Présidentielles : on prend les mêmes mais on change
Après un premier particulièrement suivi (près d’un électeur sur deux s’était déplacé, un record depuis 2014) qui avait placé la candidate conservatrice Gordana Siljanovska-Davkova en ballottage très favorable, le second tour confirme la tendance puisqu’elle obtient près des deux tiers des suffrages. Le Président sortant Stevo Pendarosvki n’a donc pas bénéficié d’un report des voix de la minorité albanaise. Les deux candidats s’étaient déjà affrontés en 2019, et 4000 voix seulement les séparaient alors au premier tour.
Cette fois-ci, le parti au très long sigle,le VMRO-DPMNE (l’Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure-Parti pour l’unité démocratique macédonienne) remporte la course. Depuis quelques années, le parti a adopté une ligne dure vis-à-vis de ses voisins grec et bulgare et donc de l’Union européenne. S’ils ne sont pas officiellement hostiles à l’adhésion, ses dirigeants continuent de rejeter les concessions constitutionnelles obtenues par le parti au pouvoir, les socio-démocrates du SDSM, comme le changement de nom du pays, ou encore l’adoption de l’albanais comme seconde langue officielle.
Les négociations d’adhésion sont aujourd’hui toujours en cours, l’Union encourageant la prise de mesures par Skopje dans de nombreux domaines comme l’indépendance de la justice ou la protection des minorités.
Un Parlement radicalement modifié
Les élections législatives avaient lieu en même temps que le second tour de l’élection présidentielle. Et les résultats sont similaires. Le VMRO-DPMNE recueille près de 44% des voix et obtient 58 sièges, frôlant la moitié des 120 sièges du Parlement. C’est 14 de plus qu’en 2019. La coalition socialiste sortante est balayée : son score est presque divisé par 3, avec 15% des voix et 18 sièges restants sur les 42 qu’elle détenait. Une coalition albanophone de centre-gauche obtient, elle, 19 sièges, une formation conservatrice (sur laquelle pourrait s’appuyer le parti vainqueur pour compléter sa majorité) totalise 13 sièges quand l’extrême gauche triple son score et s’assure 6 députés.
Résultat d’une lassitude citoyenne d’une coalition au pouvoir depuis 8 ans ? Ou volonté de réorienter la politique du pays notamment en matière européenne ? Les électeurs, frappés par une inflation galopante et un chômage endémique, ont vraisemblablement été sensibles aux arguments économiques d’une opposition qui rongeait son frein. Avec une participation autour des 55%, il est toujours compliqué de tirer des conclusions exhaustives, néanmoins une volonté de rupture se dégage de ce double scrutin dans ce petit pays des Balkans qui continue de faire parler de lui chez ses voisins.
Cet article est écrit dans le cadre du projet Erasmus+ « Check’Europe ». Il est financé par l’Union européenne. Les points de vue et avis exprimés n’engagent toutefois que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Union européenne ou de l’Agence exécutive européenne pour l’éducation et la culture (EACEA). Ni l’Union européenne ni l’EACEA ne sauraient en être tenues pour responsables.
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