La Fondation Robert Schuman publie son rapport annuel sur l’Etat de l’Union en 2018

, par Thomas Arnaldi

La Fondation Robert Schuman publie son rapport annuel sur l'Etat de l'Union en 2018
Le Rapport Schuman sur l’Etat de l’Union 2018 est publié par la Fondation Robert Schuman © Le Taurillon, tous droits réservés

On connait le discours sur l’Etat de l’Union du Président de la Commission européenne en septembre, on connait moins le rapport sur l’Etat de l’Union de la Fondation Robert Schuman publié au printemps de chaque année. Plus ancien même que les discours du Président de la Commission initiés avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne en 2009, le Rapport Schuman est né en 2007 et présente cette année sa 12ème édition.

Une Europe aux multiples enjeux

Enjeux politiques, enjeux économiques, enjeux diplomatiques, enjeux sociétaux, le Rapport Schuman 2018 dresse un bilan complet de l’Etat de l’Union à la fin de l’année 2017. Si Jean-Dominique Giuliani, le Président de la Fondation évoque le « retour de l’Europe sur la scène internationale » avec un véritable « moment européen », le constat est plus policé. Certes le retour de la croissance économique est prometteur pour 2018, les frayeurs électorales et les victoires des partis d’extrême-droite en 2017 ont été contenues, l’envie d’Europe est plus importante avec l’effet du Brexit. Cependant, les défis européens face à la crise de l’Europe politique et aux déséquilibres mondiaux sont nombreux, tant sur le plan international qu’interne.

Gérard Larcher dresse ainsi un bilan de la subsidiarité. Avec la mise en place du traité de Lisbonne, le rôle des parlements nationaux s’est accru pour vérifier la mise en œuvre des politiques de l’Union conformément à ce principe qui garantit aux plus petits échelons de conserver leurs prérogatives. S’il salue le mécanisme d’alerte précoce permettant aux parlements nationaux de veiller au respect de ce principe et d’adopter des « cartons jaunes » ou « orange » pour que la Commission européenne réévalue ses propositions de textes législatifs, il propose de développer plus loin encore le développement de la coopération interparlementaire et de faire émerger un droit d’initiative des Parlements nationaux. Nul doute que le rapport en préparation de Sabine Thillaye, Présidente de la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale française, sur le rôle des Parlements nationaux dans l’Union européenne, éclairera davantage cette proposition.

La gestion des flux migratoires, la notion des frontières en Europe, les négociations sur le Brexit menées par Michel Barnier, la contagion populiste dans l’ensemble des pays de l’UE sont autant d’analyses que l’on retrouve documentées par les spécialistes des politiques européennes. Emmanuel Macron livre par ailleurs sa vision de l’« Europe de la souveraineté » qu’il appelle de ses vœux. L’Europe est « le niveau d’action pertinent dans la mondialisation », ce même niveau d’action qui permet d’avoir une « Europe qui protège », tant en termes de défense, sécurité, politiques migratoires, lutte contre le terrorisme, réciprocité commerciale. Son rêve européen est ainsi de pouvoir se dire en 2050 pour le centenaire de la Déclaration Schuman, « nous avons fait l’Europe, et nous n’avons pas eu la guerre ».

Redonner envie d’Europe

Si le Président de la République souhaite faire de la construction européenne un enjeu fort de souveraineté économique et géopolitique, l’objectif est avant tout de redonner envie d’Europe. Pour cela, la reprise du contrôle dans la mondialisation peut en être un instrument majeur. Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne, insiste sur la maitrise de l’intégration économique qui doit à la fois assurer la stabilité financière et promouvoir une intégration équitable, sans oublier la légitimité démocratique des actions conduites. Avec l’Union bancaire, le contrôle des marchés financiers, la lutte contre la fraude fiscale ou la mise en place d’un protectionnisme européen dans certaines matières commerciales, les pistes de réflexions ne manquent pas.

L’Europe sociale et l’Europe de la Défense peuvent également être des vecteurs de ce renouveau d’Europe. Le Sommet de Göteborg en novembre 2017 proclame ainsi un socle européen de droits sociaux qu’il incombe désormais de mettre en œuvre. Le volontarisme des Etats-membres de l’Union européenne en matière de Défense a conduit à de nouvelles avancées en 2017 : Fonds européen de Défense, coopération structurée permanente (CSP) sur plusieurs projets de défense, hausse du budget pour la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) prévue pour le prochain plan financier pluriannuel 2020-2027, etc. Les projets et pistes novateurs en matière de politiques européennes sont nombreux. Avec de la volonté et une réelle motivation des bases politiques, de vraies avancées sont possibles.

Sortir des crises

Pour parachever cette construction européenne en perpétuelle construction, le Rapport Schuman construit un bilan avec des pistes de réflexion. Sur le déclin de la politique commerciale, et notamment l’isolationnisme remarqué de la part du nouveau Président des Etats-Unis, Donald Trump, Charles de Marcilly propose de rassurer les opinions publiques et d’améliorer les défis de transparence démocratique. Concernant la menace russe et sa potentielle intrusion géopolitique dans les affaires nationales, on y perçoit surtout une grande résilience de la relation diplomatique avec un maintien constant des discussions entre les Européens et les Russes, qui ne laissent pour le moment pas entrevoir d’escalade.

En matière de politique européenne interne, le bilan des élections nationales de 2017 laisse voir un profond renouveau des personnels politiques en Europe. Certes, la droitisation des partis politiques continue et le déclin de la social-démocratie persiste, laissant émerger de nouveaux clivages qui se confirment avec les conséquences de la mondialisation et des crises économiques. Toutefois, la part des femmes dans les parlements et gouvernements en Europe s’améliore, les dirigeants européens ont profondément été rajeunis, à l’instar du « club des quarantenaires » autour de Leo Varadkar (Irlande), Joseph Muscat (Malte), Emmanuel Macron (France), Xavier Bettel (Luxembourg), Jüri Ratas (Estonie), Sebastian Kurz (Autriche).

L’ensemble du Rapport Schuman se complète également par des cartes et statistiques précises sur nombres d’états des lieux et perspectives : démographie, poids économique et financier, action extérieure, échanges internationaux. Les politiques monétaires, économiques, sociales à la fois au niveau communautaire et dans les Etats-membres sont passées en revue afin de mieux comprendre le monde dans lequel s’engagent l’Union européenne et ses Etats-membres en 2018.

Lisez le Rapport Schuman.

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