécessaire mais en souffrance

Le cortège d’annulations de festivals ou de reports à des jours plus cléments ont été nombreux et décidés dans un contexte anxiogène poussé à son paroxysme par le confinement. Un niveau suffisamment grave qui a poussé, en mai dernier, le Président français Emmanuel Macron à déclarer qu’en « ce qui concerne la saison prochaine, la question se pose, je ne sais pas où on en sera de cette épidémie, je ne sais pas si on pourra refaire les festivals par exemple, comme on a pu le faire jusqu’à présent ». Ce qui en dit long sur les possibilités limitées de reprise culturelle dans un futur proche.

Devant l’impossibilité de prédire l’évolution du virus, les dirigeants tentent tant bien que mal de trouver des solutions en ouvrant le robinet monétaire et en essayant de juguler au mieux les pertes sèches annoncées. De plus, cette problématique sanitaire est venue s’ajouter à un secteur qui est souvent mis à mal et qui lutte pour obtenir ses subsides. Ainsi donc pour éviter que tout un pan de l’activité ne s’écroule, des aides d’État viennent pallier le manque à gagner et appuyer autant que faire se peut les différents intervenants du secteur. Une nécessité culturelle qui fait vivre un large éventail de personnes qui se retrouvent à leur corps défendant à l’arrêt forcé et au chômage technique.

Conjuguée à une précarité accrue des acteurs culturels pour qui la période estivale était attendue avec impatience entre les nombreux concerts et autres festivals ou théâtres, la souffrance économique et sociale, dont on a encore bien du mal à définir les contours à l’heure actuelle, risque de perdurer au-delà de l’été.

Une réactivité européenne bienvenue

Heureusement, au milieu de toutes ces données qui plombent le moral, au niveau européen, chaque pays a donc d’ores et déjà pris des mesures d’aides aux secteurs concernés. La Commission européenne ayant également mis en place un programme dénommé « SURE » (Support to mitigate Unemployment Risks in an Emergency). Celui-ci permet de soutenir, à travers des prêts, les États membres pour toutes les problématiques budgétaires liées à la crise. Notamment avec le chômage partiel de plus en plus utilisé pour atténuer les risques et dont le coût est pris en charge par ce programme.

Une nécessité assumée et une envie de tourner rapidement la page pour en écrire une nouvelle permettant au secteur culturel de voir l’avenir avec un peu plus d’optimisme malgré tout. De ce fait, le mois dernier, sous l’égide de la commissaire européenne à la culture, la Bulgare Mariya Gabriel, les différents Ministres concernés se sont réunis pour discuter des solutions à mettre en place en soutien au domaine culturel.

Une belle mise en valeur de l’unité si souvent décriée de l’Union européenne qui a pris la mesure rapidement du danger que représentait cette crise sanitaire pour un secteur en souffrance du fait des coupes budgétaires ou des réductions annoncées. En ce sens, Mariya Gabriel a également insisté sur le fait que « maintenant que les restrictions commencent à être levées à travers l’UE, nous devons aller au-delà des mesures d’urgence, tirer des enseignements de la crise et construire de futurs instruments plus flexibles, résilients et mieux financés ». Il faudra évidemment beaucoup de temps pour tout remettre à flot mais il est à noter que la volonté politique vient en soutien de la volonté économique.

Crise sanitaire mais dynamisme culturel envers et contre tout

Toutefois, il existe malgré tout des raisons d’être optimistes. La formidable capacité novatrice des pays ainsi que la volonté farouche des différents acteurs du secteur peuvent permettre un renouvellement du genre. Lorsqu’une crise touche au plus profond tous les pays, le fait de pouvoir se tourner vers la culture est une bouée de sauvetage pour de nombreuses personnes.

Quand il est difficile voire impossible de se déplacer, quoi de mieux que les outils numériques pour amener la culture vers les gens. Des initiatives de ce genre se sont multipliés dès lors et des propositions alternatives ont émergé. Quoiqu’il en soit, le monde culturel a réussi à trouver des moyens de se réinventer en trouvant d’autres façons de se régénérer pour continuer à produire, créer et se développer. La crise sanitaire a balayé beaucoup de certitudes et une nouvelle organisation se mettra en route. Mais la culture continuera à être un pilier et un soutien pour beaucoup.

Le monde a vécu une crise internationale sans précédent depuis la Deuxième guerre mondiale. Une crise qui n’a pas encore livré tous ses conséquences et qui a au moins pu faire sortir au grand jour les nombreuses problématiques à venir. Devant l’étendue des difficultés, le secteur culturel a finalement réussi à faire bloc et mis en route des mécanismes de soutien. Toutefois, si une leçon peut être tirée, c’est que la culture est au moins sinon aussi importante que l’économie. Car elle permet de donner de l’espoir et, finalement mettre de la vie dans le cœur des gens.

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